La Lettonie, "pays du hockey" prêt à s'enflammer pour le basket à l'occasion du Mondial
Si l'appétit vient en mangeant, alors le petit pays balte (1,8 million d'habitants) doit être affamé, à l'aube d'affronter la France dimanche à Jakarta après avoir brillamment étrenné ses galons en Coupe du monde (109-70 contre le Liban vendredi).
En qualifications, la Lettonie a rendu une copie quasi-parfaite avec 15 victoires en 16 rencontres, dont des succès de prestige face à de grands noms du basket européen (Grèce, Turquie, Serbie). Alors, quand il entend "tout le monde dire que notre groupe est impossible" (avec le Canada en plus de la France), Luca Banchi, le sélectionneur italien de la Lettonie, voit cela comme un bon signe.
"C'est l'histoire de notre équipe nationale, c'est ce qu'on m'avait dit avant le premier tour (des éliminatoires), le second tour… C'est notre carburant, on se nourrit de missions impossibles", a-t-il dit dans un entretien à l'AFP avant le départ pour l'Indonésie.
La sélection doit certes se passer, pour ce Mondial, de Janis Strelnieks (ancien joueur de l'Olympiacos et du CSKA Moscou) et surtout de son pivot vedette Kristaps Porzingis, tout juste transféré aux Boston Celtics. Tous deux sont blessés. Mais, assure Luca Banchi, la réussite lettone repose sur autre chose que sur de grands noms. "Notre parcours incroyable est lié à notre esprit, notre identité, notre désir commun de sacrifice partagé", explique le sélectionneur, arrivé à ce poste en 2021.
"Point de bascule"
Banchi, qui n'avait jamais mis les pieds en Lettonie avant sa nomination, a vécu deux dernières saisons agitées, entre ses postes d'entraîneur en club, à Victoria (D1 italienne) puis Strasbourg, et les nombreux ajustements pour trouver l'alchimie nécessaire au sein de sa sélection. Il a appelé 37 joueurs différents en deux ans.
L'Italien date le "point de bascule" à l'unique défaite de la Lettonie lors des éliminatoires, en Serbie, en novembre 2021. Un revers sur le fil (101-100) face à l'une des meilleures sélections d'Europe, régulièrement médaillée mondiale et olympique. "Cette nuit-là, nous avons réalisé que nous pouvions rivaliser avec n'importe qui", assure Banchi.
Loin d'être insensible à cette épopée, le pays s'est pris de passion pour un sport longtemps relégué au second plan, alors qu'il est roi chez son voisin lituanien. "C'est un pays de hockey sur glace, mais nous sommes au pic de notre popularité", affirme le sélectionneur.
Depuis que la Lettonie enchaîne les succès, la salle dans laquelle elle évolue à Riga affiche complet en permanence, les billets s'écoulant en très peu de temps. "Ce qu'on a fait ces deux dernières années a allumé la flamme des supporters pour le basket et pour nos joueurs, qui méritent un tel soutien", se réjouit le coach.
La suite de l'histoire de cette sélection s'écrit à présent loin de la capitale lettone, à Jakarta, où elle peut compter sur quelque 2.000 supporters, qui l'ont bruyamment soutenue ce vendredi contre le Liban. Mais pour battre la France, revancharde après la raclée subie contre le Canada (95-65), Banchi devra accomplir ce qu'il préfère à la tête d'une sélection : "Provoquer le sentiment d'appartenance, pousser les joueurs à jouer pour leur nation, leur drapeau, leurs couleurs."