Athlétisme : Christophe Lemaitre chamboule tout pour espérer vivre les JO 2024
Saison écourtée dès fin juin, blessé pour la énième fois, et séparation d'avec son entraîneur de longue date, Thierry Tribondeau : 2022 a tourné court pour Lemaitre (32 ans), dont la dernière année de niveau international remonte à 2018.
"J'en avais marre d'être dans une impasse en termes de performance, de régresser et de toujours me blesser. J'avais besoin de tenter quelque chose de complètement différent pour essayer de repartir de l'avant", résume-t-il à l'AFP.
A deux ans du rendez-vous des Jeux de Paris, le sprinteur s'embarque dans ce qui ressemble à un dernier défi avec un projet taillé sur-mesure, articulé entre Aix-les-Bains et Metz, autour d'Anaïs Mougeot, sa compagne entraîneure, Massamba M'Baye pour la préparation physique, Frédéric Gazeau pour le travail foncier, le tout coordonné depuis son fief savoyard par un de ses anciens partenaires d'entraînement, Manuel Reynaert, et enrichi par l'oeil de Richard Cursaz, le responsable du relais 4x100 m français.
"Décomposé sous toutes les coutures"
Jamais l'ancien élève de Pierre Carraz, son entraîneur historique qui garde un regard attentif, n'a eu autant de monde autour de lui.
"C'est vrai que c'est la première fois. Avant, c'était un cercle assez fermé. Là, ça s'élargit vraiment. C'est un cap totalement différent, plus ouvert, avec de nouvelles méthodes, de nouveaux moyens, décrit le quadruple champion d'Europe (100 m, 200 m et 4x100 m en 2010, 200 m en 2012). Je voulais vraiment chambouler de A à Z mes habitudes."
Apport notable à sa nouvelle organisation : l'expertise scientifique d'une équipe genevoise spécialisée en médecine du sport, dirigée par François Fourchet, pour "prendre une photo de son état physique", explique Reynaert, et orienter sa préparation. Ce qui a valu à Lemaitre au long de l'été une batterie de tests "des hanches jusqu'aux orteils" et "au niveau du dos" pour le "décomposer sous toutes les coutures."
Car la priorité numéro 1 est là : lui rebâtir un physique à la hauteur de ses ambitions olympiques, lui qui n'a jamais eu de préparateur physique attitré.
"Il faut le reconstruire. Christophe s'est beaucoup blessé depuis cinq ans. Il fallait comprendre pourquoi, reprend auprès de l'AFP le coordinateur du projet du sprinter. On est encore en train d'éplucher tous les bilans" mais "on a des premiers éléments."
"Tout misé"
"Physiquement, il était en surentraînement alors qu'il ne s'entraînait pas beaucoup : on a observé que certaines séances n'étaient pas profilées pour un Christophe Lemaitre", illustre-t-il, en évoquant "des intensités trop rapides en préparation foncière" qui ont "largement contribué au fait qu'il soit en surrégime tout le temps."
Cinq semaines après sa reprise de l'entraînement, sans chausser les pointes jusque-là, un mot d'ordre s'impose : "prendre le temps", pour se reconstruire et "être capable de faire du sprint sans se péter."
"On fera le maximum pour qu'il puisse courir pourquoi pas dès cet hiver, mais on reste prudent. La base du projet, c'est que Christophe puisse faire les JO 2024. Tout le reste, c'est de la distraction", tranche Reynaert quand on l'interroge sur un horizon de retour à la compétition.
"J'ai tout misé sur cette organisation, il reste deux ans, je ne pourrai pas me réorganiser en cours de route", considère celui qui est aussi double médaillé mondial 2011 (bronze du 200 m et argent du 4x100 m).
Ses toutes premières impressions le confortent : "J'ai l'impression que je ne me suis jamais senti aussi bien dans mon corps/en forme", apprécie le plus beau palmarès du sprint masculin français.