À la 119e minute, Merino crucifie l'Allemagne et envoie l'Espagne en demi-finale
L'Espagne est en demi-finale de l'Euro et après avoir joué admirablement pendant une heure avant de se replier face à une Allemagne basique avant de devenir bien plus consistante... avant d'être crucifiée à la 119e minute (2-1, a.p.).
Kroos en toute impunité
Si le pied gauche de Pedri avait été son pied fort, l'Espagne aurait inscrit l'un des plus beaux buts de l'Euro. Au lieu de ça, Manuel Neuer a pu se coucher sur le tir du Canarien, à la conclusion d'un mouvement collectif parfait dirigé avec Nico Williams à la baguette et Álvaro Morata en pivot (2e). Le Blaugrana a ensuite été chatié par Toni Kroos, sans qu'Anthony Taylor ne sorte un carton jaune pourtant évident (4e). Le Merengue a ensuite mis une semelle à Lamine Yamal et cette fois-ci, il n'y eut même pas de coup de sifflet (6e). Dans le même temps, Pedri s'était allongé sur la pelouse, genou touché, et Dani Olmo achevait un échauffement express (8e). À la mi-temps, le verdict est tombé : a minima entorse latérale interne du genou gauche et Euro terminé.
Le décor était planté : après avoir frappé à côté, Williams s'est chargé de Joshua Kimmich, sans recevoir d'avertissement non plus (12e). En revanche, quand Antonio Rüdiger s'est fait griller la politesse par Olmo à l'orée de la surface de réparation, Taylor a sévi (13e). Lamine Yamal a vu qu'aucun joueur n'était mis en travers, le mur allemand a sauté, Neuer était battu mais le prodige n'a pas trouvé le cadre (14e). Fabián Ruiz, en déséquilibre, a vu la lucarne se refuser à lui (17e).
Collectivement, la Selección avait pris la mesure de la Nationalmannschaft qui a mis plus d'un quart d'heure à trouver de l'air. Sur le côté droit, Kimmich a trouvé la tête de Kai Havertz, placé entre Robin Le Normand et Aymeric Laporte, mais Unai Simón veillait (21e).
Les cartons jaunes ont défilé, plus que les occasions franches : David Raum (28e) puis Le Normand (29e) ont été sanctionnés. Le défenseur de la Real Sociedad a ensuite été pris en défaut dans son déplacement par Havertz, sans conséquence mais guère rassurant pour la Roja (35e).
Sollicité par Laporte sur une frappe qui lui arrivait droit devant (23e), Neuer a réalisé une parade autrement plus difficile quand Williams, servi dans la profondeur dans le dos de Kimmich, a cherché le premier poteau à ras de terre (36e). Le capitaine allemand a ensuite repoussé une frappe avec rebond d'Olmo (40e). Quant à Lamine Yamal, après avoir enrhumé Jonathan Tah sur son contrôle orienté, il s'est précipité au moment de sa frappe (45e).
Taylor a fini sa première période comme il l'avait commencée : en pardonnant un jaune, cette fois-ci à Marc Cucurella pour une faute sur Ilkay Gündogan (45e+2).
Olmo libère la Roja
À la pause, Nacho Fernández a remplacé Le Normand, d'ores et déjà suspendu pour une éventuelle demi-finale. Dans le même temps, Robert Andrich et Florian Wirtz sont entrés pour Leroy Sané, transparent, et Emre Can.
Très approximatif pendant l'essentiel de la première période, Morata a eu un ballon de but, au terme d'un mouvement initié par Dani Carvajal avant que Lamine Yamal ne trouve son capitaine qui, s'il a pris le meilleur sur Tah, n'a pas pu cadrer sa tentative en se retournant (47e).
Dans un autre sens, ça a mieux marché. Morata est redescendu au milieu et a transmis à Lamine Yamal. Le Catalan a centré en retrait sur Olmo qui a ajusté Neuer d'une reprise du plat du pied droit (52e). Un avantage somme toute logique.
L'Allemagne conservait ce temps de retard, comme Andrich, averti après une grosse faute sur Williams (56e). Julian Nagelsmann a alors sorti Raum et Gündogan pour Maximilian Mittelstädt et Niclas Füllkrug (57e). La NM s'agitait enfin. Wirtz a trouvé le dos de Cucurella pour grappiller un corner (60e). De nouveau passeur décisif, Lamine Yamal a laissé sa place à Ferran Torres (63e).
Füllkrug entre et l'Espagne tremble
Puis Kroos a enfin pris son jaune alors qu'Olmo l'a surclassé à la course et que la Roja aurait eu une possibilité en or de 2-0 (67e). Le jeu allemand était rudimentaire mais il n'était pas spécialement du goût des Espagnols. Dans son rôle de phare dans l'axe, Füllkrug (hors-jeu signalé a posteriori) a pu donner en retrait à Andrich dont la frappe a trouvé les gants de Simón (70e) avant de jouer un ballon de la tête, sans cadrer (72e).
