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"C'était compliqué pour moi de dire "j'arrête"", avoue Luc Abalo

AFP
Luc Abalo en larmes lors de sa cérémonie d'adieu, la semaine dernière.
Luc Abalo en larmes lors de sa cérémonie d'adieu, la semaine dernière.AFP
"J'aime bien vivre au jour le jour et c'était compliqué pour moi de dire "j'arrête"", admet Luc Abalo, ex-cadre de l'équipe de France de handball, revenant sur sa longue carrière, la récente annonce de sa retraite et ses projets lors d'un entretien à l'AFP.

L'ailier droit aux 289 sélections en Bleu, l'un des piliers de la génération des "Experts", réfléchissait déjà à arrêter avant les JO 2020 à Tokyo, reportés d'un an à cause de la pandémie, où il a remporté le troisième titre olympique de sa carrière.

C'est un peu par hasard qu'il s'était retrouvé en novembre 2021 au Japon, un pays qui l'attire depuis toujours, pour rejoindre le jeune et ambitieux club du Zeekstar Tokyo, avec lequel il a rempilé pour une deuxième saison et visera le titre de champion de la ligue locale lors des play-offs mi-mars. Avant de définitivement raccrocher.

"Mon but, c'est de leur donner ce grain de folie qui va leur permettre de croire à la victoire", résume cet artiste du ballon de 38 ans, déjà tourné vers "l'après".

Ses buts atypiques et souvent spectaculaires réjouissent ses coéquipiers et son coach nippons, et Abalo aimerait continuer à conseiller le hand japonais "pour qu'il soit suivi à l'étranger parce que c'est un handball super intéressant".

"Œufs dans plusieurs paniers"

Le Japon, "Lucho" l'a finalement peu visité, occupé par son club et la préparation de sa deuxième carrière, notamment en suivant une formation en ligne, glissant que "l'après handball, ça fait peur".

"Je mets mes œufs dans plusieurs paniers", sourit-il. "Avant même de faire du handball je me suis intéressé au dessin et à la peinture, ça va être la première voie."

"Ensuite, la photo, parce que j'adore, c'est lié au monde de l'art", raconte celui qui a monté un studio photo avant la pandémie. La mode aussi, pour développer sa marque L.A.N. - comme Luc Abalo Nineteen, le 19 étant son numéro de maillot en Bleu.

"Et après c'est un peu plus secret. J'ai un projet autour du handball mais je ne peux pas trop en parler."

Revenant sur sa longue et prolifique carrière avec les Bleus - 859 buts, trois titres olympiques, trois de champion du monde et trois d'Europe - Luc Abalo dit modestement avoir "eu la chance de tomber sur cette génération de super joueurs mais de super individus aussi".

Parmi tous les souvenirs de compétitions, "les moments les plus marquants sont ceux qui ont été les plus difficiles. Ils m'ont beaucoup travaillé".

"Quand on gagnait je passais vite à autre chose, mais quand on perdait ça me travaillait pendant longtemps", se souvient-il, évoquant aussi des "prises de tête" entre joueurs et encadrement.

Mais au final, "c'est à toi d'être meilleur". "Ces choses-là, je suis content de les avoir vécues et j'espère qu'elles me serviront après."

"Il fallait que je représente"

Il explique avoir puisé sa verve sur le terrain dans les encouragements du public : "Quand les gens te font des compliments, ça te donne une de ces forces."

"J'ai été le premier joueur noir de banlieue à évoluer en équipe de France", raconte le natif d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), également son club formateur avec qui il a remporté le championnat en 2007.

"La chance que j'ai eue, c'est que les mecs de cité avec qui j'ai grandi, quand je les croisais, me disaient : Luc, on te suit, t'es notre fierté."

"Quand j'arrivais sur les compet', je me disais "il faut que je sois bon pour eux". Il fallait vraiment que je représente."

Il dit avoir peu de regrets sinon que "des fois, je me prenais la tête pour des choses qui n'en valaient pas la peine. C'est ça ma faiblesse, je pense que j'étais un peu trop émotif".

"Le handball m'a appris à vivre avec les gens, à ouvrir ma vision sur le monde très tôt, et le dépassement de soi, la remise en question, quand tu perds, quand t'es pas bon, quand on te crie dessus."

Quoi qu'il arrive, Luc Abalo voit désormais son avenir en France, où il a hâte de retrouver "la famille et les amis. Je me suis rendu compte ici, quand j'étais isolé, que c'est le plus important".

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