Émancipé du RB Leipzig, Alexander Blessin arrive à maturité sur le banc de l'Union Saint-Gilloise
Alexander Blessin n'est probablement pas l'entraîneur allemand le plus connu, mais, à 50 ans, il est peut-être en train de franchir un cap avec l'Union Saint-Gilloise.
Une maturation lente et qui s'explique. Il a attendu 2020 pour se lancer comme numéro 1, d'abord à Ostende, puis au Genoa où il a passé toute l'année civile 2022. À Bruxelles, il réalise une saison remarquable. En effet, après 15 journées de championnat, l'USG est en tête avec 35 points. Prendre la suite de Felice Mazzu et Karel Geraets n'avait rien de simple. Le premier a fait monter le club en Jupiler League avant de "remporter" la saison régulière puis de terminer vice-champion de Belgique aux termes des play-offs. Le second a perdu le titre pour un petit point la saison dernière.
Entraîneur de l'année avec Ostende
Certes, outre-Quiévrain, Blessin n'était pas un inconnu avant de prendre en main l'USG. Avec Ostende, il avait été couronné entraîneur de l'année en Jupiler League, après avoir mis le club au 5ᵉ rang de la hiérarchie nationale en 2020-2021. En janvier 2022, le Genoa avait payé la clause pour l'attirer en Ligurie et même si la relégation n'avait pu être évitée, il était resté en poste. Après une série de 5 matches sans victoire, il a été débarqué alors que le club était 5ᵉ.
Ancien attaquant, Blessin a principalement évolué dans les divisions inférieures allemandes, mais a tout de même connu la Bundesliga avec Stuttgart et l'élite turque avec Antalyaspor même si, de son propre aveu, il n'a pas disputé beaucoup de matches au plus haut niveau.
Une fois les crampons au clou, après avoir joué dans trois clubs insolvables, Blessin veut prendre du recul avec le football. "J'étais un peu frustré, je n’étais pas payé et je ne voulais pas continuer à jouer et risquer que cela continue à se produire, expliquait-il dans les colonnes de The Coaches' Voice alors qu'il était encore coach d'Ostende. Je devais penser à ma famille. J’ai donc décidé de prendre un peu de temps et j’ai trouvé un emploi dans les assurances".
Une décision radicale, mais qu'il estime avoir été bénéfique dans son rapport au métier d'entraîneur : "je pense que c’était vraiment bien pour moi. C’était bon pour mon développement en tant que personne, et peut-être aussi en tant que coach. Je suis passé du statut d’expert, celui que les gens admiraient, à celui de personne qui avait besoin de conseils, et j’ai trouvé cela extrêmement utile".
Couvé par Ralf Ragnick
Le terrain lui a vite manqué. Moins de quatre ans plus tard, il est lassé. Un certain Ralf Rangnick l'appelle en 2012. Les deux hommes se connaissent puisque l'actuel sélectionneur de l'Autriche a eu Blessin sous ordres à Stuttgart et Hoffenheim.
"Lorsqu'il m'a téléphoné, il m'a demandé ce que je pensais de mon travail, alors je lui ai dit que j'envisageais de devenir entraîneur, confessait-il. Il m'a dit qu'il était possible qu'il aille à Leipzig. Il avait également suscité l'intérêt d'un club de Premier League, mais en 2012, il a choisi de rejoindre l'organisation Red Bull en tant que directeur du football."
Les deux hommes se rencontrent, évoquent les contours du travail que le club allemand veut mettre en place. Blessin est séduit : "les conversations que nous avons eues m’ont convaincu que revenir au football était la bonne décision".
U16, U17, U19 : Blessin monte en grade et fournit des joueurs à l'équipe première. L'arrivée de Julian Nagelsmann en 2019, le pousse à une réflexion quant à son avenir. Un an après, certain de vouloir s'émanciper, il cherche un poste dans la région de Stuttgart où vit sa famille, mais se retrouve finalement à quasiment 700 bornes de là, à Ostende. C'est Gauthier Ganaye, passé par Lens et Nice et actuellement directeur sportif de Molenbeek, qui l'a immédiatement convaincu de tenter le coup.
La pandémie est passée par là, bâtir une équipe et un projet est complexe et, ironiquement, c'est un match amical contre… l'Union Saint-Gilloise, alors en D2 belge, qui fait tout basculer. "Il n’y a pas d’autre mot : notre performance a été horrible. Nous avons perdu 2-1."
La prise de conscience est forte. Ses préceptes de jeu qu'il partage selon ses dires à 60 % avec ses anciens collègues du groupe Red Bull (Nagelsmann, Marco Rose, Jesse Marsch) fonctionnent et le club termine 5ᵉ du championnat. Quant à lui, il reçoit le prix du meilleur technicien de Jupiler League.
Après son intermède italien, il est de retour en Belgique, avec un succès indéniable. Un succès contre Toulouse validerait au moins la 3ᵉ place synonyme de reversement en Ligue Europa Conférence. De quoi agrémenter une seconde partie de saison qui pourrait être historique pour les Bruxellois et valoriser le CV de leur entraîneur.