Les 76ers et les Bucks en fond de tableau à l'Est, quelle franchise explosera en premier ?
On se frotte les yeux pour y croire : quand on regarde le début de saison et surtout le classement, seules trois équipes n'ont gagné qu'un seul match cette saison : le Utah Jazz à l'Ouest - logique pour une équipe en pleine opération tanking - et les Milwaukee Bucks et les Philadelphia 76ers à l'Est.
Et on parle pourtant de deux équipes qui sont depuis des années classées comme contenders. Les Bucks sont champions NBA 2021, menés par le double MVP Giannis Antetokounmpo, secondé par Damian Lillard. Quand aux 76ers, ils ont ajouté cet été Paul George au MVP 2023 Joel Embiid et au MIP 2024 Tyrese Maxey. Deux équipes qui, encore en début de saison, n'avaient pour but que de concurrencer les champions, les Celtics.
La saison est longue, me direz-vous. 82 matchs, cela laisse largement le temps de se refaire. Mais nous sommes en NBA, le temps est un facteur déterminant. Les propriétaires engagent de l'argent, et veulent des résultats. Et les résultats ont été promis, notamment par Joel Embiid en personne.
"Philadelphie est ma maison. Je veux être ici pour le reste de ma carrière. J'aime cette communauté et tout ce que vous m'avez donné, à moi et à ma famille. Il y a encore beaucoup de travail à faire. Vous méritez un championnat et je pense que nous ne faisons que commencer."
Pour l'instant, c'est lettre morte, puisqu'il n'a toujours pas foulé les parquets. La faute à ses problèmes physiques, mais le problème, c'est que Paul George n'a entamé sa saison que la nuit dernière. Du coup, on peut facilement expliquer le début de saison morose, Tyrese Maxey étant seul aux commandes, obligé de forcer son jeu alors qu'il est bien plus efficace quand Embiid fixe les défenses pour lui. Le voilà donc logiquement à 30.2 points de moyenne, mais à des pourcentages horribles (40.8% au tir, 29.6% à trois points) et avec un playmaking en baisse sans son pivot star à alimenter.
Problème, quelques déclarations avaient fait jaser en début de saison, celles d'Embiid - validées par la franchise - expliquant que s'il avait le choix, il ne jouerait plus "aucun back-to-back de sa vie". Ce qui fait qu'on ne risque pas de le voir souvent sur les parquets en saison régulière. Or, cette dernière ne sert pas à rien. Et les 76ers ont pu le vérifier la saison passée, devant franchir le playin avant de caler dès le premier tour contre une équipe en forme qui avait eu le temps de rôder son cinq majeur en régulière.
Et c'est ce que vont devoir faire les 76ers, puisque l'addition de PG13 et la formation d'un Big Three très populaire en NBA doit être testée et retestée pour trouver un équilibre et une hiérarchie. Actuellement, les 76ers sont tout simplement la plus mauvaise équipe en terme d'assists par rencontre (19.7), et 29e au rebond en prime. Le management espère un retour rapide de sa star, qui pourrait intervenir dans la semaine, mais sans aucune certitude. Le problème principal restant toujours l'argent, puisque son trio coûte 135 millions cette saison, une ardoise qui montera à 154 millions dans deux ans. Les propriétaires auront-ils la patience ?
À Milwaukee, cette question est en train de revenir sur le devant de la scène. Car si Giannis Antetokounmpo est bien sur le terrain (il n'a manqué que le match de la nuit dernière), les Bucks se contentent pour l'instant d'une maigre victoire initiale obtenue contre... les 76ers. Et au fur et à mesure que les défaites s'enchaînent, les paroles du Greak Freek en début de saison reviennent en mémoire.
Une déclaration qui fait frémir le Wisconsin. Trader le meilleur joueur des Bucks au XXIe siècle ? Le meilleur marqueur de l'histoire de la franchise ? D'autant que contrairement à Embiid, lui a déjà ramené un titre. Mais quand on parle d'argent, lui et Lillard coûtent à eux deux 97 millions, et dans deux ans, la facture sera plus que salée : 122 millions ! Problème, l'effectif est vieillissant et semble encore moins pertinent que celui des 76ers pour aller chercher le titre.
