Le contexte
À l'Est, rien de nouveau. Tout le monde désignait les Boston Celtics grands favoris, et les Verts ont fait honneur à cette désignation contrainte et forcée. En termes de talent, de profondeur d'effectif, de statut, il était difficile de miser contre la bande à Joe Mazzulla, bâtie pour le titre, qui a traversé la saison régulière les mains sur le guidon. On attendait de voir ce que cette équipe donnerait en playoffs, on n'a pas été déçus.
Il n'y aura que les mauvaises langues pour avancer que les blessures adverses sont la principale cause de la présence des C's en finale : ce genre d'argument revient tous les ans, parce qu'il y a des blessures tous les ans, et les anticiper est compliqué pour n'importe quel staff médical. Mais c'est un autre débat.
Les Celtics ont assumé leur obligation de gagner, pris leur revanche sur le Heat, désossé les Cavaliers et mis fin au conte de fées des Pacers. À chaque fois, cela a été fait en maîtrise, en s'appuyant sur la force collective connue de tous. Bien sûr, les leaders ont fait leur travail, mais jamais Boston n'a donné l'impression de forcer. Ce qui pourrait se retourner contre eux si l'affaire devient serrée, mais il ne faut pas oublier que les C's vont récupérer Porzingis, absent la quasi-totalité des playoffs. Tous les feux sont au vert donc.
À l'Ouest, en revanche, difficile de désigner un unique favori en début de saison. Mais même en élargissant, les Dallas Mavericks n'étaient pas dans cette liste. Et pendant la première moitié de saison, on voyait pourquoi. Talentueuse au possible mais tellement irrégulière, l'équipe texane ne parvenait pas à s'installer durablement parmi les favoris. Mais la trade deadline a tout changé.
Le management a pris des risques, allant débaucher PJ Washington puis Daniel Gafford pour donner des vrais intérieurs à l'équipe et contrebalancer le backcourt que toute la NBA leur envie. Restait à faire fonctionner tout ça, et Jason Kidd a gentiment fait monter en pression son équipe, qui a terminé la saison régulière avec 16 victoires en 20 matchs.
Un élan sur lequel les Mavs ont surfé pour écarter les Clippers (enfin), puis ils se sont attaqués à la meilleure équipe de l'Ouest, le Thunder, et ont prouvé qu'ils étaient partis pour un grand run de playoffs. La finale de conférence contre des Wolves éreintés et édentés a été rapidement avalée, laissant le temps à l'équipe de refaire du jus en vue du grand rendez-vous.
Historique
Pas de confrontations en playoffs – logique – dans l'histoire des deux franchises. Elles se sont croisées deux fois en saison régulière – pour deux victoires des Celtics, mais difficile d'en tirer un enseignement. Les deux confrontations ont eu lieu pendant la trade deadline, donc pendant le remodelage de l'effectif des Mavs. Cette fois, les deux équipes vont s'affronter à pleine puissance.
En termes de palmarès, Boston est avec les Lakers l'équipe la plus titrée de l'histoire, avec 17 Larry O'Brien. Mais un seul au XXIe siècle (2008), soit autant que les Mavs (2011). Néanmoins, les Celtics sont bien plus réguliers à haut niveau, comme en témoignent leurs 6 finales de conférence sur les 8 dernières saisons.
Analyse des 5 de départ
Jrue Holiday vs Luka Doncic : Luka Magic est sans conteste le meilleur joueur de la finale. Et il sera donc crucial de limiter son influence le plus possible. Parmi les meilleurs défenseurs de la ligue, Holiday sera donc logiquement envoyé au charbon pour coller aux basques du Slovène. Une mission compliquée tant Doncic marche sur l'eau, mais le titre sera sans doute à ce prix.
Derrick White vs Kyrie Irving : Si Doncic marche sur l'eau, que dire d'Irving ? Uncle Drew est impeccable en deuxième option, ultra-complémentaire de son leader, et surtout, il est peut-être le joueur le plus expérimenté de cette finale. En face de lui, White, l'une des énormes révélations de la saison, un two-way player qui a régalé par ses coups de chaud offensifs, mais c'est en défense qu'il va devoir se donner cette fois.
