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La première saison NBA de Victor Wembanyama était très réussie, place à la suite

Sébastien Gente
Retour sur l'an I de l'Alien.
Retour sur l'an I de l'Alien.AFP
Performant sur le terrain, adoubé par la majorité de la ligue : Victor Wembanyama a répondu aux immenses attentes sur sa place en NBA. Le futur est prometteur, mais pour l'instant, c'est l'heure de faire le bilan.

En termes de hype, d'attentes, d'expectatives, la saison rookie de Victor Wembanyama était la plus attendue depuis celle d'un certain… LeBron James. Rien que ça. Certains prospects avaient soulevé une certaine hype (Blake Griffin, Anthony Davis, Zion Williamson…) mais c'est bien aux débuts du King qu'était comparé celui qu'on appelle désormais Alien. 

Sur un plan physique d'abord, certaines craintes ont été effacées. Bien qu'ayant manqué le dernier match des San Antonio Spurs hier soir, Wemby aura joué au final 71 matchs sur 82. Un total qui est tout à fait correct, avec quelques mises au repos par ci, par là, et une cheville douloureuse, mais globalement, on est loin des craintes du début de saison, que ce soit en termes de rythme, de blessures ou autres. 

Certes, le temps de jeu est un chouïa décevant, avec moins de 30 minutes par match (29.7). Mais ce n'est pas non plus comme s'il avait été préservé outre mesure. Son équipe ne jouait rien, et il a forcément été sorti avant la fin sur de nombreux matchs où le résultat était déjà scellé. Et avec une pointe à 43 minutes lors d'une défaite en double prolongation aux 76ers (un soir de 33 points/18 rebonds/7 contres), nul doute qu'un temps de jeu supérieur ne nuira pas à l'avenir. D'ailleurs, il n'est pas descendu en dessous des 30 minutes sur ses 8 derniers matchs. 

Un des nombreux soirs où il a sorti une ligne de stat' exceptionnelle, voire historique. Et il y en a eu donc. Statistiquement, la première saison de Wembanyama est une immense réussite, pour plusieurs raisons. La première est la plus évidente, puisque le Français est tout simplement le meilleur contreur de la NBA, avec 3.57 blocks par match (une moyenne plus atteinte depuis Hassan Whiteside en 2015/2016, 3.68).

Mieux encore, le deuxième contreur de la saison, Walker Kessler, est à 2.4 blocks par match, c'est dire la domination du Français dans ce domaine. Il a atteint les 10 contres dans un match (contre les Raptors le 12 février) et à ce rythme, le légendaire record d'Elmore Smith datant de 1973 – 17 contres en un match –, pourrait tomber. Du délire, sans compter les incroyables highlights que Wemby a offert dans ce domaine. 

Sur le plan purement statistique, sa moyenne de 21,4 points - 10,6 rebonds - 3,9 passes - 3,6 contres - 1,2 interceptions est de qualité Mais ce n'est pas tout. Le 23 janvier dernier, Victor Wembanyama est allé réaliser un five by five, soit au moins cinq unités dans ces cinq principales catégories statistiques de la NBA. Une ligne de stat' de 27 points/10 rebonds/8 passes/5 interceptions/5 contres pour aller chercher une performance qui n'est pas inédite – il est le 15ᵉ joueur à y être parvenu – mais tout de même spéciale. 

C'est entrer dans la catégorie des joueurs all around, capables de tout faire et de tout bien faire. Ce n'était d'ailleurs plus arrivé depuis 2019 en NBA, Jusuf Nurkic prime était le dernier à y être parvenu. Mieux, il est seulement le deuxième à l'avoir fait en étant rookie, et le plus jeune bien entendu, signe de précocité alors que la veille de cet exploit, il ne manquait qu'une passe décisive pour y parvenir. Il aurait donc pu le faire en back-to-back, ce qui aurait été une première. 

