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Boston est redevenu la franchise la plus titrée de NBA... dans un relatif anonymat

Sébastien Gente
Le sacre de Jaylen Brown et de Boston a-t-il réellement fait vibrer la planète basket ?
Le sacre de Jaylen Brown et de Boston a-t-il réellement fait vibrer la planète basket ?AFP
Les favoris ont gagné : les Boston Celtics sont allés au bout de leur énorme saison et raflé un 18e titre NBA pour repasser devant les Lakers. Un sacre logique, mais une domination telle qu'elle n'a pas suscité un réel engouement, le lot malheureusement commun quand une équipe surclasse la concurrence.

Soyons clairs : les Boston Celtics méritent leur titre. L'équipe a été construite pour aller chercher le Larry O'Brien Trophy, ce qui a occasionné une forte pression dont les Verts se sont accommodés toute la saison. Indiscutablement, la meilleure équipe de la saison a gagné, et ce n'est pas tous les ans que cela arrive en NBA. 

Un bilan global de 80 victoires pour 21 défaites, dont un magnifique 16-3 en playoffs : personne n'a ne serait-ce que menacé les joueurs de Joe Mazzulla. Et c'est une magnifique performance pour l'équipe la plus régulière des temps récents, qui a atteint à minima la finale de conférence lors de six des huit dernières saisons.

Seulement, la résonnance est moindre pour les C's. Parce qu'on savait d'avance que sauf catastrophe, il serait difficile d'aller les chercher ? Sans doute. Le cinq majeur a été clairement au dessus du lot - les 5 joueurs évoluant à un niveau all-star - et même la perte de Kristaps Porzingis - qui n'aura joué que sept matchs de playoffs - n'y a rien changé : plus fraîche, plus cohérente, l'équipe de Boston est au-dessus du lot. 

Et forcément, en découle des questions importantes. La première, c'est de savoir si cette équipe est capable de conserver son titre, ce qui n'a plus été fait depuis 2018. On se demandait qui pourrait en empêcher les Bucks en 2022, ou les Nuggets cette saison : on a la réponse. Plus les années avancent, plus c'est une entreprise difficile que de forger une dynastie. 

La seconde, c'est de savoir quelle marque laissera ce titre dans l'histoire. Sur le papier, c'est vendu : il s'agit du 18e titre des Celtics, qui redépassent les Lakers, revenus à égalité en 2020, et la consonnance historique du titre tombe sous le sens. Mais être favori et gagner le titre sans jamais avoir été bousculé, cela ne crée par d'émotions, cela ne fait pas vendre, et surtout, cela ouvre la porte à des débats plus fallacieux. 

Ce n'est pas de la faute de Boston si tous les joueurs adverses sont tombés comme des mouches. Miami sans Jimmy Butler, Cleveland à moitié sans Donovan Mitchell, Indiana exsangue, le tapis rouge a été déroulé sans que les C's n'aient à demander quoi que ce soit. Et en finale, ils ont imposé leur loi à des Mavericks au bout du rouleau, sans que jamais le suspense ne soit au rendez-vous. Pour les fans des Celtics, une aubaine. Pour les aficionados de la NBA, un goût amer dans la bouche. 

Car l'histoire aime les coups de théâtre. Exemple, les quatre finales d'affilée (2015-2018) entre les Warriors et les Cavaliers. Quelle est la plus célèbre ? Forcément celle de 2016, quand Cleveland a réussi l'impossible, remonter un déficit de 3-1 et terrasser l'équipe qui avait réalisé la meilleure saison régulière de l'histoire. Cela est bien évidemment sujet à caution, puisque les Cavs avaient eux aussi une réelle équipe poids lourds, mais le scénario fait que le reste, et notamment les deux finales suivantes archi-dominées par les Warriors, sont plus célèbres pour la bourde innommable de JR Smith que pour le résultat final, totalement convenu. 

