Avec son stade, la Karmine Corp ouvre "une nouvelle ère" pour l'esport
"Depuis ce matin, je ne pense qu'à ça. Je me suis levé, je ne pensais qu'à ça. Vraiment, c'est un truc de ouf", clame à l'AFP Matisse Demont, un fan de 23 ans, vêtu de son maillot bleu de la Karmine Corp.
Comme lui, environ 2.000 supporters ont envahi les "Arènes de l'Agora", une salle de spectacle tout juste rénovée située à Evry en région parisienne, pour assister au premier match "à domicile" de l'histoire du club : un quart de finale de Coupe de France de League of Legends contre l'équipe Gameward.
"Le fait qu'on soit les seuls en Europe à avoir un stade d'esport à nous, on a l'impression d'assister à quelque chose de grand!", poursuit Matisse au moment de faire un tour dans la boutique du club installée dans les coursives de la salle.
Aujourd'hui, la plupart des compétitions de jeux vidéo dans le monde se déroulent en effet en ligne ou dans des studios gérés par des éditeurs ou des organisateurs de tournois. Mais à l'instar des sports traditionnels, les clubs d'esport aspirent désormais à avoir leur propre stade, et pouvoir ainsi générer leur propre billetterie.
Plusieurs clubs en Asie, et notamment en Chine, disposent déjà de leur propre enceinte. Mais il s'agit d'une grande première pour une structure européenne.
"Les explorateurs du futur"
"Jamais un club n'a été résident d'une arène ou d'un stade pour jouer ses matches et avoir ses supporters sur place. C'est une première en Europe et c'est quelque chose d'assez spécial", se réjouit Kamel Kebir, alias "Kameto", l'un des deux co-fondateurs du club. "C'est le début d'une nouvelle ère!"
"On est un peu des explorateurs du futur!", complète son binôme, Amine "Prime" Mekri. "Personne n'a fait ça avant nous."
Pour la Karmine Corp, il s'agit donc d'une nouvelle preuve de l'immense succès populaire de ce club né il y a à peine quatre ans. En un temps record, la "KCorp" a connu un développement fulgurant et s'est construit une incroyable fanbase, capable de remplir Bercy ou La Défense Arena.
"On a une relation très particulière avec nos fans, on a un peu, pas révolutionné, mais créé un délire de supporters ultra engagés, ultra actifs qui se déplacent à chaque événement, à chaque compétition importante du club", poursuit "Kameto".
"Notre rêve à tous"
Parmi eux, Inès Rezki, dite "Ninouu", est particulièrement investie puisqu'elle fait partie du "Blue Wall", la bouillante association des supporters de la "KCorp".
"Ça fait longtemps que Kamel nous promettait d'avoir un stade, et donc aujourd'hui, c'est son rêve qui devient réalité. Et le rêve de Kamel, c'est un peu notre rêve à tous", témoigne-t-elle avant d'aller rejoindre les tribunes pour encourager les joueurs.
Poussés par l'atmosphère enflammée de la salle, "Maynter", "113", "Abbedagge", "Fleshy" et "Caliste" l'ont emporté 3 à 0 contre les joueurs de Gameward.
L'équipe espère désormais que d'autres structures les imiteront afin que le secteur dans son ensemble franchisse un nouveau cap.
"On ne veut pas être les seuls à avoir un stade", explique Arthur Perticoz, le directeur général de la KCorp. "On doit montrer que c'est possible et pas simplement s'enorgueillir d'être les seuls à faire quelque chose et se dire que c'est bien pour nous."
"Notre stratégie, c'est aussi de montrer que c'est possible, pour que d'autres clubs aient envie de nous suivre et d'avoir eux aussi, quelle que soit la taille, des stades dans lesquels ils sont résidents. Je pense qu'on a une responsabilité à cet égard."