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Alexander Bublik, le joueur sous courant alternatif avec les doigts dans la prise

François Miguel Boudet
Alexander Bublik à Adelaïde
Alexander Bublik à AdelaïdeAFP
Alexander Bublik est l'un des rois des hot shots. Capable de tout, de coups sublimes comme de craquages, le Russe naturalisé Kazakh peut ambitionner a minima une entrée dans le Top 20 cette saison, à condition qu'il gagne en régularité, notamment en Grand Chelem.

Vous prenez Benoît Paire et Nick Kyrgios, vous les agitez dans un shaker et vous aurez un Alexander Bublik on the rocks. Le Kazakh est du genre caractériel mais c'est assurément l'un des plus grands entertainers du circuit. Les images de son jeu de folie contre Lorenzo Musetti à Adelaïde ont fait le tour du monde mais ce n'est qu'un aperçu des folies que peut enchaîner le 27e mondial. Amorties, coups entre les jambes ou avec le manche comme face à Jack Draper au tour suivant, service à la cuillère : entre craquages, grands sourires et révérences, Bublik est devenu une attraction à lui tout seul. "J'aime bien jouer des coups qui sortent de l'ordinaire mais je n'y réfléchis pas trop durant les matches, ça vient tout seul. Mes préférés, ce sont les tweeners et les services à la cuillère", expliquait-il dans les colonnes de L'Equipe dans une interview accordée lors de l'Open 13, en février 2020.

Saleté de sport

Comme Elena Rybakina, Bublik est né Russe mais le Kazakhstan l'a convaincu de changer de nationalité sportive contre un appui financier conséquent. Du soft power par le sport, un grand classique. En 2020, le joueur s'était épanché sur ses désirs financiers, toujours dans L'Equipe : "pour tout vous dire, je ne vois pas de point positif à être un joueur de tennis. Je ne joue que pour l'argent. S'il n'y avait pas d'argent en jeu, j'arrêterais tout de suite"

Un lien amour-haine le tient au tennis, comme en témoigne l'un de ses tatouages, un squelette de main tenant une balle, "sans doute pour me rappeler que je dois me farcir cette saleté de sport chaque jour". Ces déclarations l'ont poursuivi mais, dans la même interview, il précisait les aspects dont il se dispenserait bien : "j'aime ce sport, je ne peux pas dire le contraire, j'adore frapper dans la balle. Après ma carrière, je suis sûr que je continuerai à frapper des milliers de balles. Je pense que je mourrai en jouant au tennis. Mais être joueur professionnel, se confronter chaque jour à de nouveaux adversaires, même si vous avez mal partout, c'est difficile. Vous ne pouvez pas dire "je ne me sens pas bien donc je ne joue pas". Et quand tu perds, tout le monde te demande pourquoi tu as perdu. Mais va te faire voir, va sur le court si tu crois que tu pourrais faire mieux que moi... C'est cette partie du tennis que je déteste".

Si, depuis, il a affirmé aimer jouer au tennis au-delà des gains, il ne s'est pas franchement calmé sur le court. Lors du dernier US Open, il fond un fusible au 1er tour contre Dominic Thiem. "J'en ai marre de relancer les carrières de mecs handicapés", crie-t-il dans sa langue maternelle. Pas vraiment des manières de poète sur ce coup-là, comme lorsqu'il a explosé trois raquettes d'affilée lors du dernier tournoi de Montpellier contre Grégoire Barrère

Capable de tout

Mais d'une manière générale, regarder un match de Bublik, c'est espérer une dinguerie à n'importe quel moment. Doté d'une main incroyable, il peut multiplier les coups en toucher avant d'expédier des aces supersoniques. Car le Kazakh n'est pas qu'un clown : il sait jouer au tennis et peut pousser les meilleurs mondiaux dans leurs retranchements, y compris sur terre battue alors qu'il n'apprécie pas vraiment l'ocre. 

Néanmoins, il manque encore de régularité pour viser un Top 15. En 2023, il a été sorti 17 fois au premier tour, dont 3 fois en Grand Chelem (Australie, Roland-Garros et US Open). L'avantage, c'est qu'il aura peu de points à défendre. Vainqueur à Halle avec un tableau incroyable (Borna Coric, Jan-Lennard Struff, Jannik Sinner, Alexander Zverev et Andrey Rublev), 1/8 de finaliste à Wimbledon (battu par Rublev, un joueur qu'il admire énormément), il a fini l'année sur une victoire à Anvers en battant Arthur Fils en finale et un 1/8 au Masters 1000 de Paris, battu par Grigor Dimitrov, après avoir sorti Frances Tiafoe et Nicolás Jarry

Pas du genre à s'inscrire dans le collectif, Bublik a été élevé à "être un guerrier solitaire". Sa hargne associée à sa créativité doivent lui permettre d'aller voir plus haut dans la hiérarchie mondiale. Combiner les aspects caractériels et lunatiques avec la régularité est délicat car cela gaspille beaucoup d'énergie. Se dénaturer un peu pour progresser, tel est le défi assigné dès cet Open d'Australie qui, si la logique est respectée, devrait lui permettre d'affronter Carlos Alcaraz au 3e tour. Pour un festival de points dantesques ? 

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