Il était temps : le Orlando Magic a enfin retiré le maillot de Shaquille O'Neal
Dans la nuit, le Oklahoma City Thunder, en lutte pour la première place de la Conférence Ouest, est logiquement venu s'imposer sur le parquet du Orlando Magic. Mais là n'était pas l'essentiel pour le public floridien. Non, le plus important, c'est que 28 ans après son départ de la franchise, et près de 13 ans après avoir annoncé sa retraite, Shaquille O'Neal a enfin vu son maillot monter au plafond de l'Amway Center.
Puisqu'on est dans les dates, c'est près de 11 ans après que les Lakers aient retiré son maillot, le 2 avril 2013. Les puristes répondront - à raison - que c'est avec la franchise californienne qu'il a connu ses heures de gloire. C'est là-bas qu'il a gagné trois de ses quatre titres en carrière, qu'il a remporté son seul trophée de MVP (qui aurait dû être unanime), qu'il a acquis sa réputation et son surnom de "Most Dominant Ever".
Mais c'est à Orlando qu'il a débuté dans la ligue. Le Magic avait eu la chance de bénéficier du first pick de la draft 1992, et il n'a fallu qu'une demi-seconde au management pour choisir ce pivot de 2.16 mètres pour pas loin de 150 kg qui semblait déjà inarrêtable en université. Et inarrêtable, le mot est bien choisi.
Ses quatre saisons à Orlando sont inoubliables. Il est rare qu'un rookie débarque et change le game à lui tout seul. Malheureusement, c'est une période sous-estimée de sa carrière. Sans doute parce que ce qu'on a retenu dans une NBA qui commençait déjà à se tourner vers les highlights au lieu de se concentrer sur l'essence du jeu, c'est que la ligue a été obligée de renforcer ses panneaux de basket parce que le Shaq les brisait en mille morceaux.
Pourtant, en quatre ans à Orlando, Shaquille O'Neal, c'est plus de 27 points, 12 rebonds et 3 contres de moyenne. Des stats hallucinantes pour, on le rappelle, ce qui était ses quatre premières saisons dans la ligue. Mais qui ne lui ont offert qu'un seul podium du trophée de MVP (2e en 1995) et aucune sélection en All-NBA First Team. Une autre époque.
Un point matérialisé par son départ d'Orlando. En 1996, il devenait agent libre pour la première fois de sa carrière, et pouvait donc signer où bon lui semblait. Il avait mis le Magic sur la carte, lui faisant atteindre les finales NBA en 1995, six ans seulement après sa création. Pourtant, la Floride n'était pas "crazy about Shaq". Les fans considéraient qu'il ne valait pas les 115 millions de dollars offerts par la franchise pour le re-signer.
Les Lakers ne se sont pas posés de question. 120 millions de dollars sur sept ans, bienvenue en Californie, "Big Aristotle" ! Une hérésie quand on voit la facilité avec laquelle sont distribués les billets verts depuis quelques années pour des joueurs pas toujours de premier plan. Certes, les rumeurs voulaient que l'entente avec Penny Hardaway n'étaient pas au beau fixe, mais ce n'était pas la principale raison.
D'une part, le Shaq ne s'entendait pas avec son coach Brian Hill, se sentant bridé - qu'est ce que cela aurait été s'il se sentait libéré ! - mais surtout, la première offre du Magic était de 54 millions de dollars sur 4 ans ! 13.5 millions l'année pour un joueur ultra-dominant en 27/13, vous avez bien lu. Pendant ce temps, Alonzo Mourning, n°2 de draft derrière lui, signait pour 105 millions de dollars et 7 ans pour le Heat. Et pour le Magic, c'était clair : pas question d'offrir plus de 15 millions par an à sa superstar.
Un sacré "What If" : et si le Shaq avait passé toute sa carrière à Orlando ? Où en serait le Magic dans la hiérarchie des franchises NBA ? On rappelle que cette équipe attend toujours son premier titre NBA, malgré une nouvelle finale en 2009. Mais le duo O'Neal - Hardaway de l'époque était clairement l'un des meilleurs de NBA, et l'on se demande encore comment la franchise a pu le laisser filer. Aujourd'hui, il aurait une proposition de contrat supermax dès l'ouverture de la free agency. Vraiment une autre époque.
Est-ce pour cette raison que le Magic a mis autant de temps à retirer son maillot ? De nos jours, on sent les équipes rancunières avec certains joueurs au point de faire traîner ces hommages (Vince Carter n'a toujours pas son maillot retiré à Toronto par exemple). Il y a probablement un peu de ça dans ce retrait tardif. Mais au moins, le premier maillot retiré de l'histoire de la franchise est celui du meilleur joueur de son histoire. Indiscutablement.