Mais pour lui, les stat' ne sont pas primordiales. En conférence de presse, à la sortie de ce five by five, il n'était pas enjoué. "Pour moi, c'est secondaire. J'espère qu'à l'avenir, nous pourrons regarder en arrière et voir cela comme une bonne performance, mais aujourd'hui, je ne peux pas être satisfait d'une défaite." Tout est résumé, car puisqu'on parle de chiffres et de stat', il faut bien mentionner qu'en termes de bilan collectif, les Spurs terminent avec 21 victoires pour 61 défaites… soit une victoire de moins que l'an dernier, où la saison était clairement sacrifiée pour "tanker" et rafler Wemby à la draft. 

Il faut bien évidemment tempérer ces chiffres. Cette saison non plus, les Spurs ne jouaient pas la qualification en playoffs. Le projet Wembanyama est sur le long terme, la première saison avait pour objectif de faciliter l'entrée de l'Alien dans la grande ligue, mais ne pas voir un mieux au niveau des résultats est une réelle déception. Pour aller à pieds joints dans les comparaisons douteuses, les Cavs étaient passés de 17 à 35 victoires pour la première saison de LeBron James, en ayant, eux aussi, sacrifié la précédente. 

Si la comparaison est douteuse, c'est parce que 1 - Wemby n'est pas et ne sera jamais le créateur principal de son équipe, 2 - comme précisé plus haut, le projet long terme est la norme en NBA quand on récupère un n°1 de draft, à fortiori un autant attendu, et 3 - les Spurs ont visiblement encore faim de lottery picks à la prochaine draft pour compléter leur roster. Sauf que le Français l'a dit et redit toute la saison, il ne veut pas attendre. 

D'où les bruits permanents sur la façon d'entourer le Français, car en NBA, personne ne gagne des titres tout seul. Pour en revenir à LeBron James, il a emmené une équipe franchement moyenne en finale NBA au bout de quatre ans, mais pour soulever le Larry O'Brien, il a dû attendre neuf ans et monter une des premières superteams de l'histoire pour parvenir à ses fins. Et depuis cette époque, la concurrence est devenue bien plus importante.

Un point capital alors que Wembanyama évolue dans une conférence Ouest absolument ultra-compétitive. Par exemple, sur le Top 10 du classement du MVP sur la saison 2022-2023, seuls trois joueurs sont allés jusqu'au titre : Nikola Jokic, Giannis Antetokounmpo et Steph Curry. Des superstars telles que Luka Doncic, Jayson Tatum, Jimmy Butler, Damian Lillard et on en passe n'ont toujours pas vu l'ombre d'un titre NBA. Et la concurrence se renforce saison après saison. Gagner le titre en NBA quand on est un grand joueur est tout sauf une garantie. 

Un point pris au sérieux par les Spurs, assurément. D'où les nombreuses rumeurs sur une amélioration de l'équipe pour la saison prochaine, histoire de franchir un premier palier. Un nouveau Top 5 de draft devrait venir renforcer l'effectif cet été, mais la priorité semble de donner à Wemby un meneur partenaire de pick'n'roll. Ainsi, on a vu passer beaucoup de rumeurs sur l'arrivée de Trae Young, qui a clairement le profil adéquat, des bruits renforcés par le tumulte à Atlanta, qui est en train de stagner. 

Un roster peu entraînant.
Un roster peu entraînant.NBA.com

Mais bien entendu, cela ne suffira pas. Les duos de stars, ils pullulent en NBA, et ce n'est pas assez. On l'a vu ces dernières années, Milwaukee puis Denver ont prouvé qu'on pouvait aller chercher le titre avec une construction d'équipe méthodique, intelligente, raisonnable. Seulement, certaines équipes sont bien trop pressées de gagner, et prennent des risques démesurés (coucou les Suns) où insistent avec un roster qui ne donne pas de clairs résultats comparativement à l'investissement (bonjour les Clippers).

