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La victoire ou la honte ? L'équipe de France masculine de basket était une candidate déclarée à la médaille, mais une phase de poule tout sauf convaincante avait clairement remis cet état de fait en cause. Mais surtout, elle avait précipité les Bleus dans les bras du Canada, soit sur le papier une équipe supérieure, plus talentueuse et grande favorite de ce quart de finale.
Mais Vincent Collet avait tenté un coup de poker en mettant Rudy Gobert sur le banc. Propulsé titulaire, Guerschon Yabusele fluidifiait le jeu tricolore des deux côtés du terrain, et menait un bon début de match de la France. Mais l'homme du début de match était Isaïa Cordinier, qui envoyait deux bombes en 15 secondes pour faire un premier réel écart.
Après 5 minutes, les Bleus menaient de 11 points dans une ambiance de feu. Les Canadiens passaient plus de 5 minutes sans inscrire le moindre panier et semblaient totalement perdus. 23-10 après un quart temps, l'incrédulité est de mise, les attaques sont posées, maîtrisées, et la défense est en feu : était-ce la même équipe qu'en phase de poules ?
Bien évidemment, il fallait s'attendre à un réveil canadien, et notamment de la part de Shai Gilgeous-Alexander, qui enfilait enfin les paniers mid range. Mais pas de quoi lancer une réelle révolte. Les Bleus appuyaient fort dans la raquette, envoyant Mathias Lessort pilonner la peinture et sanctionner sur la ligne des lancers. Le Canada était extrêmement décevant, hormis SGA, et à la pause, les Français avaient même accentué leur avance (45-29). Un scénario totalement imprévu et incroyable.
Mais encore fallait-il cultiver ce nouvel élan au retour des vestiaires, et espérer que la pause n'ait pas fauché en plein vol les ambitions françaises. Un challenge inutile, inapproprié et perdu par Collet semblait atténuer le momentum, et les Canadiens commençaient à grignoter leur retard. Cependant, il n'y avait pas de raison de paniquer.
C'est pourtant exactement ce qu'allaient faire les Bleus. Des fautes évitables, des mauvais choix en attaque, mais heureusement, un somptueux Mathias Lessort régnait en maître dans la raquette et gobait du rebond à tout va. De quoi conserver 11 points de marge (61-50) à dix minutes du terme.
On sentait toutefois les Bleus commencer à trembler, cafouillant quelques séquences défensives, mais le Canada n'était définitivement pas dans un grand soir. Des lancers laissés en route, des fautes offensives inopportunes, rien n'allait, mais paradoxalement, les Bleus n'avaient pas tué le match. Et commençaient à multiplier les fautes, ce qui leur coûtait Frank Ntilikina.
L'adresse disparaissait, le Canada, sans être extraordinaire, revenait à 5 points avant une énorme bombe signée Evan Fournier. Le matelas de sécurité semblait suffisant, mais une interception bien sentie de Luguentz Dort faisait encore chanceler la France. C'est finalement Fournier qui sera l'homme de la fin de rencontre, rentrant un trois points monstrueux depuis le fond du parking à 50 secondes de la fin pour mettre le couvercle sur un match incroyable.
L'équipe de France s'impose finalement 82-73 et sera bien présente dans le dernier carré. C'est inattendu, mais les Bleus ont enfin trouvé la formule et montré le visage qu'on espérait voir depuis le début de la compétition, au meilleur moment. Rendez-vous pour la revanche face à l'Allemagne en demi-finales, mais si les Français affichent encore une fois ce visage, le rêve de médaille pourrait bien devenir réalité.
