Au Mexique, Thauvin sacrifié pour laisser sa place à un quasi inconnu
"Nous avions décidé de faire venir Nicolas Ibanez et il fallait faire sortir un joueur", a expliqué le directeur technique des Tigres, un autre Argentin, Diego Cocca. "Malheureusement les règles sont claires", a poursuivi Cocca, en place depuis novembre. Ces règles établissent que les clubs mexicains peuvent compter dix étrangers dans leur effectif.
"Mon idée est d'avoir des joueurs qui soient à leur meilleur niveau", a-t-il insisté, tout en prenant soin d'ajouter que Thauvin est "un très bon joueur" et même "une belle personne".
Pas assez, néanmoins, pour rester dans le quota des étrangers que compte le club en tête du tournoi de clôture après trois journées. Ni pour rivaliser avec Ibanez, qui avait été prêté par l'Atlético de Madrid - où il n'a jamais joué un match -, au modeste club mexicain de Pachuco avant de débarquer à Monterrey.
Un an et demi après son arrivée en provenance de Marseille, l'attaquant, tout juste 30 ans, a donc été prié de faire ses valises avec un bilan plutôt modeste sous le maillot des Tigres : 39 matches pour un maigre total de huit buts et de cinq passes décisives.
23 fois titulaire
Plusieurs fois blessé et expulsé lors d'un de ses premiers matches en août 2021, il n'aura été que 23 fois titulaire. La disgrâce de Thauvin a commencé lundi, quand le club mexicain a annoncé dans un communiqué sa décision "de mettre fin" à son contrat.
Mardi, le joueur, dont la précédente expérience à l'étranger, en Angleterre à Newcastle, avait été plus que mitigée (2015-16), s'était présenté aux portes du centre d'entraînement, avec un avocat pour constater que l'accès lui en était désormais interdit, d'après certaines sources. Seul son compatriote André-Pierre Gignac, l'idole locale, avait échangé quelques mots avec lui, avaient relaté des témoins visuels.
Un accord a finalement été trouvé, ont indiqué ce vendredi les Tigres. "Tout est réglé", selon un porte-parole du club joint par l'AFP, qui ajoute que le joueur pouvait se sentir "tranquille".
Désormais libre de tout engagement, Thauvin cherche un club. Il touchait six millions d'euros nets par an à Monterrey, selon plusieurs sources, ce qui le place parmi les plus gros salaires de la Ligue 1 (le PSG excepté). Lyon et le Celta Vigo en Espagne pourraient être intéressés.
"L'adaptation est compliquée"
Thauvin rejoint la liste des Français et des étrangers qui ont du mal avec les spécificités locales. "L'adaptation est compliquée", confirme Gignac, qui se souvient de ses propres difficultés à son arrivée en 2015. "Si tu joues contre Pumas dans la Ciudad de Mexico, c'est le dimanche à midi à 2.500 d’altitude. Quand je suis arrivé, quand je jouais en altitude, je n'arrivais pas à respirer", racontait-il à RMC l'année dernière.
Gignac a plus que réussi sa propre adaptation. À 37 ans, l'ancien Marseillais est le meilleur buteur de l'histoire du club avec 179 buts. Il affirme vouloir y jouer jusqu'en 2025, année de ses 40 ans et de ses dix ans au Mexique.
En avril dernier, Thauvin se déclarait pourtant heureux à Monterrey (500 m d'altitude) où "il y a du soleil tous les jours". Sa femme, la mannequin Charlotte Pirroni, postait même à l'occasion des photos de leurs vacances sur la côte mexicaine des Caraïbes. Thauvin confiait même s'en être remis à un préparateur physique particulier, dans un espagnol très correct. Durant l'interview, un journaliste mexicain l'avait mis en garde contre la rugosité des défenses adverses, mais pas des dirigeants mexicains.