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Et si Matthew Strazel ne nous avait pas gratifié d'une action à quatre points mémorable pour arracher la prolongation – puis la victoire – contre le Japon ? L'équipe de France masculine de basket aurait sans doute passé le cut des poules, mais aurait probablement hérité de Team USA en quarts de finale. Un favori évité pour foncer droit dans un autre.
Car la déroute – prévisible – lors du dernier match de poule contre l'Allemagne a précipité les Bleus dans les bras du Canada, soit le deuxième grand favori de ce tournoi olympique. Ce qu'il fallait éviter, mais le mal est fait. Désormais, les Français aborderont leur quart de finale en position d'outsider, et l'on voit mal comment ils pourraient réaliser ce qui serait un véritable exploit.
Car depuis quelques saisons, la progression canadienne est impressionnante. Elle s'est définitivement matérialisée par une quatrième place lors de la Coupe du monde 2023, quand les Bleus ferraillent pour la 17ᵉ après une première phase totalement foirée. Dès lors, on savait que cette équipe se présenterait pleine puissance aux JO, et ça n'a pas loupé.
Le prétendu "groupe de la mort" avec Australie, Grèce et Espagne ? Trois victoires en trois matchs. Certes, les écarts ne sont pas faramineux, mais dans les moments chauds, impossible de rivaliser avec la bande à Shai Gilgeous-Alexander qui, sans surprise, a confirmé sa deuxième place au classement du MVP de saison régulière en NBA avec une compétition solide à 19 points de moyenne.
Le pire, c'est que ce n'est même pas le meilleur marqueur de son équipe, un rôle qui revient à RJ Barrett (21 points). Mais c'est surtout un état d'esprit qui anime le Canada, candidat déclaré à l'or – comme la France, certes – mais qui joint réellement le geste à la parole. Au contraire d'une équipe de France qui sombre sur et en dehors du terrain.
Une déclaration d'Evan Fournier après le match contre l'Allemagne, "Par moments, on se trompe dans la façon dont on veut jouer. De nos jours, la meilleure défense reste l’attaque, ce n’est plus le jeu des années 1990 ou 2000 où tu pouvais vraiment défendre demi-terrain" a mis le feu aux poudres. Le sélectionneur a regretté ces mots devant les caméras, ne faisant que rajouter de l'huile sur le feu.
Problème, les critiques de Fournier sont fondées. La phrase "On ne pourra pas battre qui que ce soit sur ces prochains matchs si on ne met que 71 points" fait très mal à lire, et elle a dû être difficile à entendre pour les autres Français. Tout simplement parce qu'elle est vraie.
Et cette équipe, que le sélectionneur présentait avant la compétition comme ayant "une identité défensive" a déjà encaissé deux fois plus de 80 points. Pas la peine de faire le calcul, la balance est négative. Face à une équipe ayant le plus fort potentiel offensif derrière les États-Unis, et dont la majorité des points viennent de l'extérieur, on imagine déjà le massacre. À moins que…
À moins que cette équipe, vantée comme un savant mélange de jeunesse et d'expérience, menée par un talent générationnel et cornaquée par un ou deux vétérans rompus à ce genre de rendez-vous, ne réussisse enfin à se sublimer. Qu'elle sorte les muscles comme promis, qu'elle se montre à la hauteur de ses ambitions pré-JO. Oui, c'est quasiment tout ce que l'on peut espérer, car dans le jeu, l'écart est trop grand. Tout comme le risque de voir une génération terminer dans l'anonymat, voire pire, exploser totalement. L'orgueil, et si c'était tout ce qui restait ?