Jaylen Brown vs Derrick Jones Jr : galvanisé par son titre de MVP des finales de conférences, Brown va arriver lancé comme un frelon. Après tout, il avait sans doute été le meilleur C's lors des Finals de 2022. Il dispose d'une match-up favorable, mais attention à DJJ, défenseur émérite, et qui voudra lock une des armes principales de Boston pour justifier son statut d'homme de l'ombre et prendre un peu de lumière.
Jayson Tatum vs PJ Washington : lui avait déçu en finale voilà deux ans. Nul doute que Tatum, leader incontestable de son équipe, voudra sa revanche, lui qui a passé la deuxième en finale de conférence. Il aura une belle opposition avec l'ancien Hornet, plus que ravi de jouer le titre, mais qui n'oublie pas le basket, tant il a été décisif notamment contre le Thunder.
Kristaps Porzingis vs Daniel Gafford : rencontre forcément particulière pour le Letton, jeté de Dallas alors qu'il devait devenir le lieutenant de Luka. Ainsi, il a retrouvé un poste à sa convenance dans la raquette verte, mais le physique craque toujours, puisqu'il n'a joué que quatre matchs de playoffs. Il retrouvera son ancien coéquipier des Wizards, qui joue dans un registre totalement différent, mais qui est une pièce essentielle des Mavs dont il a solidifié la raquette. Un affrontement de styles crucial.
Le banc
Avantage Boston en théorie, notamment parce que le retour de Porzingis permettra d'utiliser Al Horford sur de plus courtes séquences, ce qui devrait rendre le Dominicain plus dangereux en termes d'impact. Néanmoins, certains vont devoir hausser le ton sur les quelques minutes qui leur seront distribués, comme Payton Pritchard et Sam Hauser.
Dallas a toutefois quelques arguments à faire valoir, notamment Dereck Lively II, qui a réussi une performance historique en shootant à 10 % lors de la finale de conférence, et qui pèse de plus en plus dans la raquette. Le facteur X devra être Tim Hardaway Jr, décevant jusqu'ici, alors que Maxi Kleber devrait y aller de ses quelques minutes, en espérant qu'elles soient productives.
Pronostic
En début de saison, Boston était non seulement le favori de l'Est, mais aussi de toute la NBA. Il était logique d'estimer que l'équipe qui sortirait vivante de la jungle de l'Ouest serait sur les rotules avant de débuter sa finale, mais avec 5 matchs perdus, les Mavs ont assez bien négocié leur affaire, et ont eu quasiment une semaine pour se régénérer.
Dallas est une nouvelle force au demeurant, en tant que seule équipe de l'Ouest avec deux finales de conférence sur les 4 dernières saisons. Ce qui n'égale pas le bilan des Celtics, mais prouve que les Texans ont ce qu'il faut pour jouer au plus haut niveau. Malgré tout, en termes de qualité d'effectif, Boston est devant, et semble avoir plus de puissance de feu. Et a surtout été construit pour le titre, si bien qu'une défaite serait sans doute dévastatrice. Car au vu des risques pris à l'intersaison, les Celtics sont quasiment obligés de gagner, ce qui rajoute un surcroit de pression.
Mais les finales, c'est aussi une histoire de défense, de mental et d'exécution. Le plan de jeu des Celtics est plus léché, celui des Mavs potentiellement plus dévastateur. La bataille des coachs s'annonce particulière, sans réel favori, puisque les rotations seront de toute façon limitée. Difficile de choisir.
Alors on choisira l'équipe qui possède le meilleur joueur. Luka Doncic n'a jamais disputé de finales NBA, mais on voit mal le Slovène passer à côté. Et si la force collective de Boston parait supérieure, celle de Dallas n'est pas ridicule et sublimée par son génie, elle devrait surpasser la vague verte. 4-2 Dallas, tel est le pronostic, en espérant un suspense énorme et un niveau de jeu à la hauteur de l'évènement.