Torres a enchaîné les travaux : il a provoqué un avertissement pour Mittelstädt, frappé le coup franc tout proche de surprendre Neuer avant de lui-même prendre un jaune pour avoir plaqué Jamal Musiala, à la grande satisfaction de Luis de la Fuente (74e).
La Selección menaçait toujours de céder. Lancé sur le flanc droit, Wirtz a déposé Cucurella et centré sur Füllkrug, accroché par le maillot par Nacho. L'attaquant allemand a trouvé le poteau gauche de Simón et le défenseur espagnol n'a pas été sanctionné d'un penalty (77e).
Le sélectionneur de la Roja a alors apporté du sang neuf, avec Mikel Merino et Mikel Oyarzabal pour Morata et Williams. Sous les acclamations de Stuttgart, Thomas Müller a remplacé Tah (80e).
L'Espagne était sur un fil. Après avoir gagné du temps et un jaune à la clef, Simón a dévissé son dégagement. Havertz, plus prompt que Nacho et Laporte, a lobé le gardien mais le ballon est parti au-dessus de la transversale (82e).
Dans un remake de la dernière finale de la Ligue des Champions, Füllkrug se coltinait Nacho et provoquait une faute à 25 mètres de Simón. Kroos a trouvé la tête d'Havertz, auteur d'une faute sur Laporte au second poteau, sans surprendre de toutes façons le gardien basque (86e).
Et à force de reculer, l'Espagne a payé la facture à la 89e minute. Sur un centre de Mittelstädt côté gauche, Kimmich a pris le meilleur sur Cucurella au second poteau et a trouvé Wirtz, cette fois-ci, buteur.
La NM revenait à hauteur et avec 4 minutes d'arrêts de jeu, rien n'était encore fait. À la dernière seconde, Müller a surgi au-devant de Laporte pour couper un centre mais ce ne fut pas cadré et le vétéran était même hors-jeu (90e+4). Taylor a donc sifflé la fin du temps réglementaire.
Merino met Kroos à la retraite
Une demi-heure pour une demi-finale : voilà l'équation. Havertz a laissé sa place à Waldemar Anton (91e), Wirtz a été à son tour averti (93e). Il y avait de la tension mais pas d'occasions quoique le momentum soit en faveur de l'Allemagne. Pris de vitesse par Musiala, très discret, Carvajal a écopé d'un jaune synonyme de suspension pour un éventuel dernier carré (100e). Exténué, Ruiz a mis la flèche, remplacé par Joselu, natif de...Stuttgart (102e). Enfin, la Roja a pu s'approcher de la cage de Neuer : Oyarazabal a a enroulé une frappe du gauche qui a fui le cadre de peu (104e). Wirtz a répliqué au Basque, également du gauche, et avec la même réussite (105e).
Toute l'Espagne a pris un coup de clim' quand, après avoir visionné le ralenti, Cucurella a touché de la main, décollée du corps, une frappe de Musiala. La VAR a vérifié et n'a pas appelé l'arbitre (106e).
La NM continuait son travail de sape et Rodri a dû stopper Müller, récoltant lui aussi un jaune (109e). Oyarzabal a de nouveau vu un tir passer à côté, alors que Kroos était rôti et crampé (113e). Bousculé par Wirtz, Nacho a mis du temps à se relever : il a failli le payer sur un duel avec Füllkrug, proche de reprendre un centre de Kimmich qui manqué de surprendre Simón, attentif pour repousser (117e).
Le réalisme allemand n'est plus ce qu'il était. Punie à la 89e minute, la Roja a rendu la pareille à la... 119e. À gauche, Olmo est revenu sur son pied droit pour délivrer un caviar à Merino, seul pour reprendre de la tête hors de portée de Neuer. Dans la cohue, Morata a reçu un jaune qui le prive de la demi-finale, tout comme Ruiz.
La NM a envoyé toutes ses forces dans les 3 dernières minutes des arrêts de jeu. Torres a manqué la balle du KO (120e+2). Et Füllkrug, seul au premier poteau, a manqué le cadre sur un amour de centre de Müller (120e+3). Le temps était largement dépassé et, sur un dernier rush, Musiala a débordé Carvajal qui n'a pas hésité à prendre un deuxième jaune (120e+5). Dernier coup franc, dernière sortie de Simón : comme en 2021, la Selección disputera le dernier carré de l'Euro. Kroos n'a pu réaliser le dernier rêve de son immense carrière et quitte le football au terme d'un 1/4 de finale épique.