Anthony Davis est-il dans les pas de Shaquille O'Neal aux Lakers ?
30 points, 23 rebonds, 5 passes décisives, 4 contres : Anthony Davis a livré une prestation double X large lors du premier match de la série opposant les Lakers aux Warriors en 1/2 finale de la Conférence Ouest. "Street Clothes" est le plus haut gratte-ciel de Los Angeles, un attrape-ballon et un enquilleur de points. Dans ce derby californien, la franchise d'Oakland a perdu d'emblée l'avantage du terrain. Car quand "AD" est dans la zone, l'en sortir est impossible. Forcément, dans la Baie des Anges, cela rappelle les performances d'un certain Shaquille O'Neal, empereur des "big guys".
Shaq sans égal
Battons l'argument en brèche : le Shaq est sans égal dans ce registre au XXIe siècle, voire dans toute l'Histoire de la NBA. Monstre de régularité, capable de s'entendre avec son coéquipier mais aussi (surtout ?) rival Kobe Bryant, il a, au-delà de ses 4 bagues de champion (3-peat avec les Lakers de 2000 à 2002, Miami en 2006), aligné des statistiques proprement surréalistes.
En 2000, la saison où il est couronné MVP, en 79 matches de saison régulière et une moyenne de 40 minutes sur le parquet, il termine avec 29.7 points, 13.6 rebonds, 3.8 passes, 3 contres de moyenne. En play-offs, en 23 matches, il fait grimper le compteur à 30.7 points, 15.4 rebonds, 3.1 passes et 2.4 contres de moyenne. Jusqu'à sa première saison avec le Heat, en 2004-2005 et alors qu'il affiche 33 ans au compteur, il a toujours été au-dessus des 20 points et 10 rebonds sur une saison régulière complète (73 matches).
Pour comparer les deux joueurs, la lumière du load management éclaire la situation d'Anthony Davis. "C'est la solution et l'origine pour AD, écrit Sergio Rabinal dans sportingnews.com. S'il ne se repose pas suffisamment, son corps n'est pas en état pour proposer son rendement maximal. Mais s'il ne joue pas, le potentiel des Lakers plonge à des niveaux insoupçonnés".
Enclin aux blessures, Davis n'a disputé que deux saisons régulières à 75 matches, avec les Pelicans (2016-2017 et 2017-2018). Aux Lakers, l'année du titre en 2020, il a atteint un pic de 62 rencontres avec une moyenne de 34,4 minutes sur le parquet. Chez les Angelinos, le pivot joue des moitiés de saison régulière. L'objectif de Darvin Ham est de préparer son joueur, qu'il surnomme "Wilt Davis" en référence à Wilt Chamberlain, aux joutes des playoffs. Pour autant, cela ne garantit pas la régularité. Certes, son match 1 contre les Warriors est colossal.
Parole à l'ADefense
Mais sa série contre les Grizzlies a parfois laissé les observateurs sur leur faim. Certes, il était dominateur au rebond et a sorti des matchs référence. Certes, il devait se coltiner Jaren Jackson Jr, élu Defensive Player Of the Year. Mais si ses stats sont honorables (6 matches, 20.8 points, 13.7 rebonds 2 passes, 4.3 contres) le souvenir de son game 2 à 4/14 au tir ou du game 4 à 4/13 reste vivace.
Anthony Davis a principalement régné par sa défense sur cette série, comme en témoigne son nombre de contres en moyenne. Car c'est bien là l'une de ses principales forces. Dans un bon jour, aller en pénétration dans la raquette des Lakers est la quadradure de l'arceau. Et c'est l'aspect fondamental de son premier match face aux Warriors.
Car il n'existe aucun doute sur le fait qu'AD puisse répliquer un 30/20 à chaque match. Il est le meilleur intérieur de la série, c'est une évidence. Mais comme le dit l'adage, "l'attaque fait lever les foules, la défense fait gagner des titres". Et c'est surtout sur ce point que les Lakers avaient bâti leur titre en 2020.
Pour s'en convaincre, retour sur la finale remportée 4-2 contre le Miami Heat. 4 victoires donc, et dans trois d'entre elles, les Floridiens avaient été maintenus en dessous des 100 points. Un point crucial quand on connait la puissance offensive des Warriors. Mais aussi un moyen pour Anthony Davis de rajouter une pièce à sa carrière.
En effet, voilà cinq ans que ce sont des Big Men qui remportent le titre de MVP. Que ce soit Giannis Antetokounmpo, Nikola Jokic ou Joel Embiid, Anthony Davis, sur ses deux pieds, est de cette trempe-là. Celle des intérieurs dominants et inarrêtables. En 2020, lors des Playoffs, il avait laissé la lumière au King. Mais aujourd'hui, il doit être le roi. Faire tomber les Warriors serait une première étape. Mais régner sans partage sur la raquette, en attaque comme en défense, est le plus important. Car le succès des Lakers ne repose plus sur LeBron, il repose sur AD. Comme il reposait sur le Shaq au début des années 2000. Pour qu'enfin, on puisse comparer à bon escient.