Alaphilippe, une dernière campagne de classiques avec la Soudal-Quick Step... avant un retour en France ?
C'est ce qui s'appelle une semaine bien pourrie. Julian Alaphilippe a de nouveau été la cible des invectives Patrick Lefevere, grand manitou de l'équipe Soudal-Quick Step, qui s'est aussi fendu de quelques remarques proches du sexisme sur Marion Rousse, la compagne du coureur. "En vieillissant, vous devez faire plus attention, vous entraîner plus dur, pas vous débarrasser de la moitié du travail, a-t-il sentencié dans les colonnes de l'hebdommaire Humo. Trop de fêtes, trop d'alcool... Julian est sérieusement sous le charme de Marion. Peut-être trop. Julian est un jeune chien plein d'énergie, il faudrait le laisser traverser la cour de temps en temps en même temps qu'il faudrait parfois lui dire : ''Tu vas jusqu'ici et pas plus loin''.
La directrice du Tour de France féminin a modérément goûté cette mise à l'index et a répliqué fort.
Mais omme si ça ne suffisait pas, Bettina Pesce, l'épouse de Philippe Gilbert qui fut le coéquipier d'Alaphilippe, a eu une réponse très acerbe sous le post de l'ancienne championne de France, ajoutant du tumulte : "cela s’appelle le revers de la médaille, Marion, et encore Patrick n’étale qu’un tiers du comportement de ton homme. Tu devrais même faire profil bas à ce sujet… Il dit simplement tout haut ce qu’il pense et que beaucoup de gens autour de toi pensent tout bas ! Son coureur payé une fortune doit aussi des comptes à son patron. Ça reste la règle. Tu passes ta vie à parler mal des gens derrière ton micro, cachée dans ton studio et quand il s’agit d’assumer, tu n’as jamais été au rendez-vous. Ton post est le reflet de ce qui t’a touché, en fait, c’est-à-dire toi et ton image".
Jamais avare d'une piqûre de rappel, Lefevere a enfoncé le clou dans les colonnes de L'Equipe : "j'ai dit que je voulais qu'il change de comportement. Que Mme Marion se sente attaquée dans sa vie privée, c'est son problème. J'ai dit que c'était bien qu'elle soit là pour l'aider, mais de temps en temps, il faut lui lâcher la laisse. Je peux encore dire ce que je veux, je le paye moi, et très bien".
Ambiance...
Équipier de luxe ou leader au rabais ?
Et "Loulou" dans tout ça ? Déjà ralenti en début de parcours, son Het Nieuwsblaad s'est achevé à 22 kilomètres de l'arrivée sur un gadin où a également été pris Kasper Asgreen et son ancien coéquipier Florian Sénéchal qui y a laissé une clavicule. Cuissard éventré, course terminée alors qu'il était encore dans le coup. Dimanche, sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne, il n'a pas joué les premiers rôles, loin derrière Wout van Aert, souverain dès qu'il a accéléré à 80 bornes de l'arrivée.
Alors que Paul Magnier a déjà levé les bras deux fois cette saison alors qu'il est néo-pro et qu'il a fait forte impression sur l'Ardèche Classic samedi dernier, Alaphilippe n'est même pas assuré d'être leader sur les Strade Bianche. Si Van Aert sera absent, le plateau sera très relevé avec notamment UAE-Team Emirates qui arrive en Toscane avec une armada redoutable avec Tadej Pogacar, Juan Ayuso vainqueur de l'Ardèche Classic et Marc Hirschi vainqueur de la Drôme Classic.
Alaphilippe ne s'est jamais vraiment remis de sa chute sur Liège-Bastogne-Liège en 2022 (fractures de l'omoplate et de deux côtes, accompagnées d'un hémopneumothorax) et sa fin de carrière, tout du moins à la Soudal-Quick Step, ne correspond plus aux attentes de Lefevere qui mise à présent sur Remco Evenepoel qui découvrira le Tour cette année tandis que le Français ira sur le Giro. Pour autant, le salaire du Nordiste, entre 2 et 2,3 millions d'euros par saison, reste en travers du gosier du Flamand, comptable de formation et toujours très près de ses sous, y compris quand il y a retour sur investissement. Alors quand il n'y en a pas... Cela manque assurément d'un peu de classe, surtout qu'Alaphilippe a remporté un Monument, terminé 5e du Tour et surtout remporté deux titres de champion du monde consécutivement.
Mais le passé c'est le passé comme dirait Eddy Mitchell et "Alaf" peut préparer le café noir parce Lefevere ne va plus le lâcher jusqu'au terme du contrat de son ancien chouchou en décembre prochain. Cette technique de management qui frise avec le harcèlement moral n'a pas porté ses fruits depuis 2 ans. Même si le Français venait à remporter un Monument ou remporter un 3e titre de champion du monde, l'aventure belge s'arrêtera dans 10 mois. Il a donc du temps pour envisager la suite de sa carrière et trouver une équipe qui saura l'accueillir et le rémunérer à la hauteur de son statut.
Jean-René Bernaudeau espère le convaincre depuis 2022 pour qu'il rallie TotalEnergies et prenne la suite de Peter Sagan qui n'a certes rien apporté en termes de victoires mais a contribué à ramener du matériel d'exception avec Specialized et un nouveau degré de professionnalisme. Mais redescendre dans une équipe de 2e plan mondial est-il dans les plans d'Alaphilippe, surtout après avoir toujours joué la gagne avec le Wolfpack ? Leader dans une ProTeam ou gregario de grand luxe une WorldTeam, tel est à présent le dilemme d'Alaphilippe au moment de peut-être signer le dernier gros contrat de sa carrière.