Accord avec la fédération, la majorité des joueuses espagnoles réintègre la sélection
"Nous sommes parvenus à une série d'accords qui seront rédigés et signés demain par la Fédération et le Conseil supérieur des Sports", a déclaré mercredi à la presse le secrétaire d'État aux Sports, Victor Francos, après des négociations qui se sont prolongées jusqu'aux petites heures du matin.
"Sur les 23 joueuses convoquées, deux ont demandé la possibilité de quitter le camp d'entraînement pour des raisons (...) d'inconfort personnel", a ajouté Francos.
Le représentant du gouvernement n'a pas révélé les noms des deux joueuses concernées, mais a souligné qu'elles ne seraient pas soumises à des sanctions, contrairement à ce qui avait été annoncé précédemment.
"Les joueuses nous ont fait part de leur inquiétude quant à la nécessité de procéder à de profonds changements au sein de la RFEF (la fédération espagnole de football, ndlr) et la fédération a promis que ces changements interviendraient immédiatement", a déclaré Francos ce mercredi.
Francos a affirmé que l'accord prévoit de développer la loi espagnole sur "les politiques de genre, les progrès en matière d'égalité salariale, dans les structures pour le sport et spécifiquement pour le football féminin".
Selon la presse espagnole, l'un de ces changements immédiats pourrait être le départ du secrétaire général de la RFEF Andreu Camps.
"Intimider et menacer"
La nouvelle sélectionneuse de l'Espagne, Montse Tomé, avait créé la surprise lundi en convoquant pour les matches contre la Suède et la Suisse une quinzaine de championnes du monde et d'autres joueuses qui avaient demandé à ne pas être sélectionnées jusqu'à ce qu'il y ait des changements profonds au sein de la fédération de football.
Suite au scandale du baiser forcé de l'ancien président Luis Rubiales imposé à la footballeuse Jenni Hermoso lors de la Coupe du monde en Australie, ces footballeuses estimaient que la démission de Rubiales et le licenciement du sélectionneur Jorge Vilda étaient insuffisants.
Mardi, les internationales espagnoles s'étaient finalement rendues au rassemblement de l'équipe féminine, tout en affirmant ne pas vouloir rejouer tant qu'une refonte totale de leur fédération n'avait pas lieu.
La défenseure du FC Barcelone Mapi Leon, qui dénonce depuis des mois les dysfonctionnements du football féminin espagnol mais ne fait pas partie des grévistes, estimait avoir été forcée à rejoindre le rassemblement.
En vertu de la loi espagnole sur le sport, les joueuses qui refusaient la convocation risquaient en effet des sanctions - des amendes jusqu'à 30 000 euros, et une suspension de leur licence pour une période pouvant aller jusqu'à cinq ans.
"Si les joueuses ne se présentent pas, le gouvernement doit appliquer la loi", avait prévenu le président du Conseil supérieur des Sports (CSD) Victor Francos à la radio Cadena Ser.
"Priver l'Espagne de son équipe"
Interrogée par un journaliste qui lui demandait si elle était "heureuse" d'être dans l'équipe, la gardienne Misa Rodriguez avait répondu "non", confirmant le fait que les grévistes revenaient contre leur gré, en raison des potentielles sanctions.
Ecartée par Tomé "pour la protéger", Hermoso avait accusé la fédération espagnole d'"intimider et menacer" les championnes du monde.
Les championnes du monde ont reçu le soutien de leurs futures adversaires. "Si elles estiment qu’elles doivent boycotter pour que quelque chose se passe, il est clair que nous les soutenons", a assuré l'internationale suédoise Filippa Angeldahl.
"La RFEF n'a pas le droit de priver l'Espagne de son équipe nationale féminine, qui plus est après avoir remporté une Coupe du monde", a pour sa part déclaré mardi le ministre espagnol de la Culture et des Sports, Miquel Iceta, demandant que la fédération espagnole soit "un lieu de sécurité, de compétitivité et de professionnalisme."
L'Espagne doit affronter la Suède vendredi et la Suisse le 26 septembre en Ligue des nations, tournoi qualificatif pour les Jeux olympiques de Paris 2024, et prévoit de s'envoler pour la Suède jeudi.