"C'est une certitude" : Deschamps aurait sélectionné Mbappé même s'il n'avait pas joué de la saison avec le PSG
A l'approche de la trêve internationale de septembre et du match pour les qualifications à l'Euro 2024 contre l'Irlande, Didier Deschamps a accordé une interview à l'Equipe. Il a notamment évoqué l'été de Kylian Mbappé, la nomination de Thierry Henry ainsi que ses relations avec le nouveau président de la FFF, Philippe Diallo.
Mbappé et son été agité
La question du cas Mbappé était à aborder. Délaissé volontairement par le Paris Saint-Germain lors de la reprise de la Ligue 1, le joueur aurait pu ne pas être en forme pour les matchs internationaux si sa situation n'avait pas été régularisée. "La situation était compliquée, elle s'est normalisée. Tant mieux. Tout le monde est gagnant", a donc assuré le Champion du monde 98.
Il a également tenu à spécifier que cela n'aurait rien changé. "Il serait venu avec nous, c'est une certitude. On aurait fait en sorte de trouver des solutions".
Questionné aussi sur son capitanat en équipe de France quelques jours après qu'il ait été désigné 4e dans la hiérarchie des capitaines du PSG, Deschamps s'est montré satisfait. "Le bilan, si on doit déjà le faire, est très positif. Il a une légitimité en interne qui est totale. Il a cette capacité à faire le lien entre les anciens et les plus jeunes. De par ce qu'il est, ce n'est pas quelque chose qui lui pèse. Il fait ça naturellement. J'échangeais déjà beaucoup avec lui, mais encore plus depuis qu'il est capitaine".
Le sujet de la titularisation de plusieurs joueurs en sélection a été évoqué. Ousmane Dembélé maintenant à Paris, il va être amené à combiner plus facilement avec Mbappé. Cela pourrait aussi être le cas de Randal Kolo Muani.
"Le fait de pouvoir se côtoyer au quotidien, ça ne peut être que positif. S'ils ont un vécu en club, tant mieux. Ça ne veut pas dire qu'ils vont jouer systématiquement mais rien ne remplace le vécu. Ce n'est pas un critère de sélection, mais c'est un plus".
Thierry Henry chez les Espoirs et les changements à la FFF
Deschamps a affirmé qu'il avait une bonne relation avec Sylvain Ripoll et qu'il l'avait aussi assuré à Philippe Diallo quand il était venu lui en parler. Il se dit aussi heureux pour son ancien coéquipier. "Thierry est très content d'avoir été choisi. Il était motivé, je suis content pour lui, c'est quelqu'un avec lequel j'ai toujours eu une bonne relation, avec beaucoup de respect. Il a une aura par rapport à sa carrière de joueur, il a eu plusieurs expériences sur le banc aussi. Il est à fond. Il va faire tout son possible pour que ça marche".
La question de la sélection de Mbappé aux JO a aussi été abordée, mais Deschamps l'a rapidement écartée, exprimant que ce n'était pas de son ressort. "Ce n'est pas moi qui vais décider. L'Euro reste très important. C'est une date FIFA où les joueurs sont à disposition. Ensuite se posera la question des JO, qui ne sont pas sur des dates FIFA. Les derniers qui auront le pouvoir de décision, ce sont les présidents de clubs. J'espère, et je souhaite qu'il ne se passe pas la même chose qu'en 2021. Sylvain Ripoll a été victime d'une situation inacceptable, et le problème n'était pas venu des clubs étrangers. Je souhaite que Thierry Henry ait la meilleure équipe de France possible. Mais c'est fantasmer de dire qui ira ou qui n'ira pas, aujourd'hui".
Quant aux changements survenus dernièrement au sein de la Fédération, il assure ne pas se sentir isolé ou moins soutenu qu'avant. "Les quelques mois avec Philippe Diallo, on ne peut pas les comparer avec tout ce qu'on a vécu avec Noël Le Graët. Ce n'est pas qu'il me défendait. La réalité, c'est que si je suis encore là, ce n'est pas pour mes beaux yeux, c'est parce que les résultats ont été très souvent au rendez-vous. On ne peut pas avoir la même proximité qu'avec le président Le Graët. Mais les bases sont les mêmes. Le plus important pour moi, c'est que mon président n'apprenne aucune de mes décisions sur l'équipe de France dans les médias avant que je ne lui aie dit".
