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À quitte ou double contre l'Australie, le Pays de Galles peut voir son rugby sombrer pour longtemps

François Miguel Boudet
Louis Rees-Zammitt marque un essai contre le Portugal
Louis Rees-Zammitt marque un essai contre le PortugalAFP
Le Pays-de-Galles joue sa place en 1/4 de finale de la Coupe du monde ce dimanche soir (21h) contre des Australiens battus par les Fidji. Mais au-delà de ce match, c'est tout le rugby gallois qui tremble, entre difficultés financière et climat de harcèlement sexiste révélé en janvier par la BBC.

Qu'il est loin le Grand Chelem 2019 pour les Gallois ! Et même leur dernier succès dans le Tournoi, en 2021, semble être arrivé il y a une éternité. Depuis, le XV du Poireau sombre. Deux victoires sur leurs dix derniers matches avant le Mondial, deux derniers Tournois achevés avec un seul succès pour 4 revers : le Dragon n'a plus de feu dans les entrailles. En fait, le rugby gallois est exsangue, à plus d'un titre.

Fuite des talents

Tout d'abord financièrement. La fédération (WRU) a contracté un emprunt auprès de l'Etat pour résister à la Covid-19 et les traites ont du mal à être payées. Par conséquent, les 4 provinces de la Principauté (Ospreys, Cardiff, Newport et Scarlets) ne peuvent plus proposer de contrats suffisamment alléchants aux joueurs. Autrement dit : le rugby gallois doit drastiquement diminuer son style de vie. La nouvelle n'a évidemment pas plu aux joueurs, notamment ceux qui voyaient leurs contrats arriver à terme en juin dernier, avec la perspective de n'avoir aucune équipe au moment de disputer la Coupe du monde comme c'est déjà le cas pour le totem Leigh Halfpenny qui évoluait aux Scarlets depuis 6 ans. La menace du grève a même été brandie pendant le Tournoi. 

Alors que Warren Gatland, l'homme des plus grands succès, a été rappelé au poste de sélectionneur en lieu et place de Wayne Pivac, les légendes Justin Tipuric, Alun Wyn Jones et Rhys Webb ont pris leur retraite moins de 100 jours avant le coup d'envoi du Mondial. 

Subtilité supplémentaire : pour continuer à représenter le pays sur la scène internationale et jouer dans un championnat étranger, il faut déjà avoir cumulé 25 sélections. C'est ainsi que Joe Hawkins (20 ans) a quitté les Ospreys pour rejoindre Exeter (il évoluera avec Christ Tshiunza et Dafydd Jenkins) et s'est, de facto, trouvé inéligible. Joueur de Brive, Ross Moriarty, qui était sélectionnable du haut de ses 54 sélections, a mis la flèche pour se concentrer sur son club. 

Le grand exode des joueurs gallois ne fait que commencer : Will Rowlands rejoindra la Top 14 sous la tunique du Racing 92 et croisera Dan Biggar qui évolue à Toulon depuis la saison dernière après 4 ans à Northampton et Henry Thomas à Montpellier depuis 2 ans. Le pilier Tomas Francis a même choisi la Pro D2 et Provence Rugby pour poursuivre sa carrière. Dillon Lewis (Harlequins) et Max Llewellyn (Gloucester, où il retrouvera Louis Rees-Zammitt) découvriront les pelouses anglaises au sein d'un championnat qui, lui non plus, ne tient pas la grande forme. C'est donc tout un pan de la formation galloise qui est en danger et on attend la prochaine destination de l'ailier Rio Dyer, actuellement aux Dragons, alors qu'il a crevé l'écran lors de la tournée d'automne et du dernier Tournoi (4 essais). 

Grâce à un tirage au sort facile, les Gallois devraient être au rendez-vous des 1/4 de finale. Mais après le petit miracle contre les Fidji (32-26), la victoire des îliens contre l'Australie (22-15) a relancé la poule C et le duel contre les Wallabies ce dimanche (21h) sera à quitte ou double.

Le talonneur Dewi Lake
Le talonneur Dewi LakeAFP

Climat de peur au sein des instances

Au-delà de la crise financière qui influe sur le sportif, le rugby gallois traverse aussi une crise humaine. En début d'année, la BBC a publié une enquête au coeur de la fédération. Un scandale. Face caméra, Charlotte Wathan, ex  directrice du rugby féminin, a dénoncé une culture toxique au sein de l'instance. Elle fut menacée de viol devant témoins qui, selon ses propos, ont ri plutôt que de la défendre. Le responsable des propos n'a même pas été entendu et travaillait encore à la WRU au moment de la publication de l'enquête.

En 2018, une autre employée avait même écrit une note à l'attention de son époux en cas de suicide suite à un harcèlement moral. Au moment de son départ de son poste de président du CA du rugby professionnel gallois en 2021, Amanda Blanc avait également dénoncé ce climat de pression sexiste et cette absence d'écoute. Depuis, Steve Philipps (qui n'était pas accusé) a quitté ses fonction de DG de la WRU. 

Mi-juin, Henry Engelhardt, directeur non exécutif indépendant de la WRU , a qualifié l'enquête de la BBC de "sensationnaliste", ce qui laisse dubitatif quant à la prise de conscience générale. Pour autant, la WRU a publié un communiqué selon lequel l'institution a abattu "beaucoup de travail à faire pour garantir que nous remédions à nos échecs passés et nous exprimons à nouveau nos sincères remords pour les opportunités manquées et les échecs décrits et présentons nos sincères excuses à toute personne concernée. Nous avons commandé le rapport indépendant sur le domaine de la performance féminine en 2021 pour identifier les préoccupations et nous aider à remodeler notre soutien à nos joueuses internationales. Cela a conduit à de nombreux changements et nous sommes heureux de pouvoir annoncer que les recommandations ont été largement mises en œuvre. Nous sommes très fiers de la manière dont notre équipe a réagi à ces changements et nous espérons que les résultats seront clairs".

Dans un tel climat, le Pays-de-Galles craint des années très difficiles, au point qu'après avoir vécu un nouvel âge d'or, il pourrait jouer les utilités en Champions Cup comme lors du Tournoi des 6 Nations. 

France gouvernement

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