La demande de trade de Lillard, une preuve de plus que la parole ne vaut rien en NBA
"Mon cœur est à Portland. Je veux gagner. Je sais que j'ai un plan qui va me mettre à mon meilleur niveau quand je reviendrai jouer. Et je veux que notre équipe s'adapte à cela." Damian Lillard, 9 février 2023, NBA.com
"Il veut être ici et il veut que l'équipe s'améliore". Shams Charania, un des deux insiders NBA les plus renseignés, avril 2023.
"Jamais je ne ferai ça. Je préfère tout donner seul sur le terrain que de faire ça". Damian Lillard, sur la possibilité qu'il rejoigne une SuperTeam, en 2021, NBA.com.
” Les gens m’ont souvent dit dans ma carrière que j’aurais dû quitter mon équipe (...) l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs, et tu ne sais jamais comment ça va se passer ailleurs, comment l’équipe va te voir, surtout quand tu te blesses comme ça lui est déjà arrivé. Et la plupart des gens qui lui disent de partir n’auront pas à vivre avec les conséquences de son départ, si jamais ça ne fonctionne pas.” Damian Lillard, interrogé en conférence de presse sur le futur de Shai Gilgeous-Alexander, décembre 2022.
On pourrait continuer pendant des heures, mais vous avez compris l'essentiel : "Dame" n'a cessé de jurer fidélité aux Portland TrailBlazers depuis son arrivée en NBA, rejetant l'idée d'une association de stars pour remporter une bague. Pourtant, hier en fin d'après-midi, le couperet est tombé, et le meneur All-Star a officiellement demandé son trade. En précisant bien qu'il voulait aller au Miami Heat.
Des années qu'il balaye d'une main toutes les questions autour d'un départ de Portland. Des années à indiquer qu'il veut être là, qu'il veut gagner aux Blazers, pour finalement demander un trade. Une désillusion de plus pour les fans de loyauté en NBA.
Soyons clairs : il n'est pas une obligation d'être loyal. Il n'est pas interdit de demander un trade. Mais on parle de joueurs NBA payés des millions, et qui pourrait à minima faire l'effort de se payer un conseiller en communication décent. Ou mieux, faire ce qu'ils ont dit.
Voilà 11 ans que Lillard est en NBA, 11 ans que tout le monde lui répète de partir pour gagner une bague, 11 ans qu'il répond "non". Pour finalement dire "oui", et en plus rejoindre - former, c'est au choix - une SuperTeam (Oui, Lillard + Butler + Adebayo = SuperTeam). C'est décevant.
Malheureusement, c'est devenu une coutume au royaume du "Player Empowerment". Les joueurs font ce qu'ils veulent et n'auront pas de comptes à rendre. Mais surtout, il peuvent raconter n'importe quoi, et tout le monde s'en fiche. Exemple avec Paul George, qui a connu trois franchises en carrière, et qui a déclaré au cours de chaque passage sa volonté de prendre sa retraite dans chaque équipe. Pas besoin d'être un génie pour comprendre que c'est impossible.
Mais le problème, comme souvent dans ce genre de situation, c'est l'argent. Car l'été dernier, Damian Lillard a signé une monstrueuse extension de contrat qui le verra gagner plus de 63 millions de $ en 2026/2027 - à l'époque, il avait encore réaffirmé sa volonté de finir sa carrière à Portland. Le système étant ce qu'il est, il touchera ce montant où qu'il soit.
Et durant ces dernières années, on a vu de plus en plus de joueurs s'accrocher à leur contrat au détriment du reste. John Wall qui a préféré rester un an en costard pour être sûr de toucher une player option à plus de 45 millions en est la parfaite illustration.
Bien sûr, Lillard - si le transfert vers Miami se réalise - rejoindra une équipe qui se battra pour le titre. Mais au moment de signer cette précieuse extension, il était clair que c'est à Portland qu'il allait toucher le pactole. La franchise ne l'aurait pas resigné sinon.
Quitter sa franchise de toujours pour aller à la chasse au titre, Lillard n'est pas le premier à le faire. Et pas le dernier, aucun doute là-dessus. Mais on a suffisamment raillé les franchises qui faisaient ce qu'elles voulaient des joueurs pour ne pas faire pareil à ces derniers. Car il y a une différence entre partir à un an de la fin de son contrat en ayant planifié son départ en amont, et mettre la franchise au pied du mur.
Bien évidemment, ce n'est pas non plus la surprise du siècle, cette demande de trade. Et dans six mois, on n'en parlera quasiment plus. Et le mieux que l'on puisse souhaiter à "Dame Dolla" - un surnom opportun - c'est de gagner le titre. Mais si c'est le cas, cela laissera un goût amer au fond de la bouche, et les souvenirs de ce 1er juillet 2023 viendront ressurgir. Ce jour où une fois encore, une superstar NBA a renié sa parole. Sauf si d'autres l'ont imité d'ici là.