"Bodyguard", l’aubaine des joueurs et joueuses à Roland-Garros contre le cyberharcèlement
Les réseaux sociaux, ces espaces virtuels à deux aspects bien distincts, à la limite de la schizophrénie - voire en plein dedans. Si nous autres journalistes sommes confrontés chaque jour aux encouragements ou aux insultes de nos followers, de façon ample, imaginez les sportifs de hauts niveaux. Forcément, le tennis n’échappe pas à la règle, lui qui a pris, du jour au lendemain, le développement exponentiel des plateformes d’échanges sur le net en pleine face. De plus, avec la croissance des sites de paris sportifs, les joueuses et les joueurs sont de plus en plus exposés aux injures des "fans".
Durant la quinzaine - du 28 mai au 11 juin -, Roland Garros met à disposition pour la première fois dans le monde du sport, à dispositions de ses acteurs, une application pour les protéger contre le cyber harcèlement. Baptisée "Bodyguard", celle-ci offre à l'ensemble des joueuses et des joueurs un outil de lutte contre le cyberharcèlement.
"La santé mentale des joueuses et des joueurs constitue un enjeu prioritaire pour le tournoi de Roland-Garros, a expliqué Caroline Flaissier, directrice de la FFT. Il n’y a de place pour aucune forme de violence dans notre tournoi. Nous sommes ainsi très fiers d'être le premier tournoi du Grand Chelem à offrir aux joueurs une solution pour se protéger efficacement contre le cyberharcèlement. Nous souhaitons en effet préserver joueuses et joueurs de ce fléau, afin de leur permettre de disputer le tournoi dans les meilleures conditions mentales".
Enjeux et combats
La volonté de la FFT est claire : il fallait prendre en compte la santé mentale des joueurs, elle qui est exposée chaque heure, chaque minute et chaque seconde au pire sur Facebook, Instagram, Twitter, YouTube, TikTok et Discord. C’est pourquoi la FFT a décidé de collaborer avec Bodyguard pour lutter contre le cyberharcèlement, un service innovant offert aux joueuses et joueurs tout au long du tournoi. Roland-Garros devient ainsi le premier événement sportif mondial à mettre en place ce type de dispositif.
Créée en 2017, cette technologie a pour objectif de préserver les valeurs du sport - dont celle du tennis - et de bannir les personnes qui viennent répandre leur agressivité et leur haine sur les réseaux sociaux. Pour ce faire, Bodyguard va assurer la protection des comptes institutionnels de la FFT et Roland-Garros (réseaux sociaux publics), mais aussi celle de tous les joueurs qui vont participer au Grand Chelem parisien, et ce, en amont du tournoi et durant un minimum d’une semaine après la fin de l'édition 2023.
Une action saluée par les joueurs
Forcément, ce vendredi 26 juin, lors du media day, plusieurs joueurs et joueuses ont été questionnés sur cette problématique et sur leur vision quant à la mesure innovante prise par le tournoi. "C'est une bonne initiative, a lancé la número 5 mondiale, Caroline Garcia. C'est quelque chose que les joueurs, le staff et toutes les organisations essaient de contrer, de trouver un remède contre ça, parce que ce n'est que du négatif pour nous. Je trouve que c'est bien que certains tournois ou certaines organisations essaient de trouver des solutions. C'est bien de parler des choses, assumer que quelque chose ne va pas. Et c'est bien d'agir. De surcroît, c'est une très bonne idée".
Pour que cela fonctionne, les joueurs doivent flasher un QR code fourni par Bodyguard pour connecter leurs réseaux sociaux à la technologie. Ainsi, ils ne reçoivent plus de commentaires désobligeants, grâce au travail d’une IA qui effectue de la modération en temps réel.
Le commentaire est analysé en moins de 200 millisecondes. Une équipe de linguistes crée des structures de mots permettant de mettre à jour la technologie en temps réel à partir de ce qui est publié sur les réseaux sociaux afin de générer une analyse contextuelle. L'objectif étant de ne rien laisser passer, tout en étant certain de ne rien censurer.
"Je tiens à saluer la très belle initiative d'Amélie et du tournoi pour protéger ses joueurs, a déclaré Alizé Cornet. On avait besoin de quelque chose comme cela pour montrer la voie pour les autres tournois, peut-être pour les autres Grands Chelems".
"Évidemment, cela ne va pas tout régler. On va toujours recevoir des commentaires, des messages haineux, mais ce ne sera pas diffuser au public. Donc, cela ne va pas s’auto-alimenter, avec des gens qui ont envie de trouver une communauté de haters et d’en rajouter. Cela va limiter la casse. Je pense qu'on est tous très contents de cette initiative", a-t-elle conclu.