La fin de la dynastie des Golden State Warriors se rapproche à grands pas
Le coup d'accélérateur est salutaire. Les Rockets venaient d'enchaîner 11 succès consécutifs, et se présentaient comme des candidats surprenants au playin. Alors, les Golden State Warriors ont relevé le gant, et les résultats récents le prouvent : 5 victoires d'affilée avant de défier les Spurs de Victor Wembanyama la nuit prochaine.
Un chant du cygne ? On aurait tendance à le croire. Car la saison des Californiens n'est clairement pas de bonne qualité. En octobre, on savait qu'elle serait cruciale, avec la fin de contrat à venir de Klay Thompson et bien entendu le vieillissement général de l'effectif. D'où la surprise plus tôt dans l'intersaison au moment du trade qui a ramené Chris Paul au sein des Warriors.
Un transfert qui a amené son lot de questions. Certes, sacrifier Jordan Poole n'est pas non plus la pire idée qui soit - la saison actuelle l'a prouvé - mais quand votre principal renfort est un joueur qui aura 39 ans le mois prochain, n'est-ce pas un aveu d'impuissance ? Mais c'est surtout son utilisation qui allait être scrutée de près. Spoiler : ce n'est pas une grande réussite. Ses moyennes sont ses plus basses en carrière, et l'on se demande finalement ce qu'il fait là.
Une blessure a certes retardé son intégration, mais on l'imaginait titulaire pour former un backcourt minimaliste avec Stephen Curry. Les Warriors ont imposé le small ball, pourquoi ne pas tenter l'ultra small ball ? Un 5 majeur Paul - Curry - Thompson - Andrew Wiggins - Draymond Green semblait être l'occasion pour les Warriors de mourir avec leurs idées. Mais encore fallait-il que tout le monde joue à son niveau.
Deuxième spoiler : cela n'a pas été le cas. Un homme symbolise bien entendu cet état de fait : Draymond Green. Les spéculations étaient nombreuses sur un possible départ à l'intersaison, même s'il fait partie de ces joueurs que l'on imagine mal sous un autre maillot que celui de la franchise qui l'a drafté. Les Warriors l'ont re-signé par respect pour sa carrière, ou alors en espérant qu'il soit toujours aussi fondamental que par le passé ?
Une question sans réponse, même si son importance est réelle sur certains matchs. Sauf que pour lui, la saison se résume à un nombre : 17. Soit le nombre de matchs de suspension dont il a écopé, d'abord pour sa strangulation sur Rudy Gobert, et ensuite pour sa patate de forain sur Jusuf Nurkic. De là à dire qu'il n'aime pas les pivots européens, il n'y a qu'un pas que nous ne franchirons pas.
Alors que les joueurs en contract year ont souvent un surcroit d'envie pour re-signer un gros contrat, Klay Thompson est au coeur de sa pire saison depuis dix ans. Au point de parfois devoir laisser le spot au rookie Brandin Podziemski, pourtant pas le plus impressionnant de sa cuvée. Kevon Looney, fondamental dans le sacre de 2022, est totalement mis de côté. Quand à Andrew Wiggins, son importance a reculé, tout comme son temps de jeu et ses stats. Au point qu'on se réjouit de l'éclosion de Trayce Jackson-Davis, qui n'a pourtant rien fait d'exceptionnel.
Au final, que retenir de la saison des Warriors ? Une nouvelle fois, Stephen Curry est la poutre, le filet de sécurité, 26.4 points à plus de 40% longue distance, un classique. Mais cela ne suffit plus, et malgré les prouesses du "Chef", le fait que l'équipe dépende de lui n'est plus un bon signe, contrairement à dix ans en arrière. Un bilan de 16-8 quand il inscrit au moins 30 points, et surtout, 5 défaites en 6 matchs sans lui.
L'exemple le plus criant est le meilleur match de la saison du double MVP. Le 4 février dernier, Curry sortait ses beaux habits pour en coller pas moins de 60 sur le bec des Hawks, histoire de prouver que lui au moins n'était pas fini. Résultat, une défaite en prolongation avec notamment un scandaleux 4/19 au tir de Klay Thompson, et histoire d'illustrer le manque de profondeur des Warriors, le deuxième meilleur marqueur de son équipe n'était autre que... Lester Quinones !
Voilà qui donne à réfléchir avant d'aborder le playin, par lequel Golden State devra passer. Et si le classement en restait là, il faudrait donc se coltiner les Lakers dans leur antre pour un match à la vie, à la mort. Un match que les Warriors sont en mesure de gagner, comme tous leurs matchs dans l'absolu, mais rien qu'à regarder l'effectif, les saisons individuelles, la profondeur, la défense, il est cohérent d'affirmer que les Californiens ne seront pas champions NBA cette saison.
Reste bien sûr la glorieuse incertitude du sport. Mais cela ne suffit plus, et c'est sans doute la fin d'une dynastie qui arrive sous nos yeux. Les Warriors ont révolutionné le basket au milieu des années 2010, imposant le small ball qui est désormais largement pratiqué. Mais s'ils ont su ressortir de leur boîte en 2022 pour rafler un dernier titre, ils sont désormais à la traîne.
Les bagues raflées par Milwaukee puis Denver orientent vers la construction patiente et intelligente d'une équipe autour d'un joueur générationnel. Et des joueurs générationnels, la NBA n'en manque pas. Pendant que l'avenir appartient aux Luka Doncic, Victor Wembanyama ou autres, les Warriors glissent lentement vers la fin de leur ère. Il ne faudra pas oublier ce qu'ils ont produit, mais l'heure est sans doute venue de tourner une grande page. En espérant ne pas gâcher la fin de carrière de Steph Curry, et en espérant surtout une implosion qui serait dommageable après une telle domination.