Beatriz Haddad Maia veut se parer des atours de la légende brésilienne Maria Bueno
Cette fois-ci, elle a eu le dernier mot. Alors qu'en 1/4 de finale à Rome, après 3h41 de jeu, Beatriz Haddad Maia avait cédé face à l'Ukrainienne et future finaliste Anhelina Kalinina (6-7(2) 7-6(6) 6-3), elle a fait craquer l'Espagnole Sara Sorribes Tormo, novice à ce stade de la compétition. 3h51 pour arracher un billet pour les 1/4 de finale d'un Grand Chelem, une situation quasiment inespérée pour la gauchère qui s'en serait voulue de ne pas avoir profité du forfait d'Elena Rybakina à l'aube du 3e tour, même si elle est invaincue contre la Kazakhe en 2023 (en 1/4 à Abu Dhabi, sur abandon en 1/8 à Stuttgart).
Le moment de briser le plafond de verre
À 27 ans, la gauchère fait partie du paysage mais il lui manquait encore la grande performance pour la mettre en évidence. Alors que le tableau masculin a mis à l'honneur de nombreux sud-américains à la Porte d'Auteuil, la réciproque ne s'est pas avérée chez les femmes. La joueuse d'1.85m est souvent placée mais rarement gagnante. Cette saison, elle a fréquemment calé alors que l'on pouvait croire à un basculement. Sortie dès le premier tour de l'Open d'Australie contre Nuria Parrizas Dias après avoir cédé le premier set 13-11 au jeu décisif, elle a enchaîné trois matches en trois sets à Abu Dhabi avant de craquer en 1/2 contre Belinda Bencic.
À Doha, en 1/4, Jessica Pegula l'a battu sèchement alors que "Bia" avait pris sa revanche sur Paula Badosa qui l'avait battu à Adelaïde 2 en janvier puis écarté Daria Kasatkina. Capable d'éliminer des références du circuit comme de tomber dès le 1ᵉʳ tour comme contre Sorana Cirstea à Dubai ou Mirra Andreeva à Madrid, voire de relancer Emma Raducanu à Indian Wells, la Brésilienne est suffisamment régulière pour figurer au 14e rang mondial actuellement mais encore trop juste pour devenir une vraie outsider à chaque tournoi sur lequel elle s'aligne.
Les jambes lourdes et un tableau très relevé
Opposée à Ons Jabeur qui l'a battu en 1/4 de finale à Stuttgart sur terre battue (6-3, 6-0) cette saison, Haddad Maia a déjà vécu des matches à rallonge et écarté une balle de match contre la Russe Ekaterina Alexandrova au 3e tour (5-7, 6-4, 7-5). Sa victoire contre Sorribes Tormo est le 10e le plus long de l'histoire du tennis féminin. En termes de fatigue, elle sera désavantagée par rapport à la Tunisienne, rapidement qualifiée en matinée contre Bernarda Pera (6-3, 6-1).
En revanche, "Bia" jouera pour l'histoire. Cette qualification en 1/4 de finale est, en effet, le meilleur résultat obtenu par une Brésilienne depuis le début de l'ère open en 1968. En 1976, Maria Bueno avait atteint les 1/8 de finale de Wimbledon mais "l'hirondelle de Sao Paulo" avait connu ses plus beaux succès avant la date fatidique avec 7 titres en 12 finales de Grand Chelem (3 Wim' et 4 US Open). Il manque deux matches à "BHM" pour égaler l'icône du tennis féminin Auriverde qui avait atteint la finale du French en 1960. Si tel était le cas, cela signifierait qu'elle a battu Jabeur puis Swiatek ou Gauff. Donc qu'elle est passée dans une autre dimension lors de cette quinzaine sur ocre.