L'une des équipes les plus célèbres de l'histoire reste les Bulls de 1996. 72-10 en régulière, un titre qui leur tendait les bras et qu'ils sont allés chercher sans surprise, mais ils bénéficiaient de l'apport d'un certain Michael Jordan, soit un des trois meilleurs joueurs de l'histoire, voire le meilleur pour la majorité des suiveurs. Ce qui contribue à laisser une marque. Ce n'est pas par hasard si la NBA est devenue ce qu'elle est à la suite de la période bénie du Showtime. Et ces Bulls là ont lancé un Three-Peat - leur deuxième - qui n'a été réalisé qu'une fois au XXIe siècle. 

La NBA, le public, tout le monde aime les superstars, celles qui peuvent décider du destin d'un match à elles toutes seules, celles qui peuvent prendre feu en mondovision. Jaylen Brown et Jayson Tatum sont des stars, mais ce ne sont pas des superstars. Le deuxième nommé est le seul joueur de Boston à avoir dépassé les 30 points dans ces playoffs (deux fois 31 points), et personne n'a délivré une performance assourdissante qui fait que les médias auraient tourné en boucle dessus jusqu'au match suivant. 

Au final, Jaylen Brown est élu MVP des Finales avec à peine plus de 20 points de moyenne, et il reste quand même assez rare que cette récompense soit autant disputée (7-4 face à Jayson Tatum pour les votants). Lors des dernières années, le récipiendaire apparraissait clairement, et il faut remonter à Andre Iguodala (oui) en 2015 pour voir un Finals MVP déclencher si peu de pouvoir d'attraction. 

C'est la voie qu'ont choisi les Celtics. Ils ont bâti un cinq de départ sans réelle faille, et se sont appuyés dessus au maximum. Résultat, un titre attendu depuis 2008 par la ville de Boston. Mais puisque personne n'a réussi à conserver le Larry O'Brien Trophy depuis six ans, seul un back-to-back - voire mieux - fera entrer ces Celtics dans la légende. Toute autre performance ne fera que relancer les débats futiles sur le déséquilibre entre les deux conférences, le format de la régulière et des playoffs. Et on en passe. 

Si ces débats ont été lancés, c'est justement parce que des dynasties ont été crées et parce que la NBA souhaite absolument éviter que l'équipe dont on dira en début de saison "on voit mal comment le titre pourrait lui échapper" remporte le titre. Tout le monde veut du suspense, où à défaut, une performance historique. Au final, quand les playoffs ont commencé, les Celtics étaient archi-favoris, et pas une seule seconde, on n'a pu croire le contraire. Et aucun match n'a été réellement légendaire pour la bande à Mazzulla. 

C'est mauvais pour l'intérêt de la NBA, c'est mauvais pour le business, surtout avec une équipe historique de la ligue et de facto clivante. La seule manière d'éviter ce genre de jugement a posteriori, c'est de lancer une dynastie. Les Celtics en sont capables, sans nul doute. Mais pour réellement élever leur côte d'amour, c'est sans doute le seul moyen. Pour une équipe à l'histoire intensément riche, comment évaluer ce titre ? En terme émotionnel, on peut déjà affirmer qu'il est derrière celui de 2008.

Compliqué de comparer avec la plus grande dynastie, celle des années 60, qui a laissé une marque indélébile. Et les trois titres menés par Larry Bird dans les années 80 sont mémorables, en plein Showtime et rivalité avec Magic Johnson. Même les deux titres en trois ans dans les années 70 avaient été acquis avec une autre icône du jeu, John Havlicek. Difficile d'avoir une véritable résonnance dans ces conditions, mais c'est le lot des franchises avec autant d'histoire. Alors que rafler un titre sans un joueur Top 5 du MVP de la saison mérite d'être souligné. 

À une époque vantée pour être ultra concurrentielle, un titre acquis avec autant d'aisance laisse forcément un goût amer dans la bouche. Pas pour les fans de Boston, qui se réjouiront à juste titre de retrouver enfin le chemin de la bague. Mais pour les adorateurs de basket, notamment en Europe, qui se lèvent la nuit parce que ça en vaut la peine, pas pour voir des matchs dont ils connaissent déjà le résultat, et pour l'écosystème NBA, qui vient de parapher un deal énorme en matière de droits TV, et qui pérénisera toujours mieux son business avec du suspense, des performances légendaires et de l'émotion. Pour tout cela, il faudra revenir l'année prochaine...

Un titre sans relief ?
Un titre sans relief ?Flashscore
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