Et à Milwaukee, les propriétaires sont plus récents, et peut-être plus impatients. C'est sans doute pour cela que les rumeurs s'intensifient fortement depuis quelques jours. Depuis que les défaites commencent à affluer en somme. Un jeu médiatique qu'il faut embrasser quand on est en NBA, mais l'idée semble faire son chemin. Et est-elle vraiment si farfelue ?
Malgré la présence de Giannis, ancien DPOY, et de Brook Lopez, finaliste de ce trophée en 2023, les Bucks n'ont que le 22e defensive rating. Et puisqu'ils ne sont que 20e à l'offensive rating, la force offensive ne compense pas la défaillance de la défense, comme c'est parfois le cas. Rien ne marche des deux côtés du terrain, et forcément, les regards se portent vers le coach, un certain Doc Rivers.
Viré des... 76ers en fin de saison 2023 après un échec cuisant en playoffs, il a sauté sur la place laissée libre par Adrian Griffin (qui avait entamé son premier poste de head coach par un bilan de 30 victoires et 13 défaites avant de se voir éjecté). Désormais, Doc a dirigé autant de matchs que son prédécesseur...
Pas de quoi l'alarmer pour autant. "Nous allons participer aux playoffs, ne vous inquiétez pas. L'équipe est positive, il est clair que personne ne veut perdre et nous avons des matches difficiles à venir, mais nous ne pouvons gagner qu'un match à la fois. Nous venons d'enchaîner quatre matches à l'extérieur et nous ne prêtons pas beaucoup d'attention aux chiffres pour le moment. Nous avons eu tellement d'occasions de gagner ce match. Dans ce match et le précédent, nous avons manqué tellement d'occasions." La méthode Coué aura-t-elle ses limites ? Doc Rivers, incontestablement, pourrait être le premier pion à sauter, mais cela pourrait ne pas suffire.
Car la conférence Est, si elle n'est pas aussi dense que son homologue de l'Ouest, a un immense favori : Boston, champion en titre. Et on ne voit aucune de ces deux équipes capable de venir chatouiller les Celtics, les Knicks avançant jusqu'ici en challenger n°1. Les 76ers et les Bucks possèdent chacun un des 5 meilleurs joueurs de la ligue intrinsèquement, mais dont la fragilité physique est plus que connue.
Une fragilité qui a coûté les deux dernières campagnes de playoffs de Giannis Antetokounmpo - et celles de facto des Bucks, sortis deux fois au premier tour. Quand à Joel Embiid, avec 433 matchs sur 801 possibles en saison régulière, sa fragilité physique n'est plus à démontrer. À respectivement 29 et 30 ans, ils sont chacun le visage de leur franchise, mais pour combien de temps ?
Ce n'est pas qu'une histoire de contrats, cela pourrait d'ailleurs avantager les franchises pour avoir plus d'assets en cas de trade. C'est surtout une histoire de croyance. La croyance du management et des propriétaires que la direction prise est bien la bonne pour aller se battre pour le titre. Mais aussi la croyance des stars qu'ils sont au bon endroit pour le faire.
Et que ce soit les déclarations d'avant saison de Giannis - "Oui, si nous ne gagnons pas le titre, je pourrais être échangé. C'est le monde dans lequel nous vivons" - où celles, récentes de Embiid après sa prise de bec avec un journaliste - "J'ai fait beaucoup trop pour cette ville pour être traité de la sorte" - agrémentée d'une bousculade en public, les signaux sont au rouge. Une demande de trade après moins de dix matchs ? Probablement pas. Mais un warning clair qui pourrait pousser leur franchise à commettre l'impensable ? On n'est pas loin de le penser. Alors, qui explosera en premier, les Bucks ou les 76ers ? Faites vos jeux.