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2015, un chemin de croix de Saint-André pour le XV de France

François Miguel Boudet
2015, un chemin de croix de Saint-André pour le XV de France
2015, un chemin de croix de Saint-André pour le XV de FranceProfimedia
C'était il y a 8 ans et, après la victoire en ouverture du Mondial contre les All Blacks, il faut se pincer très fort pour se souvenir qu'il n'y a pas si longtemps, le XV de France était au fond du gouffre, rossé par les hommes en noir en 1/4 de finale un soir d'octobre 2015.

"Pourquoi est-ce qu'on va gagner ? Parce qu'on est Français !". Avant de défier les All Blacks en quart de finale de la Coupe du monde de rugby 2015, Serge Blanco avance l'argument ultime, le plus indicible, celui qui a permis de renverse la montagne en 1999 et en 2007. Pour le recordman d'essai avec le Coq et désormais vice-président de la Fédération, cela peut prendre du sens mais personne n'est dupe : les Bleus ont plongé et ont enfilé des tenues de scaphandrier. Quatre ans après la finale perdue d'un point à Auckland, les choses ont beaucoup évolué dans le mauvais sens. L'épopée de 2011 était improbable quand on se remémore la défaite contre les Tonga en phase de poules. L'édition de 2015 sera un chemin de croix. 

Tréflés par l'Irlande, blackboulés par la Nouvelle-Zélande

Philippe Saint-André et ses hommes le savent : le dernier match du groupe D fera office de finale contre l'Irlande. Sinon, ce sont les All Blacks dès les 1/4 de finale. L'Italie, la Roumanie et le Canada sont franchis sans peine de part et d'autre. La France n'a plus battu le Trèfle depuis 2011 et, après deux matches nuls en 2012 et 2013, elle vient de subir une défaite au Stade de France (22-20) suivie d'une deuxième à Dublin (18-11). Contre le double tenant du Tournoi des 6 Nations, les Bleus ne franchiront pas la ligne d'en-but adverse. 9 points au pied, dont seulement 3 en deuxième période et c'est à peu près tout.

L'Irlande, rapidement privée de Johnny Sexton, a croqué un essai tout fait en première période et est restée à portée de tir à 10 minutes de la fin, ce qui relève du miracle (14-9). Un mirage. Après un mouvement à 12 phases de jeu, Conor Murray plante le deuxième essai de la rencontre sous les perches et valide la première place irlandaise. Quatre après la victoire contre les Néo-Zélandais, le Millenium de Cardiff n'a pas réussi au XV de France (24-9). 

Ça c'était l'acte I en terres galloises. L'antre du XV du Poireau accueille aussi le 1/4 de finale. Pour la 3e édition consécutive, les deux équipes se retrouvent. Mais cette fois-ci, point de suspense. Les Bleus tiennent le score pendant les dix premières minutes, Scott Spedding (9e) répondant à une pénalité de Dan Carter (7e). Et puis, c'est le trou noir, au propre comme au figuré. 29-13 à la pause, 62-13 au coup de sifflet final, 9 essais à 1. La déroute est totale, l'humiliation absolue. 

Le Goret s'est gouré

Le mandat de Philippe Saint-André s'achève ainsi. Le passage de Marc Lièvremont avait été sauvé par la victoire contre lez All Blacks en 2011 mais n'avait guère été reluisant. Celui du "Goret" fut pire. Trois fois 4e du Tournoi et même 6e en 2013, les Bleus achèvent un cycle de 45 matches avec 20 victoires, 2 nuls et 23 défaites. Aucun sélectionneur n'a fait pire depuis un quart de siècle.

Lui le leader sur le terrain s'est embourbé à ce poste, proposant des équipes faibles, des changements de charnière constants et, finalement, une image terne, au point d'être surnommé "Ouin-Ouin". "Le score est très lourd car on a pris tous les risques, constatait-il après la peignée. On s’est fait punir sur chaque turn-over et ils ont gagné 80 % des duels. Ce sont les Brésiliens du rugby, ils ont une vitesse d’exécution et une telle technicité". Avant de faire ce constat amer : "j'ai été le capitaine de l’équipe de France qui aura gagné trois fois de suite contre les All Blacks (entre 1994 et 1995, ndlr). Je suis l’entraîneur qui aura perdu contre eux cinq fois d’affilée".

Le fonctionnement du rugby français n'a pas non plus aidé "PSA" et il ne s'était pas privé de le rappeler : "j’avais demandé de les avoir 4 à 6 semaines par an et j’ai bouffé énormément d’énergie dessus les deux premières années. On a travaillé comme des fous. Je ne pense pas qu’on aurait pu bosser plus que ça. Mais bosser une fois tous les quatre ans, est-ce que c’est suffisant ?". 

S'il était convaincu à l'époque d'avoir "fabriqué une nouvelle génération de joueurs avec l’expérience de la Coupe du monde et qui sera des victoires prochaines du XV de France", seulement 3 seront titulaires pour le match d'ouverture 4 ans plus tard contre l'Argentine au Japon (23-21 : Guilhem Guirado, Rabah Slimani et Gaël Fickou. Sur le banc, Bernard Le Roux et Louis Picamoles seront les seuls "survivants" de la déroute. Saint-André pourra toujours se dire qu'il a fait mieux que son successeur Guy Novès, écarté au bout de 2 ans et remplacé par Jacques Brunel

Après avoir fait pénitence de nombreuses années, les Bleus sont armés pour aller chercher la coupe Webb Ellis. Dire qu'ils reviennent de loin est un euphémisme. 

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