A la Meinau, Tudor doit trouver les solutions humaines et tactiques pour relancer l'OM
Mercredi soir, l'OM a manqué une occasion en or de faire un grand pas vers les 1/8 de finale de la Ligue des Champions. Une entame de match manquée, une nouvelle erreur défensive qui profite à ladversaire, des changements inopérants et tardifs : comme un air de déjà-vu depuis quelques matches pour Igor Tudor.
Le déplacement à Strasbourg s'inscrit dans un dépaysement opéré par le staff marseillais puisque l'équipe est restée sur zone après le match à Francfort. Symbole que l'heure est grave. "J'espère et je pense que les joueurs sont conscients de l'importance du match de samedi. Qu'on a besoin de points. On a dépensé beaucoup d'énergie", a expliqué Tudor en conférence de presse.
Mbemba trop seul derrière
Avant d'affronter d'Ajaccio au Vélodrome, l'OM était invaincu en championnat. Après avoir ouvert le score sur penalty grâce à Dimitri Payet, le sort du match semblait entendu, la répétition parfaite avant le match retour contre le Sporting CP. Les circonstances de match au Portugal ont facilité les choses et les Marseillais se sont relancés en C1.
Mais ce succès, marqué par deux expulsions adverses, a-t-il embelli le tableau ? "L'équipe ne doute pas, il faut analyser match après match, a avancé Tudor. La dernière défaite à la maison (contre le RC Lens, 1-0 ndlr) n'était pas méritée. On aurait dû le gagner, on a fait des bons matches ces derniers temps, on court beaucoup. On a bien travaillé les courses avec ou sans ballon. Les prestations des derniers matches m'ont plus plu que ce que l'on a fait sur les deux derniers mois. (...) Sur ces deux dernières défaites, on joue le 2e de la L1 et le vainqueur de la C3. Je sais que quand les résultats ne sont pas là, on essaye de trouver les coupables. Le rôle de l'entraîneur est de se fonder sur des choses concrètes".
Le 3-4-2-1 olympien tire sérieusement la langue. Cela commence en défense. Seul Chancel Mbemba parvient à maintenir un haut niveau de performances. Arrivé fin août, Éric Bailly n'a disputé qu'une seule fois 90 minutes, contre le Clermont, le 31 août. Depuis, l'Ivoirien n'a joué que deux fois en Ligue 1, 45 minutes contre Lille et 44 contre le PSG où il est sorti blessé. Son absence bouscule la défense. Et entre Leo Balerdi, Samuel Gigot et Sead Kolasinac, le secteur est beaucoup trop friable et irrégulier. Sur les côtés, si Jonathan Clauss n'a pas eu besoin de période d'adaptation et est devenu indispensable, le cas de Nuno Tavares inquiète sérieusement. Certes rapide et capable de rentrer sur son pied droit pour frapper de loin, le Portugais prêté par Arsenal reste un jeune joueur encore très perfectible techniquement mais surtout très léger tactiquement. Son apport offensif a diminué et il ne peut plus compenser avec ses lacunes défensives. "On a préparé des vidéos pour analyser ses choix, a détaillé Tudor. Il doit encore s'améliorer, quand, où passer le ballon, quand tirer, quand dribbler, il faut qu'il le travaille".
5 à 6 changements attendus à Strasbourg
Tudor pensait avoir la solution idoine pour l'animation offensive : Valentin Rongier et Jordan Veretout dans l'axe, Mattéo Guendouzi et Amine Harit pour désarçonner l'adversaire et Alexis Sánchez pour créer des brèches et marquer. Les méformes de Dimitri Payet et Gerson cumulées à la volonté non-dissimulée de Pablo Longoria de les expédier ailleurs dès le mercato d'hiver privent l'OM de recours. Que cela soit dans le XI de départ ou en sortie de banc, ils pourraient apporter du sang neuf. Mais aussi bien eux que le technicien croate en ont-ils vraiment la volonté ? Un aperçu devrait être donné samedi soir (21h) puisque plusieurs changements sont annoncés. En somme, c'est au moins la moitié de l'équipe qui devrait tourner à la Meinau.
Une solution intermédiaire serait d'aligner deux attaquants pour alléger le travail de Sánchez qui se dépense sans compter mais se retrouve trop esseulé. Cela équivaudrait à sacrifier un milieu de terrain, vraisemblablement Rongier ou Veretout qui manquent d'épaisseur quand la route s'élève et souffrent de la comparaison avec Guendouzi dont le volume de jeu est sans équivalent, à la fois de récupérer, orienter, marquer. A moins qu'Harit ne fasse les frais d'un repositionnement de Veretout dans un rôle plus offensif, celui qui semble être le plus adéquat pour lui. Dans le dernier tiers du terrain, il ne reste que Cengiz Ünder, Luis Suárez et Bamba Dieng revenu de nulle part. Trop insuffisant pour tenir longtemps.
Dès lors, le mercato risque d'être animé. Que cela soit dans les bureaux ou sur le terrain, Longoria ne fait pas dans le sentiment. Le mois de janvier sera chargé, surtout si l'OM venait à réaliser l'exploit de battre Tottenham au Vélodrome pour se qualifier en 1/8 de finale. Mais même en cas d'élimination pure et simple ou de reversement en Ligue Europa, il est acquis que l'équipe ne peut pas rester en l'état pour viser le podium en championnat.