NBA Playoffs : 76ers - Nets, l'heure de l'explosion pour Mikal Bridges ?
Début février, le projet des Brooklyn Nets a explosé en plein vol en quelques jours. La demande de trade de Kyrie Irving a mis les dirigeants au pied du mur, et le meneur est parti se crasher à Dallas. Kevin Durant en a profiter pour filer aux Suns, et dans ces deux trades, les Nets ont récupéré nombre de joueurs de qualité, sans qu'on sache où cela allait les mener.
Mais les pièces se sont rapidement assemblées pour permettre à Brooklyn de conserver une place directe en playoffs. Déjà une satisfaction, et les Nets peuvent aborder la suite sans pression. Contre les 76ers, ils ne seront pas favoris, mais peuvent compter sur une arme de choix : un certain Mikal Bridges. Ironie du sort, il affrontera l'équipe qui l'avait drafté en 2018.
Un monstre défensif
Car ce sont bien les Philadelphia 76ers qui avaient choisi l'ailier avec le 10e choix de la draft. Avant de l'envoyer dans la foulée aux Phoenix Suns contre un premier tour de draft et Zhaire Smith - si vous ne savez pas qui c'est, c'est normal. Un des nombreux "What If" de la NBA, car on imagine qu'il aurait fait son trou en Pennsylvanie comme il l'a fait dans l'Arizona.
Mais c'est donc aux Suns qu'il va débuter dans la grande ligue. Et rapidement, il va trouver comment se rendre indispensable. Dans une équipe alors en reconstruction autour de Devin Booker, il devient très vite un leader dans le domaine défensif. C'est souvent lui qui défend le meilleur extérieur adverse, et ses qualités sont louées par tous. La "prison" Mikal Bridges ouvre ses portes pour tout le monde, et avec Booker, il sera l'artisan des premiers bons résultats des Suns depuis des lustres. Et surtout, il gagne un surnom, "Iron Man". Pourquoi ? Depuis son arrivée en NBA, il n'a tout simplement manqué aucun match.
Un élément fiable et performant donc. Mais ses qualités offensives ne sont pas vraiment exploitées. Tout change en même temps que le statut de Phoenix, lors de la saison 2020/2021. L'arrivée de Chris Paul et les prouesses du duo Booker - Ayton permettent à Phoenix de livrer une saison régulière et surtout des playoffs de toute beauté, qui se concluront par une défaite en finale contre les Bucks. Cette saison-là, il passe de 9 à 13.5 points de moyenne, révélant un bout de potentiel offensif.
Intouchable, jusqu'à KD
Mais la suite est moins réjouissante pour Phoenix, qui survole pourtant la saison régulière 2021/2022, avant de se crasher en vol lors d'un fameux game 7 des demi-finales de conférence face aux Mavericks. Un échec alors que les chances de titres étaient réelles. Mais rien à reprocher à Bridges, qui a joué sa partition du mieux possible. De toute façon, il est un titulaire indiscutable, il représente avec Booker le futur de la franchise, et augmente encore son niveau en début de saison. Il est aimé par les fans, qui apprécient sa constance, sa combativité, et sa capacité à parfois suppléer ses leaders quand ils sont dans le dur. Il est intouchable.
Du moins le croit-on. Car quand se présente réellement l'opportunité d'acquérir Kevin Durant, les Suns n'y réflechissent pas vraiment à deux fois. Bye-bye le futur, place au présent à Phoenix. Direction les Nets donc, où il arrive dans une franchise totalement déconstruite. Et sans véritable leader.
Ce leader, ce sera lui. Jacques Vaughn lui donne carte blanche, et les résultats sont saisissants. 17.2 points de moyenne cette saison en 56 matchs avec les Suns, 26.1 points en 27 matchs avec les Nets ! Une progression saisissante, due bien entendu au statut d'option n°1 qu'il possède désormais à Brooklyn, alors qu'il n'était au mieux que la n°3 à Phoenix.
Mais une confiance au maximum est sans doute l'une des clés de sa réussite. Si l'on connaissait son potentiel, il n'était pas question de le faire passer devant Devin Booker dans la hiérarchie des Suns. Le voilà dans une équipe qui n'a pas d'objectif particulier immédiat, et où tout est donc à faire en ce qui concerne la suite des opérations. Mieux encore, cela ne l'empêche pas de continuer à faire un gros travail défensif, ce qui reste l'essence de son jeu. En l'espace de deux mois, Mikal Bridges est devenu l'un des tout meilleurs two-way players de la NBA.
Une chance unique d'éclore
De quoi espérer un gros run de playoffs ? Pas certain. Car en face, ce sont les terribles Philadelphia 76ers qui se présentent, ceux du duo Joel Embiid - James Harden. Soit le meilleur marqueur et le meilleur passeur de la saison en NBA. Philly est grand favori de cette rencontre, mais Philly ne peut vraiment pas se permettre de se planter.
Et c'est sans doute là que Mikal Bridges intervient. Ce seront ses premiers playoffs en tant que n°1 d'une équipe NBA. Et comble du bonheur, il peut les aborder sans pression aucune. Même si les 76ers sweepent les Nets, le début de reconstruction après les évènements de l'hiver sera considéré comme réussi, tant on imaginait les Nets s'effondrer.
Mais en l'état, Bridges devrait sans doute se charger du cas James Harden en défense, et s'il parvient à couper la liaison Harden - Embiid en attaque, il portera un coup rude aux 76ers. Bien sûr, même avec Nic Claxton, autre défenseur de qualité, il sera peu probable de maintenir Joel Embiid en dessous des 30 points de moyenne. Mais museler Harden, c'est affaiblir la variété de jeu de Philly et forcer les 76ers à tout miser sur leur pivot, avec pour but secret de l'épuiser rapidement.
Les Nets ont perdu leurs deux all-stars, mais ils ont gagné une profondeur d'effectif de qualité. Outre Bridges et Claxton, Cam Johnson, Spencer Dinwiddie, Dorian Finney-Smith, Seth Curry, Joe Harris, Royce O'Neale, Patty Mills, Ben Simmons (on plaisante) et l'inattendu Cam Thomas sont capables d'impacter en profondeur les rencontres de ce premier tour. Même s'il ne parviennent à prendre qu'un ou deux matchs, les Nets auront posé une pierre pour le futur. Et s'ils sortent les 76ers avec un Mikal Bridges en parfait chef de meute, on aura sans doute assisté à l'éclosion d'une superstar.