Les Nuggets au sommet de la NBA, Jokic au firmament du jeu
"C'est bien. Le travail est fait et nous pouvons rentrer à la maison maintenant", a lâché le Serbe avec ce détachement qui lui est propre, même dans le plus grand moment de sa carrière.
"Miami est une grande équipe, courageuse, extraordinaire, que je respecte beaucoup. C'était un effort incroyable de la part de notre équipe. C'était un match moche. Nous n'avons pas réussi à marquer beaucoup de tirs, mais à la fin, nous avons compris comment défendre", a-t-il ensuite analysé.
En effet, que cet âpre cinquième match fut compliqué à domicile, pour Denver, terriblement maladroit à longue distance (5/23) et aux lancers francs (13/23), enquiquiné par l'arrière-garde de Miami et, probablement, les mains un peu tremblantes à l'heure de conclure (4-1).
"C'est probablement notre match défensif le plus accompli de la saison, et ça n'a pas suffi", a d'ailleurs soufflé l'entraîneur floridien Erik Spoelstra, qui a aussi vu son leader Jimmy Butler enfiler sa cape de super-héros dans le dernier quart-temps, en inscrivant 13 de ses 21 points en trois minutes. Mais il a fini par craquer, avec une mauvaise passe et un tir manqué dans les ultimes secondes.
Et tout Denver d'exulter enfin, mais pas Jokic, d'abord parti serrer la main des perdants et impassible au moment de recevoir son trophée de MVP avec sa fille dans les bras, pendant que ses deux frères aînés étaient, eux, submergés aux larmes.
Pari gagnant de la continuité
Le Serbe a encore été géant, dans ce match le moins abouti de son équipe (28 pts, 16 rbds), la menant à un sacre mérité, pour sa première finale en 47 saisons de présence dans la ligue.
Ultra-dominant, doté d'un QI basket exceptionnel, altruiste au possible, il a étincelé tout du long de cette finale. Déjà élu double MVP de la saison régulière en 2021 et 2022, il ne peut désormais se voir contester le statut officieux de meilleur joueur de la planète, tout comme l'est dans le tennis son compatriote Novak Djokovic, lauréat dimanche d'un 23e Grand Chelem record à Roland-Garros.
Cet accomplissement vient couronner une saison quasi-parfaite, bouclée à la première place de la conférence Ouest, préalable à des play-offs où leur domination fut incontestable.
Il vient aussi récompenser le pari de la continuité fait par le propriétaire de la franchise Stan Kroenke, adepte de la patience dans un monde d'urgence, et déjà champion en NFL avec les Los Angeles Rams et en NHL avec le Colorado Avalanche.
"J'ai des nouvelles pour tout le monde. Nous ne nous contentons pas d'un titre ! Nous en voulons plus !", a hurlé l'entraîneur Michael Malone, enfin récompensé pour son travail acharné depuis huit ans.
"Nous gagnons pour le coéquipier qui est à nos côtés. C'est pourquoi ce succès signifie tant. Nous croyons en chacun d'entre nous", a souligné Jokic, incarnation s'il en est de la philosophie instaurée par son coach voulant que le collectif l'emporte sur l'individu.
Encore raté pour Miami
Dans ce match où le Heat a d'abord montré les crocs et longtemps poussé les Nuggets dans leurs retranchements, il fallait avoir la foi en l'autre pour forcer le destin. Car hormis Michael Porter Jr (16 pts, 14 rbds), la gamberge a gagné Jamal Murray (14 pts, 8 passes) et Aaron Gordon (4 pts), pourtant si forts dans cette finale.
Si bien que Denver a tremblé jusqu'au bout, mais a dû son salut à la défense. Bam Adebayo, intenable avec ses 18 points en première période, n'a ainsi pu en rajouter que 2 ensuite (12 rbds).
Preuve que même quand pas grand-chose n'allait, les Nuggets étaient tout simplement trop forts pour le Heat, arrivé au forceps jusqu'en finale, après être passé ric-rac par les barrages. Successivement, Miami a déjoué les pronostics, écartant les Bucks de Giannis Antetokounmpo, les Knicks renaissants et les Celtics finalistes l'an passé.
Mais la montagne sise au pied des Rocheuses, surnommé "Mile High City" pour ses 1609 m d'altitude, était trop haute pour les Floridiens, qui rêvaient aussi d'écrire l'histoire, en devenant la première équipe tête de série N.8 championne NBA. Au lieu de quoi, sacrés en 2006, 2012 et 2013, ils déplorent un quatrième échec en sept finales après 2011, 2014 et 2020.
Quoi de plus normal au fond qu'une ruée vers l'or trouvant ses pionniers dans le Colorado...