Ben Ainslie et les Britanniques face au mur néo-zélandais pour la Coupe de l'America
Malmenés lors des régates préliminaires et longtemps critiqués pour le manque de fiabilité de leur voilier, les hommes de Ben Ainslie ont finalement déjoué les pronostics en se hissant jusqu'au match pour l'aiguière d'argent face au double tenant du titre.
"C'est un moment de grande fierté en tant que Britanniques, nous qui sommes très fiers de notre héritage sportif et maritime. La Coupe de l'America est la seule chose qui continue de manquer à notre palmarès" a déclaré le barreur de 47 ans, multiple médaillé olympique, lors d'une conférence de presse vendredi.
"On a lancé ce défi il y a dix ans, la Grande-Bretagne ne faisait même plus partie de la compétition", avait-il exulté après sa victoire en finale de la Coupe Louis-Vuitton, lui pour qui le plus vieux trophée sportif du monde est "une obsession".
Pour les deux équipes, les enjeux sont grands comme les impressionnants mâts des AC75 de cette 37ᵉ édition (26,5 m). Si les Kiwis gagnent, ils deviendront le premier pays à soulever la Coupe trois fois d'affilée depuis les États-Unis (1987, 1988, 1992).
Tandis que de l'autre côté de la Manche, on rêve de la remporter depuis la toute première édition, en 1851, lorsque le Royal Yacht Squadron britannique a été défait par un Yacht Club américain, qui en a profité pour définir le nom de la compétition.
Révolution
Du 12 au 27 octobre prochain, la Coupe reviendra au premier camp atteignant sept victoires. Et dans la baie de Barcelone, le show s'annonce exaltant entre deux écuries aux profils radicalement différents.
Les Britanniques ne sont plus apparus en finale depuis 1964. Mais au lendemain de sa victoire dans la Coupe en 2013 en tant que tacticien du défi américain Oracle, le marin Ben Ainslie, quadruple champion olympique, a décidé de relancer le rêve anglais.
Malgré une édition 2021 ratée après l'arrivée du sponsor Ineos, l'équipe a décidé de s'implanter à Brackley, QG de Mercedes, pour bénéficier des outils, des ingénieurs et de l'expertise de l'un des meilleurs constructeurs de F1 du monde.
Cette révolution controversée dans l'histoire de la Coupe de l'America s'est avérée payante. De régate en régate, le voilier d'Ineos n'a cessé de progresser, se révélant être le plus rapide des cinq challengers, y compris dans des conditions musclées.
Contrairement aux Britanniques, qui ont tout changé ou presque dans leur fonctionnement ces dix dernières années, les Néo-Zélandais incarnent "la référence" ultime en matière de continuité.
Bateau de référence
"C'est une machine à gagner, ils ont le bateau de référence, du budget, des hommes qui savent concevoir, développer et naviguer... tout est au point dans leur projet", résumait en début de compétition Bruno Dubois, co-directeur du défi français.
Le patron kiwi Grant Dalton est aux commandes depuis 2003 et ses ingénieurs ont tous plusieurs campagnes réussies à leurs impressionnants CV. En tant que defender, ils bénéficient également de l'avantage confortable d'avoir défini toutes les règles de cette 37ᵉ édition.
À la barre de leur AC75, ils peuvent compter sur le régatier Peter Burling, plus jeune skipper vainqueur de la Coupe, à 26 ans en 2017, et désormais en course pour un incroyable triplé.
"Je pense que tout l'intérêt de la Coupe de l'America c'est que vous ne savez pas vraiment où vous en êtes, jusqu'à ce que vous vous aligniez pour le premier départ. Mais nous sommes vraiment satisfaits de l'ensemble que nous avons mis en place", a déclaré le barreur néo-zélandais.
Qualifiés d'office pour la Coupe de l'America, les Néo-Zélandais ont tout de même participé aux premières régates de la Louis-Vuitton pour se faire la main sur le plan d'eau piégeux de Barcelone.
Sans grande surprise, ils ont dominé au classement les cinq autres défis engagés, remportant facilement huit de leurs dix matches. Mais ils sont repartis à égalité de leurs confrontations directes face aux Britanniques (1-1), signe que la partie n'est peut-être pas gagnée d'avance...