Avant d'affronter Monaco, l'état de grâce est définitivement fini pour Anadolu Efes
Le 21 mai 2022, Anadolu Efes terrassait le Real Madrid à la Stark Arena de Belgrade et raflait sa deuxième Euroleague consécutive. Un sacre au terme d'un Final Four haletant, après un succès dans les tout derniers instants en demi-finales face à l'Olympiakos, puis une victoire d'un tout petit point en finale. Ils étaient les maîtres de l'Europe.
Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts, et la formation turque est redevenue "une équipe d'Euroligue". Une équipe qui n'a pas été assez solide pour ne serait-ce que se qualifier en quarts de finale la saison passée. Et surtout une équipe qui n'a pas encore relevé la tête dans cette campagne 2023/2024 de la plus grande compétition européenne de clubs.
Pour preuve, trois de leurs quatre défaites jusqu'ici ont été concédées face à des équipes ayant disputé le Final Four la saison dernière - Olympiakos, Barcelone et Real Madrid - avec un écart moyen de 19 points. Et à l'aube de rendre visite au quatrième, en la personne de Monaco, rien ne permet d'affirmer que le résultat sera différent.
Bien sûr, on peut arguer que c'est un calendrier compliqué d'avoir joué trois des favoris sur les sept premières journées. Mais pour une équipe qui dominait l'Europe voilà 18 mois, perdre aussi largement est difficilement acceptable. Surtout vu la manière et le manque de variété du jeu turc, qui a valu un abominable 27/83 à trois points sur l'ensemble de ces trois rencontres.
Un appétit pour le tir longue distance qui était logique par le passé, quand Anadolu disposait dans son effectif de Vasilije Micic, le MVP de l'Euroligue 2021 et MVP du Final Four lors des deux sacres turcs. Shooter de renom, le Serbe est parti tenter sa chance en NBA, du côté du Thunder - sans réussite pour l'instant. On tient là une belle raison du downfall des Turcs ?
Eh bien non, puisqu'il était encore là la saison dernière. Et les leaders sont eux aussi toujours présents. La gâchette Shane Larkin, le précieux Will Clyburn, Tibor Pleiss, fondamental lors du titre de 2022, sans oublier bien sûr un certain Rodrigue Beaubois. Alors, pourquoi ?
À l'intersaison, Ergin Ataman, en poste sur le banc depuis 2017, a pris la tangeante, direction le Panathinaïkos. Une perte lourde mais nécessaire, car cette équipe ressemblait à une formation en fin de cycle la saison passée. Mais pourquoi s'être limité au coach et à la vedette de l'équipe ? Pourquoi ne pas l'avoir rénové en profondeur ? Car tous les joueurs sus-cités ont la trentaine bien tassée. L'heure était peut-être venue de tout raser et de garder les souvenirs de ce double sacre.
Coach de l'année en EuroCoupe la saison passée sous les couleurs de Türk Telekom, Erdem Çan a du pain sur la planche. Assurer une transition en remplaçant progressivement les cadres de l'effectif ? Oui, mais par qui ? Si Anadolu a reconquis le titre national la saison passée, rien n'est certain pour cette fois, au vu de la forte concurrence du Fenerbahçe, par ailleurs auteur d'un bien meilleur départ en Euroligue (5v / 2d).
Car c'est aussi de cela dont il est question. La suprématie nationale a sauvé la saison dernière de l'Anadolu, et sans doute encouragé à continuer avec cette base. Mais si la formation turque sort de cette saison sans titre majeur, il sera difficile de ne pas souhaiter l'implosion. En attendant, il y a un déplacement à Monaco ce soir, l'occasion de relancer une saison qui s'annonce vraiment particulière.