Après avoir franchi la barre des 50, Victor Wembanyama va passer au révélateur Anthony Davis
La saison de Victor Wembanyama, sa deuxième en NBA, vient enfin de prendre un premier coup d'accélérateur. Dans la nuit de lundi à mardi, il signait une performance à 34 points et 14 rebonds contre les Kings. Pas l'équipe la plus réputée pour sa défense intérieure, mais tout de même, voilà qui permettait de faire chauffer la machine. Et cela s'est confirmé lors du dernier match face aux Wizards.
En terme purement statistique, Wemby a sorti le plus grand match de sa carrière : 50 points à 18/29 au tir dont 8/16 à trois points. Une adresse enfin décente depuis trois matchs, ce qui lui facilite grandement la tâche. L'occasion d'une première grosse exposition médiatique après un début de saison mi-figue, mi-raisin sous les couleurs des San Antonio Spurs.
Les stats brutes sont pourtant au rendez-vous : 22.3 points, 10.2 rebonds, et il est déjà le meilleur contreur de la ligue avec pas moins de 3.8 blocks par rencontre. On n'est pas encore au record de 5.56 par match de Mark Eaton, mais un deuxième titre de meilleur contreur est déjà sur les rails. Mais là où l'alien français a particulièrement été critiqué, c'est sur son adresse à trois points.
Un bien piètres 34.3% de réussite, ce qui ne serait pas forcément dérangeant s'il ne prenait pas quasiment autant de tirs derrière l'arc (8.3) que devant (8.7). Ainsi va la NBA, désormais à genoux devant le tir à trois points, ce qui a pour conséquence que toutes les équipes actuelles prennent plus de tirs primés que les Warriors 2015, qui, on s'en souvient, avaient révolutionné le genre. Mais c'est un autre débat.
Le problème, c'est que quand on voit Wemby envoyer un affreux 4/13 à trois points face à Utah au lieu d'aller pilonner une des pires défenses de la ligue, cela pose question sur son utilisation. Et cela le rend forcément dépendant de son adresse, qui n'est pourtant pas supposée être son arme principale. Et si il a redressé le tir depuis trois matchs derrière l'arc, tout ceci est bien trop fragile, et le bilan des Spurs, qui viennent tout juste de revenir à 50% de victoires, s'en ressent.
De plus, il ne fait pas se mentir, dans une NBA toujours plus tournée vers l'attaque, un match à 50 points n'est plus un évènement. 22 performances de ce type ont eu lieu rien que la saison dernière. Et c'était face aux Wizards, là aussi une des pires défenses de la NBA. Heureusement, une magnifique occasion d'enfoncer le clou s'offre à lui dès la nuit prochaine, avec la réception des Los Angeles Lakers.
Pour l'instant, les Spurs n'ont rencontré que trois "poids lourds" de la conférence Ouest, ne s'imposant que contre les Wolves après avoir trop facilement cédé contre les Mavericks et le Thunder. Face à une équipe des Lakers qui a réussi son début de saison, et qui reste sur trois victoires de rang, c'est un bon moyen de tester cette forme récente pour San Antonio, et d'afficher quelques ambitions de playin.
Mais pour Wembanyama, le match dans le match sera sans nul doute croustillant avec celui que beaucoup considèrent comme le meilleur joueur NBA depuis le début de saison : Anthony Davis. Ces deux joueurs font logiquement partie des grands favoris pour le trophée de Defensive Player Of the Year, et en vue de cet objectif, l'affrontement a donc une importance pour marquer les esprits.
D'autant que les deux se sont croisés deux fois la saison dernière, et difficile de trancher un vainqueur de cette joute. Le premier combat, en décembre dernier, avait d'ailleurs donné lieu à une sacrée empoignade : 37 points, 10 rebonds pour AD, 30 points, 13 rebonds, 6 blocks pour Wemby ! De quoi ravir les amateurs de stats, mais aussi permettre de soulever quelques questions.
Clairement, les deux avaient choisi leur spot : la peinture pour Davis, le large pour Wembanyama. Le Laker avait imposé sa puissance dans la raquette, n'avait pas hésité à jouer de son mid range en prime, mais globalement, l'intérieur était pour lui, alors que Wemby avait réussi à le mettre en difficulté en le sortant de sa zone de confort. Et c'est clairement ce qu'il faudra faire cette nuit.
Cette saison, chez les pivots, seul Domantas Sabonis a réellement pris le meilleur sur Davis. Et on connait l'avantage mental que Jokic a sur le pivot des Lakers : mais Wembanyama n'est pas de ces joueurs là. Plus mobile, plus au large, il tentera de faire bouger au maximum son adversaire, et là est la clé pour aller signer une grosse perf' offensive.
Mais c'est bien en défense sur AD qu'il sera le plus attendu. Car son adversaire va arriver dans la foulée d'un début de saison plus que réussi. Deuxième meilleur marqueur de la ligue avec 30.2 points de moyenne, à 56% de réussite au tir avec 10.8 rebonds en prime, Anthony Davis, à 31 ans, est clairement dans la course pour aller chercher un MVP qu'on lui promettait en début de carrière.
Et au vu de la forme physique de Davis, et de la domination qu'il impose tous les soirs, le challenge est à la hauteur des ambitions de Wembanyama. Néanmoins, ce dernier n'est pas tourné vers cet objectif là. "Ma première pensée est de faire en sorte que le reste de nos performances, le reste de nos matchs, fasse oublier celui-ci. Je veux qu'à l'avenir, ce match ne soit qu'un match parmi d’autres" claquait-il au sortir de son match à 50 points, pour rappeler que "There's no I in team".
Mais entre mettre 50 points contre les Wizards et 35 points sur la truffe d'Anthony Davis, qu'est-ce qui aurait le plus de valeur ?
