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Team USA rentre bredouille du Mondial, car douze joueurs ne font pas une équipe

Sébastien Gente
Steve Kerr n'a pas réussi à créer une vraie équipe.
Steve Kerr n'a pas réussi à créer une vraie équipe. AFP
Pour la deuxième fois d'affilée, Team USA n'a pas réussi à ramener une médaille de la Coupe du monde de basket. Les Américains ont craqué dans l'emballage final, ce qui jette le trouble sur la construction de l'équipe et sa motivation.

Ce n'est pas aussi honteux qu'en 2019 - quand elle avait chuté dès les quarts de finale contre la France - mais Team USA ne ressort pas grandie de cette Coupe du monde. Une quatrième place finale après avoir totalement craqué à partir des demi-finales. C'est la première fois depuis 1970 qu'elle enchaîne deux éditions sans médaille. 

Voilà qui fait désordre, en cette période d'internalisation incroyable de la NBA. L'équipe envoyée en Asie n'a jamais fait une belle impression, terminant son tournoi avec trois défaites. Voilà qui jette un voile sur la volonté américaine de remporter le Mondial, quand on voit la façon dont les choses se sont déroulées.

Placé à la tête de Team USA pour redresser le navire, Steve Kerr a misé sur une équipe jeune, avec des joueurs en pleine ascension. Sur le papier, aucun doute, l'effectif américain était le plus talentueux, avec moult joueurs capables de mettre 30 points sur un match. Mais en y regardant de plus près…

D'abord, très peu de bons défenseurs dans cette équipe. Mikal Bridges, Josh Hart, Jaren Jackson Jr – incapable de s'acclimater au jeu FIBA – et c'est à peu près tout. Le résultat est effrayant de simplicité : lors des trois défaites concédées, Team USA a encaissé a minima 110 points (on rappelle que les quart-temps durent 10 minutes, et non 12). 

L'échec d'un groupe, aussi talentueux soit-il.
L'échec d'un groupe, aussi talentueux soit-il.AFP

Ensuite, il n'y avait aucun taulier dans cette équipe. Des leaders oui, mais ce n'est pas la même chose. Un manque criant dans deux derniers matchs disputés. Après une égalisation miraculeuse face au Canada, un ou deux tauliers pour gérer la prolongation n'auraient pas été superflus. Au lieu de ça, on a vu la peur de shooter chez plusieurs joueurs, une peur qu'on excusera en disant "ils sont encore jeunes". Ou comment faire mordre la queue au serpent. 

Mais le principal problème est plutôt structurel, voire générationnel. Le jeu collectif n'en est pas un. Dans une NBA basée sur le tir à trois points et le jeu en isolation, affronter des équipes au jeu collectif léché est clairement un problème pour ces joueurs. Car on l'a vu, les systèmes appelés n'en sont pas vraiment. 

Et quand Team USA tombe sur des équipes parfaitement organisées défensivement, ça coince, et particulièrement dans les moments chauds. La fin de match contre l'Allemagne et la prolongation face au Canada en sont deux parfaits exemples. Les tirs ne rentrent pas, et il n'y a pas de réel plan B. Ces 12 basketteurs ne sont pas encore entièrement polis, et même dirigés par l'une des références actuelles du coaching, ils ne se sont pas transformés en équipe. 

Quand on veut dominer uniquement par le talent, il faut emmener plus de talent. "No disrespect", mais il n'y a aucun Top 10 NBA player dans cette équipe. Ni même un Top 20, même si on peut discuter. Sans nécessairement parler de la Dream Team originelle, les victoires récentes ont été acquises sur le dos de mégastars.

Steph Curry, Kyrie Irving (MVP), Anthony Davis et James Harden en 2014, Curry encore avec Kevin Durant (MVP) et Russell Westbrook en 2010. Résultat : deux sacres. Pareil pour les deux dernières couronnes olympiques, ou Durant, présent les deux fois, avait pêle-mêle comme coéquipiers Butler, Irving, Lillard, Anthony... que du lourd, et des joueurs d'expérience qui peuvent gagner un match à eux tout seuls. 

Mais on l'a bien compris, la Coupe du monde semble intéresser de moins en moins les joueurs américains, qui n'ont pas grand-chose à y gagner finalement, hormis de la fatigue et pas d'argent. Quant à la gloire, elle est relative dans cette compétition éternellement sous-cotée. Il vaut mieux faire du renforcement musculaire en vue de la nouvelle saison, et des tournées promotionnelles aux quatre coins du globe, afin de gagner encore plus alors que les salaires NBA ne cessent d'augmenter. 

Que va-t-il se passer désormais ? En 2024, pour les Jeux Olympiques, Team USA va sans doute tenter d'aguicher des superstars pour mener l'équipe vers un nouveau titre olympique. Ce qui a marché par le passé, mais ne garantit pas une large victoire. Les adversaires sont truffés de joueurs NBA, qui connaissent la façon de jouer des Américains et maîtrisent à la perfection le basket FIBA. 

Et aux JO, hormis en 2016, les titres acquis au XXIe siècle l'ont été durement. Le MVP de la NBA n'est plus américain depuis 2018, et cela fait deux ans de suite que le podium de cette récompense suprême est 100 % international. La NBA n'appartient plus aux Américains, et cela rejaillit forcément sur son équipe nationale. 

Il faudra sans doute plus qu'une préparation d'un mois pour créer une vraie équipe en vue de Paris 2024. Mais le plus important est sûrement ailleurs. À chaque échec de ce genre, Team USA fait de moins en moins peur. Et 30 ans après la Dream Team, 15 ans après la Redeem Team, gare à ne pas aligner une Déprime Team

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