Avec Julián Álvarez, Lionel Messi s'est trouvé un lieutenant
Initialement, le rôle d'assistant privilégié de "La Pulga" devait être joué, comme lors du Mondial 2018, par Ángel Di María, ou par l'attaquant de l'Inter Lautaro Martínez, si précieux dans la conquête de la Copa América en 2021.
Mais "El Fideo" revient de blessure et n'est pas apte à disputer un match complet et le second est en crise de confiance, n'ayant guère réussi dans ce Mondial que le dernier tir au but contre les Pays-Bas en quarts, celui de la qualification.
Lionel Scaloni a donné sa chance à Julián Álvarez, jeune buteur de Manchester City, arrivé il y a un an de River Plate où il a été lancé dans le grand bain par Marcelo Gallardo.
Il a forcé le verrou
Scaloni l'a d'abord utilisé comme remplaçant contre l'Arabie saoudite (1-2) puis, surtout, face au Mexique, quand sa rentrée à l'heure de jeu a rendu dynamisme et imagination au jeu argentin qui en était fort dépourvu (2-0).
Dès le match suivant, contre la Pologne, le sélectionneur le titularise. Álvarez le remercier de sa confiance en convertissant une passe dans la surface d'Enzo Fernández, son ex-coéquipier à River, pour le 2-0 (67e). Puis il récidive en 1/8 de finale contre l'Australie (2-1), également pour le 2-0, en interceptant un ballon hasardeux avant de le pousser au fond des cages (57e).
Mardi, au Stade Lusail, c'est lui qui a forcé le verrou croate, jusqu'alors si efficace dans ce tournoi. D'abord, en profitant du mauvais alignement de Dejan Lovren pour sa présenter face à Dominik Livakovic, dont l'intervention a été sanctionnée d'un penalty transformé par Messi (34e). Ensuite, Álvarez s'est lancé dans un raid de plus de 50 mètres pour marquer le but du break, avec deux contres favorables qui doivent autant à sa puissance qu'à la réussite (39e). Enfin, juste avant d'être remplacé par Paulo Dybala, il a conclu une offrande en retrait de Lionel Messi, auteur d'un numéro magique sur le côté droit de la surface (69e).
"Un joueur fantastique"
À Manchester City, Álvarez joue aussi les rôles de doublure. Barré par Erling Haaland, il ne joue que des bouts de match. Cela ne l'empêche pas d'avoir inscrit trois buts cette saison en Premier League et de s'attirer les éloges de son entraîneur Pep Guardiola : "Je sais à quel point c'est difficile quand on ne joue pas régulièrement... Mais depuis le premier jour, beaucoup de choses nous impressionnent chez lui". "C'est un joueur fantastique", abonde son partenaire à City, le défenseur néerlandais Nathan Aké. "Il est très technique, très difficile à marquer, avec une bonne finition. Un mec super, un peu timide".
Sa générosité est précieuse pour l'Albiceleste. Quand Messi est dispensé des tâches défensives, lui ne compte pas ses efforts, gênant la relance adverse. Les supporters argentins ne se trompent pas concernant l'importance nouvelle d'Álvarez, entonnant les "Julián, Julián" en tribunes.
"J'essaie toujours de donner le meilleur, sur le terrain ou depuis le banc en encourageant mes coéquipiers", disait-il après le match contre l'Australie. Gageons qu'en finale, ce ne sera pas depuis le banc. Difficile d'imaginer Scaloni se passer de son nouvel artificier. Avec Álvarez au côté de Messi, l'Argentine sera un finaliste redoutable.