Cependant, si les Spurs ont une réputation, c'est celle de ne pas prendre de risques inconsidérés. Le dernier n°1 de draft de la franchise s'appelait Tim Duncan, et il a contribué grandement à rapporter les cinq bannières qui trônent en haut du Frost Bank Center. C'était un joueur générationnel, comme Wemby, et la franchise a construit une dynastie pierre par pierre autour de lui. Ce qu'elle entend également faire avec l'Alien

Mais pour l'heure, les ambitions du Français vont trouver un autre écot. Car avant de penser à la suite en NBA, il y a un passage par la case Jeux olympiques qui l'attend. Et cet interlude estival pourrait aussi grandement impacter la suite de sa carrière. S'il a annoncé vouloir gagner en NBA, il a fait la même chose sur le plan international. Et puisque les JO ont lieu en France, c'est le moment d'assumer. 

Un moment crucial pour plusieurs raisons. Sans nul doute, au vu de sa saison, Victor Wembanyama sera le fer de lance de l'équipe de France, qu'il entend emmener le plus loin possible. Ce qui signifie gagner la médaille d'or olympique. Ce qui signifie donc vaincre les États-Unis, dont on sait déjà qu'ils se présenteront avec une véritable armada cet été à Paris. Pour l'instant, LeBron James, Steph Curry, Kevin Durant, Joel Embiid, Jayson Tatum, Devin Booker et Jrue Holiday sont annoncés, et ce n'est pas fini.

Battre cette constellation de stars – ce qui est clairement possible, ce qui a déjà été fait – signifierait beaucoup plus que de ramener le premier titre olympique de l'équipe de France de basket. Cela signifierait que son élan est capable d'entraîner une équipe vers la victoire, et pour la suite de sa carrière, l'impact pourrait être énorme. Car on parle de ramener de bons joueurs à San Antonio parce qu'ils pourraient croire à la possibilité de ramener une bague avec Wemby comme leader. 

Une donnée essentielle, parce que l'un des composantes pour gagner un titre, c'est d'avoir un effectif fourni, dense, et qualitatif. Sans parler d'attirer des "Ring Chasers", avoir des joueurs de bon niveau à tous les postes pour construire une équipe calibrée pour la lutte pour le titre est nécessaire. Emmener la France le plus loin possible en tant que principale arme offensive permettrait de poser de sacrés jalons pour le futur.

Car Victor Wembanyama a pour lui d'avoir mis les stars de la ligue dans sa poche. Florilège : 

"Je pense qu’il va changer le jeu" - Nikola Jokic

"C’est dingue à quel point il va être dominant" - Kevin Durant

"Son sens du jeu est incroyable. C’est ce qui est effrayant" - Giannis Antetokounmpo

"Imaginez à quoi ça va ressembler quand il aura 21, 22 ans" LeBron James

"On dirait un vétéran" Devin Booker

"Il est le futur de la NBA. On est en train d’assister à l'ascension du prochain grand joueur en NBA." Mike Malone, coach des Nuggets.

Un concert de louanges mérité, mais qui prouve l'aura dont fait déjà preuve Wemby dans la grande ligue. On bâtit autour d'un tel joueur, et cette cote de popularité, il sera temps de s'en servir quand son équipe aura progressé. Mais avant, les Spurs doivent faire le travail pour densifier le roster et promettre un an II encore plus impressionnant. 

En attendant, Victor Wembanyama va vraisemblablement être élu Rookie Of the Year, puisqu'autant il y avait encore match avec Chet Holmgren en début d'année, autant il est incontestablement au-dessus depuis trois mois. Murmuré pour le titre de Defensive Player Of the Year, son tour viendra probablement lors des prochaines saisons, le niveau défensif global des Spurs lui interdisant probablement une telle récompense. 

Et pour la suite… MVP, champion NBA, leader, franchise player, meilleur contreur, meilleur marqueur, meilleur rebondeur… Sky is the limit comme on dit Outre-Atlantique. On est partis pour 15 ans de Victor Wembanyama en haut de l'affiche, ce qui est tout sauf déplaisant. En attendant la suite, on peut déjà constater que sa saison de rookie est l'une des meilleures de l'histoire. Et ce n'est que le début.

Pas de limites pour Victor Wembanyama ?
Pas de limites pour Victor Wembanyama ?Flashscore
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