Les USA ne défendent pas de titre, mais peuvent-ils redevenir les rois du basket mondial ?
Voilà quatre ans, Team USA avaient envoyé une équipe qui soulevait une question pour la Coupe du monde. Des stars en devenir - Donovan Mitchell, Jaylen Brown, Jayson Tatum – et des joueurs confirmés, mais pas de superstar de l'époque. Le résultat avait confirmé les craintes.
Hormis Mitchell, personne n'avait dépassé les 11 points dans un quart de finale perdu contre la France, une rencontre dans laquelle le manque de leader s'était fait cruellement ressentir. Et l'impression désagréable que les États-Unis avaient envoyé une équipe parce qu'ils y étaient obligés, en espérant que le talent individuel ferait la différence.
La leçon avait été retenue pour les derniers Jeux Olympiques. Car même avec la présence de Kevin Durant, Bam Adebayo, Zach LaVine ou Damian Lillard, Team USA a souffert mille maux pour aller chercher la médaille d'or. L'équipe semblait pourtant équilibrée, mais c'était surtout une culture qu'il fallait rebâtir.
Car depuis 1992, depuis que la Dream Team est apparue à Barcelone pour massacrer quiconque osait se dresser devant elle, le postulat est que les USA vont largement gagner n'importe quelle compétition internationale. Un postulat largement répudié depuis. Parce qu'aucune équipe n'a autant dominé que la bande à Jordan.
Et les humiliations ont été nombreuses depuis. Ne pas envoyer ses meilleurs éléments, c'est prendre le risque d'ouvrir la porte. Comme ce fut le cas en 2002, le plus grand naufrage américain de l'histoire, et à domicile. À cette époque, les meilleurs joueurs de la NBA sont Tim Duncan, Shaquille O'Neal ou le regretté Kobe Bryant. Mais à leur place, Jermaine O'Neal, Shawn Marion, Baron Davis, avec peut-être Paul Pierce comme meilleur joueur.
Résultat ? Une humiliation à domicile. Une défaite au deuxième tour contre l'Argentine, avant d'aborder les quarts de finale contre-feu la Yougoslavie. Qui se concluront par une élimination face à Dejan Bodiroga and co, et une sixième place finale. Le pire résultat de l'histoire des USA au Mondial, jusqu'en 2019 (7ᵉ).
Et même quand ils ont sorti la grosse artillerie, les Américains n'ont pas été souverains. Le souvenir des JO 2008 revient forcément en tête, la fameuse "Redeem Team" de LeBron James et Kobe Bryant, qui aura été poussée dans ses ultimes retranchements par l'Espagne avant de rafler l'or olympique.
Alors, à quoi peut prétendre cette équipe ? Sur le papier, c'est quand même Team USA qui a le meilleur roster. Le cinq aligné contre la Nouvelle-Zélande en ouverture, Jalen Brunson - Anthony Edwards - Mikal Bridges - Brandon Ingram - Jaren Jackson Jr est le meilleur de la compétition. Mais plus que la performance, les USA veulent réhabiliter un état d'esprit.
C'est pourquoi ils ont placé Steve Kerr à la tête des opérations. Le coach des Warriors, multiple champion NBA comme joueur et comme entraîneur, est l'homme idoine pour instaurer une véritable culture et chasser l'idée que jouer la Coupe du monde est une désagréable obligation.
Seulement, le risque est grand de se présenter sans superstar. Alors oui, les discours optimistes ont fusé de la part des joueurs, les attentes sont énormes pour voir Edwards et Bridges exploser lors de cette compétition. Mais quand le match sera serré, qui aura la légitimité de dire "I'm calling it" au moment du dernier ballon ?
Quoi qu'il arrive, les USA seront favoris, peu importe l'adversaire, c'est la règle depuis 1992. Mais à un an des JO, les interrogations sont nombreuses, et pas sûr que l'or les chasserait. La NBA s'est internationalisée, le podium du MVP est 0 % américain, l'Espagne reste l'Espagne, le Canada a les dents longues… Pour gagner, les Américains devront jouer en équipe. Et ça n'a pas toujours été le cas.
