Semenya de retour devant la Cour européenne des droits de l'homme

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Semenya de retour devant la Cour européenne des droits de l'homme

Semenya en février à Johannesburg.
Semenya en février à Johannesburg.PHILL MAGAKOE/AFP
Le marathon judiciaire de Caster Semenya se poursuit : le cas de l'athlète sud-africaine, privée de compétition parce qu'elle refuse de faire baisser son taux de testostérone, sera de nouveau examiné par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) ce mercredi.

La double championne olympique du 800 mètres (2012, 2016) avait obtenu gain de cause contre la Suisse en première instance devant l'instance paneuropéenne. Mais c'est cette fois la Grande chambre de la CEDH, sorte d'instance d'appel dont les décisions sont définitives, qui va se pencher sur ce dossier complexe. Sa décision n'est pas attendue avant plusieurs mois.

La spécialiste du demi-fond de 33 ans, qui sera elle-même à Strasbourg pour défendre sa cause, présente un excès naturel d'hormones sexuelles mâles, mais a toujours été légalement identifiée comme une femme.

Cible dès ses premières apparitions de débats sur son apparence physique, interdite une première fois de compétition pendant 11 mois et contrainte de subir des "tests de féminité" restés secrets, la Sud-Africaine se bat depuis des années pour concourir sans traitement.

Elle se plaint d'un règlement de la Fédération internationale d'athlétisme, qui l'oblige depuis 2018 à réduire son taux naturel de testostérone pour pouvoir participer aux compétitions internationales dans la catégorie féminine.

Discrimination

Ce règlement avait été validé par le Tribunal arbitral du sport en 2019, puis confirmé par le Tribunal fédéral de Lausanne, qui avait mis en avant en août 2020 "l'équité des compétitions" comme "principe cardinal du sport", au motif qu'un taux de testostérone comparable à celui des hommes confère aux athlètes féminines "un avantage insurmontable".

Les recours de l'athlète contre ces deux institutions avaient été rejetés, mais elle a obtenu gain de cause devant la CEDH le 11 juillet dernier. La cour, basée à Strasbourg, a estimé que la décision de la justice helvète constituait une discrimination et une violation de sa vie privée.

"Mon espoir est que World Athletics, et au-delà toutes les organisations sportives, prendront en compte la décision de la CEDH et veilleront à respecter la dignité et les droits humains des sportifs", avait souligné Semenya au lendemain de la décision.

Cette victoire devant la CEDH avait été considérée par certains experts comme une décision capitale : cet arrêt "restera dans l'histoire, parce qu'il touche à l'autonomie des organisations sportives pour réglementer l'accès à leurs compétitions, qu'il faudra confronter au respect des droits humains", avait ainsi souligné Antoine Duval, spécialiste en droit du sport à l'institut Asser de la Haye.

Cependant, l'arrêt de première instance de la CEDH n'avait été rendu qu'à une courte majorité de quatre juges contre trois, ce qui a poussé les autorités helvètes, appuyées par World Athletics, à saisir la Grande chambre, l'instance la plus solennelle de la Cour européenne. Ce sont cette fois 17 juges qui vont examiner ce dossier lors d'une audience qui doit débuter ce mercredi à 09H15 (07H15 GMT).

Coût financier énorme

L'arrêt rendu en juillet dernier par la CEDH n'invalidait toutefois pas le règlement de World Athletics et n'ouvrait pas directement la voie à une participation de Semenya sur 800 m sans traitement.

World Athletics avait même durci en mars 2023 son règlement concernant les athlètes hyperandrogènes, comme Semenya, qui doivent désormais maintenir leur taux de testostérone sous le seuil de 2,5 nanomoles par litre pendant 24 mois (au lieu de 5 nanomoles pendant six mois) pour concourir dans la catégorie féminine, peu importe la distance.

Cet interminable parcours judiciaire a en tout cas un coût financier énorme pour Caster Semenya, qui n'a plus couru depuis mars 2023 et a lancé en février un appel aux dons. "Nous manquons de fonds. Nous avons beaucoup d'experts qui viennent et que nous devons payer", avait-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Johannesburg.

Ses conseils sud-africains, qui travaillent bénévolement, avaient estimé que les coûts d'audience pourraient s'élever à quelque 170 000 euros. "C'est absolument dingue, ridicule. C'est pour cela que nous nous tournons vers le public", avait expliqué son avocat Gregory Nott. En première instance, la CEDH avait octroyé à l'athlète sud-africaine "60 000 euros pour frais et dépens".

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