Aaron Gordon, l'indispensable homme de l'ombre des Denver Nuggets
Et parfois, comme lors de la victoire ramenée vendredi de Miami (108-95) qui a permis aux Nuggets de s'approcher tout près d'un premier titre de champion NBA, il arrive que toute cette débauche d'énergie ramène en plein lumière un homme qui avait accepté de se mettre dans l'ombre des stars de sa nouvelle équipe.
Ses 27 points, avec une adresse diabolique à 11/15, ont été prépondérants au troisième succès de Denver, à qui il n'en manque plus qu'un dans cette finale pour décrocher le Graal. Et son activité débordante ne s'est pas limitée au scoring, puisqu'il a réussi également 7 rebonds, 6 passes et 2 interceptions.
"Il nous a fait gagner le match", a résumé Nikola Jokic, que Aaron Gordon a parfaitement relayé en attaque, avec ses 15 points dans le deuxième quart-temps, quand le Serbe se faisait soigner sa cheville droite qui avait légèrement tournée quelques minutes plus tôt.
"Un guerrier"
"Il était notre meilleur joueur sur le terrain. Si vous vous sacrifiez pour quelque chose de plus grand que vous, pour l'équipe, ça fait de vous un grand coéquipier", a insisté le double MVP, en rappelant que l'ailier fort "occupe un rôle différent" avec Denver qu'avec Orlando, dont il était "probablement le meilleur joueur".
"Aaron nous a portés offensivement. Il a tout fait pour nous ce soir. Il a été énorme, il s'est comporté comme un guerrier des deux côtés du terrain", l'a complimenté son entraîneur Michael Malone, grand artisan de la transformation du joueur depuis deux ans et demi qu'il a débarqué dans le Colorado.
Car le joueur, aujourd'hui âgé de 27 ans, n'avait pas une telle panoplie dans son basket lors de ses jeunes années au Magic, où son explosivité lui a valu le surnom quelque peu pompeux d'"Air Gordon". Il fallait donc mieux exploiter ses qualités athlétiques exceptionnelles (2,03 m, 107 kg) pour en faire un basketteur capable d'être multi-tâches.
"En arrivant, je sentais que j'allais être plutôt un défenseur pour cette équipe, qui avait Jokic, un double MVP sachant tout faire en attaque, Jamal Murray, capable de planter 50 points, et Michael Porter Jr un des meilleurs shooteurs au monde. Je savais donc qu'il fallait leur faciliter la tâche. Et c'est ce que j'aime faire", a expliqué l'intéressé au sortir de la meilleure performance de sa carrière en playoffs.
"Améliorer mon QI basket"
La maturité aidant et le fait de grandir aux côtés de l'actuel meilleur joueur de la planète, Nikola Jokic, avec lequel les automatismes sont criants, en témoigne les dunks en alley-oop que le Serbe lui offre régulièrement, ont permis aussi à Gordon mieux choisir ses tirs, sans les forcer, avec pour récompense une excellente réussite, sur la série face au Heat (66,7% dont 71,4 derrière l'arc).
"Je joue avec un des basketteurs les plus intelligents du monde. Je dois donc améliorer mon QI basket pour l'aider", faisait récemment observer l'ailier.
Ce qui ne l'empêche pas de faire parler sa puissance et de mettre de l'intensité, chose dont il a pris l'habitude en débuts de matches, comme pour donner le ton. Ses 12 points au premier quart-temps du premier match avaient ainsi mis à mal le Heat, qui n'avait jamais vraiment pu s'en remettre.
"C'est pour ça qu'on l'a recruté, a souligné Jamal Murray vendredi soir. Il se bat comme un chien, il est fort, il est physique, il est dur. Mais il est détendu aussi. Il rassemble tout le monde en dehors du terrain et c'est un joueur altruiste. Il a été solide pendant toute la durée des play-offs, vraiment excellent."
"Il veut juste gagner, comme nous tous", a conclu l'arrière canadien.