Après l'athlétisme, la boxe lance la surenchère des primes pour les JO 2024
Présidée par le Russe Umar Kremlev et notamment financée par le géant gazier Gazprom, l'IBA va encore plus loin que la fédération d'athlétisme, qui avait promis en avril des primes de 50.000 dollars à chaque futur champion olympique: elle va récompenser chaque médaillé, son entraîneur et sa fédération, ainsi que les perdants des quarts de finale.
Dans le détail, l'instance compte respectivement doter chaque médaille d'or, d'argent et de bronze de 100.000 dollars, 50.000 dollars et 25.000 dollars --soit environ 92.000, 46.000 et 23.000 euros, a-t-elle annoncé mercredi dans un communiqué.
Dans les trois cas, le boxeur percevra la moitié de cette somme et l'entraîneur et la fédération nationale se partageront à égalité l'autre moitié, alors que World Athletics ne récompensait que les athlètes.
"Par ailleurs, les athlètes défaits en quarts de finale et qui ont fini cinquièmes toucheront chacun 10.000 dollars, ce qui porte l'enveloppe globale à 3,1 millions de dollars (2,86 millions d'euros, ndlr) distribués à plus de 100 boxeurs", ajoute Kremlev.
Thomas Bach désapprouve
"Nous donnons un exemple clair de la manière dont les fédérations internationales devraient traiter leurs champions. Il s'agit d'un véritable soutien assorti d'actions concrètes, ce qui est devenu rare dans l'environnement sportif international", se félicite de son côté le directeur général de l'IBA, l'ex-militaire britannique Chris Roberts.
Or les primes de World Athletics, décidées sans consulter les autres fédérations internationales, avaient été très fraîchement accueillies par le monde olympique, où les ressources des instances sont très hétérogènes et censés financer avant tout le développement de leur discipline.
Dans une interview à l'AFP en mai, le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach avait clairement désavoué l'initiative, rappelant la mission de "solidarité" des fédérations internationales, qui "doivent traiter toutes leurs fédérations membres et leurs athlètes sur une base égale".
Or, non seulement l'enveloppe prévue par l'IBA dépasse la dotation globale de World Athletics (2,4 millions de dollars), mais elle lui permet de surcroît de relancer la bataille pour le contrôle du tournoi olympique de boxe, elle qui a été privée de l'organisation de celui des JO-2020 de Tokyo comme de celui de Paris, et fait figure de paria du monde olympique.
Bataille pour la reconnaissance olympique
Ainsi, "une cérémonie spéciale de remise des prix en l'honneur des médaillés olympiques de Paris sera annoncée prochainement", annonce l'IBA, puisqu'elle ne sera même pas représentée pendant les Jeux (26 juillet-11 août).
Le CIO avait suspendu dès juin 2019 la reconnaissance olympique de l'IBA et lui avait coupé ses subsides, notamment en raison de scandales d'arbitrage à répétition, d'une dette abyssale et d'un ex-dirigeant considéré par les Etats-Unis comme "l'un des leaders du crime organisé ouzbek".
Après quatre ans de bras de fer et des réformes de gouvernance jugées insuffisantes, l'instance olympique a retiré cette reconnaissance en juin 2023, laissant en suspens l'avenir olympique de la boxe à compter des JO-2028 de Los Angeles.
La toute jeune fédération World Boxing, lancée sur initiative américaine, peine toujours à séduire massivement les fédérations nationales - ce que la promesse de primes ne va pas arranger - et a entamé en mai dernier des discussions avec le CIO pour espérer reprendre, à terme, le rôle de l'IBA.