Bodmer : "Ce qui me plaît, c’est de mettre en place mes idées, ma politique sportive"
Arrivé le 20 juin dernier au poste de directeur sportif du HAC, Mathieu Bodmer peut être heureux. Son équipe, entraînée par Luka Elsner (ex-Amiens), pointe actuellement à la 2ᵉ place de Ligue 2 derrière Sochaux. Alors que le club normand se déplace à Dijon ce samedi à l'occasion de la reprise, Bodmer s'est exprimé pour So Foot. Il est revenu sur sa nomination et celle de son staff, mais également sur sa méthode.
Un nouveau travail qui semble lui plaire : "Ce qui me plaît, c’est de mettre en place mes idées, ma politique sportive, discuter avec le staff technique qu’on a choisi, avec les joueurs qu’on a amenés, donner leur chance à certains, en relancer d’autres, élaborer une stratégie de recrutement chez les adultes comme chez les jeunes... C’est un travail qui prend beaucoup de temps, mais qui est passionnant."
Une équipe dirigeante originale et intéressante
En juin dernier, le monde du football français a été secoué par l'arrivée surprenante d'un staff hors du commun. Le Havre Athletic Club, propriété de Vincent Volpe, un homme d'affaires américain, est dirigé désormais depuis Jean-Michel Roussier, Mathieu Bodmer et Mohamed El Kharraze. Ils ont alors décidé de faire venir Julien Momont, un journaliste spécialisé dans l'analyse tactique, en tant que "data analyst" et Luka Elsner au poste d'entraîneur :
"Après ça, il y a eu une deuxième rencontre et, aux alentours du 10-15 juin, il [Vincent Volpe] a décidé de nous faire entrer au club. Je dis « nous », parce qu’à mes côtés, il y a Jean-Michel Roussier (nommé président, NDLR), Mohamed El Kharraze (directeur sportif adjoint) et Julien Momont (data analyst)."
Elsner et Moment, deux hommes de confiance
Bodmer a confiance en Elsner : " On essaie de faire avec nos idées, en faisant confiance à un coach (Luka Elsner, NDLR) qui correspond à ma vision du football [...]." Un sentiment logique lorsqu'on comprend que les deux hommes se connaissent bien et s'apprécient.
"On s’était connus lors de son passage à Amiens. Il n’est resté que quelques mois, mais ça s’était très bien passé entre nous. Alors, quand j’ai eu la chance de rentrer au HAC, c’est Luka que j’ai choisi comme entraîneur. On est très contents du travail qu’il propose. À l’image de son staff, c’est quelqu’un qui ne compte pas ses heures, qui dort et qui vit football, comme moi. Quand j’ai envie de parler foot à 23h00, il faut que je trouve des gens qui répondent au téléphone et avec Luka, c’est le cas", déclare Mathieu Bodmer.
Même son de cloche concernant Julien Moment : "Julien, c’est celui qui met en place toutes mes idées. J’en ai beaucoup, toute la journée, et comme je ne suis pas ou peu capable de les transposer sur des logiciels ou d’établir des algorithmes, il fait ça pour moi, en y ajoutant sa réflexion personnelle. Il fait en dix minutes ce sur quoi je passerais peut-être une journée entière, car les ordinateurs, ce n’est vraiment pas mon truc. Donc quand une idée me passe par la tête, je la dis à haute voix, et lui, il la réalise. C’est un gain de temps inestimable. Désormais, le fait d’être au bord du terrain avec nous lui permet de comprendre des choses qui lui échappaient auparavant. Il apprend très vite."
Un regard honnête concernant les jeunes du centre de formation
Cet été, Le Havre a perdu deux de ses joueurs formés au club. Plutôt talentueux, Isaak Touré (19 ans) est parti à l'Olympique de Marseille, tandis que Saël Kumbedi (17 ans) a rejoint l'Olympique Lyonnais. Un exode relativement inévitable selon Mathieu Bodmer, mais ce dernier veut pouvoir faire mieux à l'avenir :
"Quand ces gamins comptent 30 ou 50 matchs avec Le Havre et que des clubs de Ligue 1 font des offres, c'est difficile de les retenir. Eux veulent partir, c'est la suite logique. Maintenant, à nous d’anticiper davantage la signature de contrats aspirants ou stagiaires. On doit aussi réussir à inscrire ces jeunes dans un projet, à les garder une ou deux saisons de plus, les faire toujours bien travailler et, à un moment donné, espérer monter en Ligue 1 avec eux pour les conserver plus longtemps."
Une méthode singulière
"Les joueurs qu’on a recrutés, soit j’avais déjà joué avec eux par le passé, soit je les connaissais via mon réseau. Grâce à ça, on a évité de partir trop loin. Heureusement, parce qu’il fallait prendre des décisions rapides et avoir une équipe compétitive dès la reprise du championnat", indique Mathieu Bodmer. Cela se comprend du point de vue du contexte. Le club du Havre avait besoin de se renforcer cet été afin d'être le plus compétitif, mais sa méthode ne se limite pas à cela.
Il regarde beaucoup de matches dans le but de renforcer son réseau : "Ça fait partie du travail. Quand le profil d’un joueur m’intéresse, il faut que je regarde tous ses matchs, parfois dans des divisions que je ne suivais pas ou peu. Avant, je n’avais pas forcément le temps. Aujourd’hui, je le fais un petit peu plus." Un travail qui va même jusqu'à regarder "des matchs en Libye !", ajoute-t-il.
Enfin, Bodmer explique qu'il utilise son poste de consultant chez Prime Video afin d'agrandir son réseau :
"Je vois des joueurs, je discute avec des DS, des présidents, des entraîneurs... Je peux avoir des infos sur tel ou tel joueur, connaître sa situation contractuelle, savoir à combien est estimé son prix de vente, si un prêt est envisageable, ou encore s’il y a des joueurs de chez nous qui pourraient intéresser le club en question dans le futur. Bref, on peut commencer à nouer des liens. Et puis, la finalité, ça reste quand même que j’aime beaucoup être consultant."