Au bout d'une finale crispante, Manchester City remporte sa 1re Ligue des Champions
Le stade Atatürk, une équipe anglaise coachée par un Espagnol, une équipe italienne entraînée par un Transalpin : ce Manchester City-Inter avait de faux airs du "Miracle d'Istanbul" de 2005, mais juste de faux airs. Cet opus 2023 n'a jamais atteint les aigus, comme beaucoup de ses prédécesseurs finalement.
Néanmoins, le Rotary des équipes ayant remporté la C1 doit désormais faire une place à un nouvel adhérent. Douze ans après sa deuxième victoire avec le Barça, Pep Guardiola a atteint son Graal : soulever la Ligue des Champions avec un deuxième club. Ce n'était pas le plus beau match de City cette saison mais le collectif bâti depuis 7 ans a finalement pris le meilleur, deux ans après la cruelle désillusion contre Chelsea.
Inzaghi suit son plan, de Bruyne est maudit
Fidèle à ses préceptes collectifs, l'Inter a posé les bases de jeu en quadrillant le terrain. Le 3-5-2 de Simone Inzaghi a étouffé Porto, Benfica et le Milan et le plan était le même contre Manchester City. Les Nerazzurri ont provoqué un faux rythme et même pour une équipe aussi puissante et rodée, être cuit à l'étouffée n'est pas exactement la meilleure des sensations. En contre, l'Inter s'est retrouvé plusieurs fois en situation d'égalité numérique mais la défense citizen a bien serré les avancées de Nicolo Barrela, le jeu dos au but d'Edin Dzeko et les incursions de Lautaro Martínez qui a été à l'origine du premier trouble du match en devançant une sortie a priori facile d'Ederson, très nerveux et fébrile notamment dans ses sorties au pied.
Offensivement, le match de City était réduit à la portion congrue. Hormis une frappe en angle très fermé de Bernardo Silva qui a manqué d'effet pour trouver le cadre (5'), c'était morne pleine. Ilkay Gündogan, Kevin de Bruyne et Erling Haaland étaient au régime sec. La connexion entre le meneur belge et l'attaquant norvégien a enfin fonctionné à la 27e minute mais s'il a pris le meilleur sur Bastoni, le retour du défenseur intériste a réduit les possibilités et André Onana a stoppé le ballon d'une manchette assurée. Deux minutes plus tard, KDB a tenté sa chance de 20 mètres, dans les gants du Camerounais. Ce fut sa dernière opportunité. Comme en 2021, le maître à jouer a dû renoncer, touché à la cuisse droite et remplacé par Phil Foden (36'). Malgré tout, la pression s'accroîssait sur les Nerazzurri. La possession frôlait les 60% et si le bloc coulissait toujours aussi bien, il reculait de plus en plus.
City se crispe, Martínez vendange
Jusqu'à présent, les relations Grealish-Haaland et Foden-Haaland frisaient le zéro pointé. Dans sa zone technique, Guardiola battait des bras pour mobiliser les 20000 supporters présents dans le Bosphore pour impulser une dynamique y compris dans les tribunes car les Intéristes gagnaient le match dans les gradins.
Crampé, Dzeko s'asseillait dans l'herbe du stade Atatürk, et Romelu Lukaku entrait en scène un peu plus tôt que prévu (57'). Les minutes continuaient de défiler avec le même modèle : des maillots nerazzurri qui croquaient les mollets bleu ciel pour récupérer des ballons et chercher la verticalité. Le coup a failli fonctionner à la 59e : sur une passe en retrait manquée de Silva, Martínez a profité de la mésentente entre Manuel Akanji et Ederson pour se présenter en angle réduit face au gardien brésilien qui a profité d'un excès d'egoïsme de l'Argentin qui a oublié Lukaku pour remporter ce premier duel du match. Dans la continuité, City a eu de l'espace et de la vitesse mais Barella s'est sacrifié pour commettre une faute sur Foden. Le coup franc qui a suivi s'est achevé sur une tête au-dessus de John Stones (60').
La lumière est venue de Rodri
Le quadrillage se relâchait de part et d'autre mais c'est l'Inter qui semblait tanguer un peu plus en dépit de automatismes en contre. C'est le dépassement de fonction qui a fait la différence. À 25 mètres, Akanji a hésité à frapper avant de se raviser pour offrir un caviar à Silva. Son centre en retrait a traversé la surface avant de trouver le pied droit de Rodri arrivé lancé qui a trouvé les filets d'Onana d'une frappe précise et puissante, entre les défenseurs nerazzurri et le poteau (68').
L'Inter a réagi dans un moment de flottement post-but. Federico Dimarco, aux avant-postes, était à l'affût dans la surface après un duel remporté par Denzel Dumfries. Le piston gauche a lobé Ederson mais le ballon a heurté la transversale. Au rebond, sa deuxième tête a été repoussée par... Lukaku (70'). "BigRom" a eu son premier ballon exploitable juste après, sur une passe de Martínez mais son tir a fini en plein sur Ederson (72').
Foden a eu le 2-0 au bout du pied : auteur d'un contrôle délicieux qui l'a mis dans le sens du jeu, le jeune Anglais perforait le rideau intériste mais sa frappe, écrasée, l'a privé d'un but d'anthologie en plus de tuer le suspense (78'). Sur un second ballon après un corner repoussé, Barella a manqué soit son centre soit son tir, à l'image d'un match où il s'est démené sans trouver la solution comme il a pu le faire depuis le début de la phase éliminatoire (79').
Et Lukaku manqua l'immanquable
Les minutes défilaient, Inzaghi envoyait ses dernières forces vives dans la bataille. Une seule occasion suffisait pour arracher la prolongation. Lukaku a eu ce ballon, à la 89e minute, à la réception d'un centre de la tête de Robin Gosens, le Belge, absolument seul, a claqué une tête piquée... sur Ederson qui a détourné de la jambe, un peu par réflexe, un peu par miracle. Peut-être une lointaine réminiscence de 2005...
Barella, dans une frappe désespérée, manquait le cadre après un coup franc de Dimarco repoussé dans l'axe (90+2'). Et sur l'ultime corner, Gosens a vu sa tête claquée par Ederson alors que les 5 minutes d'arrêts de jeu étaient dépassées.
"Hey Jude" pouvait résonner à présent, entonné à pleins poumons par des supporters citizens aux anges. Leur club est sur le toit de l'Europe avec cette victoire, dernière pièce du triptyque Premier League-Cup-Ligue des Champions qui permet d'égaler le Manchester United de 1999.