6 Nations - Irlande-France : Jonathan Sexton, toujours bon pied, bon oeil
"Je suis ravi de pouvoir enfin le dire. J'ai tourné autour du pot pendant 6 mois, toujours réticent à parler du Mondial quand on n'est pas sûr d'y être", avait confié Jonathan Sexton à l'annonce de sa décision, il y a presque un an.
S'il aura 38 ans dans 5 mois et, sauf blessure, il ne fait aujourd'hui aucun doute qu'il disputera son 4e Mondial, en France, cet automne. Samedi dernier, l'ouvreur a encore inscrit 12 points dans la victoire inaugurale au Pays de Galles (34-10), avec un jeu au pied remarquable (5/5), dans une équipe qui a fait forte impression. "Je ne crois pas avoir jamais été aussi nerveux qu'avant ce match", a-t-il pourtant admis après.
Victime début novembre d'une béquille contre l'Afrique du Sud, Sexton n'avait depuis joué que 63 minutes lors d'un match entre sa province, le Leinster, et le Connacht, avant de sortir blessé à la pommette, ce qui lui a valu une opération.
Record de points dans le Tournoi en vue
Contre les Gallois, il a encore dû être remplacé à la 68e, peu après avoir subi un plaquage haut. Il a expliqué avoir été victime d'une béquille sur l'action mais, compte tenu de son passé chargé en commotions, il a été examiné plusieurs fois par l'encadrement médical irlandais avant de pouvoir s'entraîner normalement mardi.
L'âge ne semble en tous cas pas avoir de prise sur lui et le sélectionneur Andy Farrell a encore assuré mardi n'avoir "aucun doute dans (sa) tête" sur le sujet. "Il n'a aucune excuse et doit être à son meilleur niveau pour jouer", a-t-il insisté.
"Les jeunes gars m'aident", avait affirmé, pour sa part, Sexton avant le Tournoi. "Si je ne m'amusais pas à leur côté et en étant dans leur équipe, je ne jouerais plus. Ils sont le plus grand facteur de ma longévité", avait-il ajouté à l'orée de son 14e Tournoi. Quatorze, comme le nombre de points qui le séparent du record absolu dans cette compétition, détenu par son rival en début de carrière, Ronan O'Gara (557 pts). Malgré déjà 110 sélections, il sait qu'il ne pourra pas atteindre l'Irlandais le plus capé, Brian O'Driscoll (133), même si le XV du Trèfle se hisse jusqu'en finale du Mondial.
"Jusqu'à la dernière goutte"
Mais il a déjà marqué l'histoire du rugby irlandais, son avènement comme demi d'ouverture indiscutable après la retraite de O'Gara, en 2013, correspondant à une période faste du rugby insulaire, vainqueur du Tournoi en 2014 et 2015 puis en 2018 avec le Grand Chelem à la clé cette année-là.
Il a, bien évidemment, quelques souvenirs homériques au Stade de France, comme ce drop victorieux (15-13) de plus de 40 mètres à la 3e minute du temps additionnel de la première journée du Tournoi qui a ouvert la voie au Grand Chelem de 2018, année où il a été désigné meilleur joueur du monde.
A sa vista, qui lui permet de ne presque jamais se tromper entre jeu à la main ou au pied dans la distribution, et à la fiabilité de sa botte, il a ajouté au fil des ans des qualités de meneur qui ont fait de lui un choix évident pour le capitanat depuis le Mondial 2019. Cette compétition reste une frustration majeure avec la correction contre la Nouvelle-Zélande en quart de finale (46-14), un cap que son équipe n'a jamais franchi. "On a démarré un voyage il y a 4 ans et il se terminera cette année pour ce groupe. L'an prochain, ce sera un nouveau groupe, un nouveau cycle", a-il confié récemment. "On veut tout donner jusqu'à la dernière goutte et n'avoir aucun regret. J'ai entendu parler de joueurs partis à la retraite en espérant que leur équipe fasse moins bien. C'est naturel, mais je veux être en mesure de me dire que j'ai fini mon travail et fait tout ce que je pouvais et, alors, je pourrai soutenir les gars", a-t-il conclu.