Le retour de Théo Maledon en Europe est pour l'instant une franche réussite
Il n'est jamais facile pour un joueur qui rêvait de NBA d'abandonner son rêve. Mais revenir en Europe quand on est en échec de l'autre côté de l'Atlantique, c'est une tendance qui se dessine de nouveau. Et côté français, le pas est franchi de plus en plus, Joffrey Lauvergne et Élie Okobo ayant initié ceci quelques années en arrière. Cette saison, le retour d'un certain Evan Fournier a été particulièrement médiatisé, et Frank Ntilikina a également fait du rebrousse-chemin.
C'est aussi le cas d'un certain Théo Maledon. Un des phénomènes de précocité du basket français en fin des années 2010. Deux saisons dans l'élite du basket français, de 2018 à 2020, sous les couleurs... de l' ASVEL. Pour l'un des fleurons du Centre Fédéral, le club lyonnais était l'occasion idéale de s'étalonner. C'était l'époque où Lyon-Villeurbanne savait garder ses pépites jusqu'à ce qu'elles fassent le grand saut vers la NBA.
Néanmoins, ce saut n'a pas été aussi grand qu'annoncé. Ne pas être drafté au premier tour était un premier indice, mais qu'importe, l'essentiel est de se faire sa place. Malgré tout, le très sérieux Jonathan Givony le positionnait 15e de sa mock draft, dans une sorte de consensus général. Tomber en 34e position, le coup pouvait abattre n'importe qui.
Le problème principal d'un deuxième tour de draft, c'est une vie au jour le jour sans réelle garantie de contrat, ou de paye. Mais rapidement, il aura un contrat garanti, montrant de belles choses dans un rôle de remplaçant. Les jeunes Français étaient déjà en vogue, on lui prédisait un futur de role player, mais au bout de deux saisons, Oklahoma City l'a expédié à Houston, qui s'en est débarrassé dans la foulée.
La suite, ce sont deux années entre Charlotte, Phoenix et la G League, dns un rôle mineur, surtout sur la dernière saison, 2023/2024. Plus de contrat, peu de perspectives, se pose toujours dans ce cas-là la question du retour en Europe. Il y a beaucoup de raisons de rester en NBA pour n'importe quel joueur, que ce soit en terme d'argent, de prestige, de poursuivre son rêve et d'attendre le coup de fil qui pourrait changer sa vie.
Mais faire le grand saut n'est pas un retour en arrière. L'Euroleague est devenue véritablement compétitive, les grands noms y sont de plus en plus nombreux, et beaucoup d'équipes ont une réelle chance de la remporter. Pourtant, Maledon n'a pas choisi de rejoindre un poids lourd, mais de remonter le temps pour rejoindre à nouveau l'ASVEL.
Pourquoi l'ASVEL, justement ? Chez BeBasket, il a donné une raison simple. "J’ai eu quelques autres possibilités que Villeurbanne mais j’ai été séduit par la vision que Pierric (Poupet) avait pour moi. J’ai vraiment adhéré à son discours. Et il y a le fait de revenir à l’ASVEL, là où j’ai commencé, de retrouver des visages familiers. Je pense que ça peut être un atout en plus et qu’on peut réaliser quelque chose de spécial cette saison."
Pour l'instant, c'est bien lui qui réalise quelque chose de spécial. Certes, il y a clairement du mieux à Lyon-Villeurbanne par rapport à deux dernières saisons apocalyptiques sur le plan européen, mais cela ne se traduit pas encore par un bilan flatteur. Les Rhodaniens viennent d'ailleurs tout juste d'interrompre une série de 5 défaites consécutives. Mais au milieu de cette mutation, Théo Maledon est déjà le patron.
Avec 17 points de moyenne, il est le 7e meilleur marqueur de la saison en Euroleague. Devant des joueurs hautement confirmés offensivement parlant tels que Kevin Punter, Devin Booker ou encore un certain Mike James. Mais il lui reste encore à moins "croquer" derrière l'arc et à améliorer son playmaking. Malgré tout, il porte son équipe, comme il l'a fait la semaine passée, avec notamment une pointe à 31 points lors de la défaite de justesse sur le parquet de l'Olympiakos.
Une bonne série et un début de saison qui a clairement fait de lui un des joueurs qui fait parler. Son CV a circulé à Barcelone lors de l'annonce de la fin de saison sur blessure de Nicolas Laprovittola. Désormais, toute l'Europe a appris à prononcer son nom, mais cette performance en terre grecque, si elle était réitérée lors d'une victoire sur un grand de la compétition, validerait pour de bon son grand retour. Cela tombe bien, l'ASVEL se déplace à Monaco pour un choc 100% français ce jeudi soir.
L'affaire est d'importance, car la porte est ouverte. La Roca Team vient de renvoyer Saša Obradović, au coeur d'une période quelque peu tumultueuse, et est donc "prenable". Et début octobre, en Betclic Élite, l'ASVEL a interrompu une série de dix défaites d'affilée contre cet adversaire à l'issue d'un match mené de main de maître. De nombreuses raisons donc de croire en un succès ce jeudi soir.
Mais Monaco reste Monaco, et entraîneur ou pas, a suffisament de talent pour gagner ce match. Et alors qu'un duel avec Mike James se profile, Théo Maledon va voir sa côte continuer de grimper en flèche s'il prend le meilleur sur le MVP de la saison passée. Meneur de grande taille, athlétique avec un shoot, il a tout pour faire sienne l'Euroleague, soit avec l'ASVEL, soit en rejoignant ensuite un club plus huppé. Son retour est déjà une réussite, et ce match pourrait marquer un tournant pour la suite de sa carrière. Y'a plus qu'à...