Bien que future Top 10, Zheng Qinwen peut-elle empêcher Aryna Sabalenka de faire le doublé ?
Une finale, ça se gagne, parait-il. Sur ce point-là, Aryna Sabalenka a 50% de réussite. Un élément qui sera crucial en ce samedi matin sur la Rod Laver Arena, au moment où elle attaquera sa troisième finale de Grand Chelem en 12 mois. Cela peut sembler peu, mais c'est toujours plus que sa rivale, Zheng Qinwen, novice à ce niveau.
La Chinoise est la grande gagnante du jeu de massacre de la première moitié de tableau. Dès les 8e de finale, elle était la joueuse la mieux classée encore en course, et a réussi à utiliser ce statut pour mettre à terre ses rivales les unes après les autres. Cela n'a pas toujours été impressionnant, mais quand une telle ouverture survient, l'essentiel est de gagner les matchs.
C'est chose faite, pas toujours de manière convaincante cependant. Elle s'est sortie de sa demi-finale contre Dayana Yastremska en deux manches, mais contre une rivale largement moins classée, diminuée par son neuvième match de la campagne, qui a fait appel au kiné pendant la rencontre, on aurait pu croire que cela allait être expéditif. Il n'en fut rien, et elle a même parfois été ballottée.
Cependant, la bonne nouvelle, c'est qu'elle a été extrêmement solide au moment de conclure. Et ce alors que l'enjeu était énorme. Non seulement une première finale de Grand Chelem pour elle, mais aussi une première pour la Chine depuis 2014... à l'Open d'Australie. Li Na avait en effet remporté à Melbourne son deuxième et dernier tournoi majeur voilà dix ans, après avoir échoué deux fois en finale au même endroit.
Glorieuse briseuse de barrière pour le tennis chinois, elle n'a eu personne pour prendre la suite. C'est à ce tournoi qu'elle a écrit l'histoire avec Zheng Jie notamment lors de l'édition 2010, quand les deux étaient dans le dernier carré simultanément. Depuis, Peng Shuai a atteint les demi-finales à l'US Open 2014, et rideau. Il y a eu des titres, quelques performances de choix, mais lundi, Zheng Qinwen sera la deuxième seulement à intégrer le Top 10 après Li Na.
Le poids de l'histoire pourrait bien être trop lourd à porter pour elle. Pour une première finale majeure, dix ans après un deuxième titre qui confirmait le statut de sa glorieuse ancienne et qui aurait du lancer pour de bon l'ascension de la Chine sur le tennis mondial, la pression s'annonce monstrueuse, et ce alors qu'elle sera clairement l'outsider de la rencontre.
Car bien entendu, Aryna Sabalenka sera l'indiscutable favorite. Comment stopper la Biélorusse ? Une question à laquelle personne n'a trouvé de réponse pendant cet Open d'Australie. Quand elle a été massacrée par Elena Rybakina en finale de Brisbane voilà 15 jours, le doute était raisonnable. Mais elle semble avoir fini de le balayer en demi-finales.
On attendait ce choc avec Coco Gauff avec impatience, pour voir ce que la défense de titre pouvait donner contre une adversaire qui avait de l'ascendant sur elle, au vu de son triomphe en finale du dernier US Open. Si la bataille a été intense, et si la Biélorusse n'a pas marché sur la rencontre, elle a été la meilleure sur les points importants. Un tiebreak survolé et un break au meilleur moment dans la deuxième manche, et l'affaire était bouclée.
Nantie de cette victoire référence en 2023, il semble difficile d'imaginer autre chose qu'une photo de la Biélorusse soulevant la coupe Daphne Akhurst en fin de matinée. D'autant qu'elle a remporté la seule confrontation directe entre les deux joueuses, et celle-ci peut servir de base, puisqu'elle n'a que quatre mois.
Lors du dernier US Open, Zheng Qinwen a atteint pour la première fois les quarts de finale en Grand Chelem. Mais elle n'avait strictement rien pu faire contre une Aryna Sabalenka totalement impériale derrière son service, que ce soit en première ou en seconde balle. Submergée en première manche, la Chinoise aura lutté jusqu'au bout, mais la défaite était on ne peut plus logique.
Alors oui, en quatre mois, Zheng Qinwen a énormément progressé, fera partie des dix meilleures mondiales lundi quoi qu'il arrive, et a confirmé son statut de plus grand espoir chinois. Mais la concurrence est de plus en plus rude, et malgré ses 21 ans, il se pourrait qu'elle n'ai pas de seconde chance à ce niveau. Emma Raducanu, Barbora Krejcikova, Bianca Andreescu, Jelena Ostapenko, voilà des joueuses qui sont toujours sur le circuit et qui ont su saisir cette opportunité quand elle était devant elles. Et on ne remonte qu'à 2017.
Mais les contre-exemples existent. Karolina Muchova, Danielle Collins, Leylah Fernandez, Karolina Pliskova, Anastasia Pavlyuchenkova, Jennifer Brady, Madison Keys. Toutes ces joueuses n'ont qu'une seule finale de Grand Chelem à leur actif, et l'occasion ne se représentera sans doute plus. Zheng Qinwen voudra éviter de rejoindre cette liste. Mais une finale, ça se gagne, et on voit mal ce qui pourrait empêcher Aryna Sabalenka de le faire.