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Le transfert de Bradley Beal voit les Suns franchir encore un cap en matière de superteams

Sébastien Gente
Bradley Beal va-t-il relancer sa carrière ?
Bradley Beal va-t-il relancer sa carrière ?AFP
La nouvelle est tombée hier soir, et à la surprise générale, c'est aux Suns que Bradley Beal va poursuivre sa carrière. Un trade qui pose question tant sportivement que financièrement, mais qui prouve encore une fois que certains sont prêts à tout pour un titre NBA.

En février dernier, les Phoenix Suns provoquaient un tremblement de terre sur la planète NBA en allant chercher Kevin Durant via trade contre une énorme contrepartie. Rien de plus normal pour s'offrir les services d'un Top 10 NBA Player. Cette fois, les Cactus ont envoyé un deuxième coup de semonce.

Avec l'arrivée de Bradley Beal - dont les Washington Wizards voulaient vraiment se débarrasser - un nouveau Big Three débarque dans l'Arizona. Mais s'il est impressionnant, ce trade soulève beaucoup de questions dans plusieurs domaines, et il est surtout une énorme prise de risques.

La saison prochaine, Bradley Beal touchera quasiment 47 millions de $ l'année. En rajoutant Devin Booker et Kevin Durant, cela fera plus de 130 millions engagés sur ces trois joueurs, conséquence de l'énorme deal signé par Beal l'été avec sa franchise des Wizards. Pire encore, en 2025/2026, ces trois joueurs coûteront à eux trois plus de 160 millions de $ ! 

Ce qui pose bien entendu un sacré problème en terme de salary cap, qui est fixé aux alentours de 134 millions pour la saison 2023/2024. Vous l'aurez compris, ce nouveau Big Three mange à lui tout seul la quasi totalité du cap. Quand à la luxury tax, elle est fixée à 162 millions, et si l'on ajoute la trentaine de millions engagée sur De'Andre Ayton (même s'il n'est pas sûr de rester), elle est déjà atteinte. 

Clairement, Matt Ishbia, propriétaire des Suns depuis début 2023, n'a pas froid aux yeux. Payer la luxury tax ? Visiblement, cela ne lui fait pas peur. Prendre des risques ? Idem. Bien évidemment, il existe plusieurs raisons à cela. 

Un risque monstrueux

La première étant que depuis trois saisons, la franchise qui a gagné le titre l'a fait avec un franchise player drafté sur place, qui a ensuite été entouré. Giannis Antetokounmpo aux Bucks, puis bien entendu Stephen Curry aux Warriors, et enfin Nikola Jokic aux Nuggets.

Des équipes à construction lente, qui ont eu des résultats à partir d'un certain moment. Les plus rapides à avoir un titre ont été les Warriors, six ans après la draft de Curry. Golden State et son architecte Bob Myers ont drafté intelligement, entouré comme il le faut celui en qui ils croyaient, et lancé une sorte de tendance.

Denver et Milwaukee ont emboîté le pas, pariant la maison sur leur franchise player, et rapportant petit à petit les pièces nécessaires à construire équilibrée susceptible de viser le titre. Devin Booker est considéré comme le leader de ces Suns, et il a été drafté en 2015. Certes, la saison 2021 fut sensationnelle, avec les finales en point d'orgue, mais hormis cela, c'est décevant. 

Et dans cette NBA où tout va très vite, et même si "Armani" est engagé contractuellement juqu'en 2017, nous somme dans l'ère du "player empowerment". Les joueurs sont désormais conscients qu'ils n'ont qu'à téléphoner au GM et dire "je veux être trade" pour mettre la panique dans la franchise à laquelle ils appartiennent. 

Visiblement, Matt Ishbia est conscient de cet état de fait. On laissera à chacun son avis pour savoir si Devin Booker est un talent générationnel ou pas, mais une chose est sûre, c'est un Top Player. Et ce genre de joueurs, plus il y en a dans une franchise, mieux c'est. Enfin en théorie (ou pour le business). 

Car en pratique, comme on l'a expliqué plus haut, rien ne vaut une équipe construite savamment. Les Suns ont tenté cette approche. En 2018, ils draftent DeAndre Ayton avec le first pick au lieu de Luka Doncic. Le but étant de créer un axe fort extérieur - intérieur avec des joueurs draftés sur place.

Puis ils sont allés chercher Chris Paul et son gros contrat pour jouer le rôle du chef de bande, du gestionnaire. Résultat, les Suns sont allés en finale, mais depuis deux ans, force est de constater que cette approche ne marche plus, et qu'il faut redynamiser l'ensemble. D'où l'arrivée de Kevin Durant à la trade deadline. Et donc celle de Beal.

De la place pour Beal ?

Mais sportivement, cette arrivée - et le départ de Chris Paul - laissent ouverte une grande question : comment organiser la hiérarchie dans ce trio ? Tel qu'on imagine les choses, Booker va glisser en tant que meneur. Il sait quoi faire du ballon, il sait jouer off ball, lui et Durant ont réussi - parfois avec succès - à partager la gonfle en playoffs. C'est une option qui a du sens. 

Mais quid de Beal dans l'équation ? Le désormais ancien Wizard est un créateur honnête, mais n'a jamais dépassé les 3.5 passes de moyenne associé à un vrai meneur - John Wall en l'occurence. Mais surtout, il va, malgré son contrat pharaonique, se présenter dans la peau d'un n°3. Et cela ne lui est tout simplement jamais arrivé en carrière. 

Un gros trio, Kevin Durant a connu, avec les Warriors. Et cela a débouché sur deux titres NBA. Cependant, Klay Thompson était clairement le n°3, et si Durant était à l'aise dans la peau d'un n°1 bis comme c'est le cas actuellement, Thompson n'était pas Beal, c'est à dire pas un joueur qui voilà deux saisons encore dépassait les 30 points de moyenne en saison régulière.

Bradley Beal va avoir 30 ans à la fin du mois, et l'an dernier, il a signé le contrat de sa vie aux Wizards. On pourrait, ou on voudrait croire, que désormais, il sera déterminé à plus que toute autre chose aller chercher un titre, dans une franchise qui n'a que la bague comme objectif. Mais parfois, l'égo surdimensionné de certaines stars NBA met tout par terre, et avec de tels égos, il n'en faudra sans doute pas beaucoup pour mettre le feu au poudres.

Sans compter un point d'envergure. Durant les playoffs, la profondeur de banc, et surtout le manque de solutions défensives ont été - à juste titre - décriés. Sauf qu'en associant trois scoreurs élite, le message est clair : tout pour l'attaque. Quelqu'un va devoir faire le sale boulot.

Et ce quelqu'un, il faudra le payer. Comme précisé plus haut, les finances sont exsangues. Alors certes, on s'attend à ce que quelques vétérans en mode "ring chaser" viennent compléter l'effectif, mais on l'a vu à plusieurs reprises ces dernières années, ce n'est pas gage de qualité. 

Le risque pris par les Suns est énorme, dans tous les domaines. Il n'y a quasiment plus un pick de draft dans la banque. Si le projet échoue ou implose, on peut s'atendre à voir une nouvelle édition des "Nets 2013" en NBA. Nous n'en sommes pas encore là, et sans doute que les mouvements ne sont pas finis à Phoenix, mais une chose est sûre, plus les années avancent, plus les franchises inventent de nouveaux niveaux de risques. À voir si celui-là sera payant.  

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