L'Arabie saoudite dans le football moderne
Le sélectionneur des Bleus a donné son opinion sur l'arrivée de l'Arabie saoudite sur le marché des transferts. Cet été, une multitude de joueurs sont partis au Moyen-Orient et ont délaissé les pelouses européennes. Une chose que Deschamps comprend.
"Ca amène beaucoup de joueurs à réfléchir et à prendre la décision d'aller là-bas. Il y a une telle différence sur le plan économique. Je ne vais pas jeter la pierre. C'est une nouvelle réalité hors norme".
Choisissant en partie ses joueurs en fonction de leur niveau et de ce qu'ils affichent en Ligue des champions, DD a tout de même affirmé qu'il suivait le championnat saoudien et que ses critères se tournent surtout vers le haut niveau. "Jouer régulièrement la Ligue des champions rapproche des exigences du niveau international. Mais le plus important, c'est d'être habitué à des exigences élevées. Ce qui est la réalité et le quotidien de ces clubs".
"N'Golo Kanté, par exemple, reste sélectionnable. Il faut qu'il joue régulièrement, ce qui est le cas. Après, il y a une autre réflexion ; on parle de N'Golo Kanté, c'est une référence de par son vécu avec nous. La réflexion, elle est double car, durant son absence, il y a des joueurs plus jeunes qui ont pris le relais et qui l'ont bien pris. Et il y a donc la possibilité de leur laisser du temps pour progresser".
La trêve internationale de septembre
Concernant le rajeunissement des Bleus, Deschamps a tenu à souligner que cela n'était pas un problème.
"Cette génération a pris le relais. Elle a assumé, déjà, la Coupe du monde, et répondu aux inquiétudes sur sa capacité à être performante. Le capitaine, le vice-capitaine et le Ballon d'Or ont pris leur retraite, mais ils avaient été le relais, ils avaient montré une direction. La maturité n'est pas forcément liée à l'âge. Le vécu, l'expérience des compétitions, oui, mais c'est un équilibre à avoir. Rien ne remplace, pour les plus jeunes, l'expérience qu'ils ont vécue au Mondial. Regardez Upamecano, qui n'arrivait pas à se libérer, et qui l'a fait, là-bas".
Plusieurs cas de joueurs ont été mentionnés. Par exemple, au sujet de Benjamin Pavard, Deschamps a répondu qu'il n'avait pas rompu le lien avec lui et qu'il n'était pas en forme psychologique ni physique pour disputer le Mondial 2022. Pour l'interrogation englobant le poste auquel Ferland Mendy évolue en sélection, il a déclaré que la concurrence était là et que "l'épisode de juin n'est pas trop à son crédit : il est sélectionné le jeudi, et je suis averti une semaine après, la veille du rassemblement, qu'il ne peut pas nous rejoindre parce qu'il se fait soigner. Bon, je l'accepte, mais à côté de ça, Bouba Kamara devait partir en voyage de noces, et il est venu quand même".
Paul Pogba serait encore sélectionnable d'après lui. "Il faut qu'il enchaîne les séances d'entraînement, puis les entrées en jeu, puis les matches, et que son corps résiste. Je veux Paul en équipe de France si c'est Paul".
Enfin, le cas Benjamin Mendy et son éligibilité a été soulevé. "Je vais m'en tenir aux faits. Des plaintes ont été déposées, il a été placé en détention provisoire, les autorités anglaises ont enquêté, puis il a été jugé non-coupable et a donc été acquitté. Le tribunal médiatique l'avait déjà condamné. Les décisions de justice s'imposent à nous et j'estime qu'on se doit de les respecter et de ne pas les commenter. Il n'a pas pu jouer depuis deux ans. Il veut renouer le fil de sa carrière à Lorient. À partir du moment où la justice l'a jugé non-coupable, je ne vois pas pourquoi je devrais le considérer comme non-sélectionnable, même si son retour n'est pas à l'ordre du jour".
Deschamps a aussi assuré que son seul objectif dans l'immédiat était l'Euro 2024.