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Capitaine du Barça champion d'Europe en 2010, Roger Grimau est-il le bon coach pour regagner l'Euroligue ?

François Miguel Boudet
Roger Grimau au côté de Willy Hernangomez et Tomas Satoransky.
Roger Grimau au côté de Willy Hernangomez et Tomas Satoransky.AFP
Le FC Barcelone a connu des changements cet été après avoir participé aux trois derniers Final 4 d'Euroligue. Dans l'ombre du Real Madrid, le club blaugrana terminera au moins sur le podium au terme de la phase aller. Mais le champion d'Espagne en titre aura-t-il les capacités de réussir là où il n'a plus réussi depuis 2010 ?

C'était à Bercy, à une époque où le palais omnisports de Paris ne portait pas encore un naming. En 2010, le FC Barcelone remportait sa deuxième Euroligue au terme d'une finale menée de bout en bout contre l'Olympiakos de Theodoros Papaloukas, Milos Teodosic et Josh Childress (86-68). À 30 ans, Juan Carlos Navarro touchait le Graal avec Ricky Rubio, d'une décennie son cadet. S'il n'a pas inscrit le moindre point en 10'19 sur le parquet (2 rebonds, 2 passes), Roger Grimau était le capitaine de cette équipe et fait aujourd'hui figure de trait d'union entre ces deux époques. 

Mauvaise dynamique en Liga

Celui qui fut coach de la JAC Sants en 4ᵉ division espagnole de 2016 à 2023 est, depuis cet été, l'entraîneur principal du Barça. Après trois saisons, Sarunas Jasikevicius, symbole de l'équipe blaugrana championne d'Europe en 2003, a été remercié, notamment pour alléger la masse salariale qui compte, pour LaLiga, dans la détermination du salary cap de la section football masculin, le porte-étendard du FCB. Sans expérience, Grimau effectue des débuts satisfaisants, mais pas marquants. En championnat, le Barça est 3ᵉ (10-5, ex aequo avec Valencia, 4ᵉ), derrière Unicaja Málaga (12-3) et l'inaccessible Real Madrid (14-1) qui plane aussi en Euroligue (15-1). 

Décembre a été difficile : après une victoire au Palau Blaugrana contre une ASVEL accrocheuse (101-92), le Barça a perdu sur le parquet de la Virtus (80-75), s'est repris à domicile contre Fenerbahçe (89-81) avant de subir deux défaites contre deux mauvais élèves : Milan pourtant privé de Nikola Mirotic à Barcelone (90-86) et l'Alba à Berlin (74-70). Avant Noël, le succès en Lituanie contre le Zalgiris Kaunas (85-80) a stoppé la mauvaise séquence. La dynamique a aussi concerné la Liga ACB avec une victoire contre Granada (80-69) suivie de deux défaites contre Zaragoza (101-99) puis Manresa (82-83), et d'un succès net contre Baskonia (82-62). Le duel au sommet contre Unicaja mercredi à Málaga a rappelé les difficultés catalanes actuelles : les Andalous ont conforté leur 2ᵉ place au classement en l'emportant (91-71). Valencia pourrait donc passer 3ᵉ (encore faudra-t-il battre le Real Madrid au WiZink Center…), tandis que l'UCAM Murcia et Gran Canaria pourraient revenir à égalité. 

Finir fort pour sourire à la chance

Le 24 décembre dernier, dans la revue officielle du club, Grimau n'a pas semblé inquiet outre mesure quant à l'état de forme de son équipe : "il y a encore du chemin à parcourir. Je ne sais pas si ce serait bien si nous étions maintenant à 100 %. Il me semble que l'équipe est comme elle devrait être, je suis satisfait de la ligne dans laquelle nous sommes. Nous avons déjà des mécanismes en place. Mais nous en voulons toujours plus".

Inévitablement, son CV très léger d'entraîneur pourrait devenir un handicap, même s'il a côtoyé le gratin du coaching quand il était joueur, même quand il était proche de raccrocher : "j'ai toujours dit que lors de ma dernière année en tant que joueur, à Manresa, l'expérience de travailler avec Pedro Martínez (vainqueur de la Coupe Korac avec Badalone en 1990, champion d'Espagne avec Valencia en 2017 et 1000 matches dirigés en Liga ACB en janvier prochain, ndlr) m'a beaucoup influencé. J'avais 37 ans, je pensais tout savoir et j'ai beaucoup appris. Cette expérience m'a éclairé". 

Ancien coéquipier de l'équipe championne d'Europe, assistant coach des Nuggets et sélectionneur du Sénégal, Boniface Ndong n'a pas trop de doutes sur les aptitudes de Grimau pour imposer son style. "Cela me fait très plaisir de voir qu’il a pris les commandes de l’équipe, a-t-il déclaré dans les colonnes de Mundo Deportivo. D’abord grâce de sa capacité de leadership, parce qu’il était capitaine d’une équipe compliquée. Je dis toujours que, dans cette équipe, il y avait des personnages très difficiles, des bons et des mauvais, et l'avoir comme capitaine assurait l'équilibre entre des joueurs compétitifs. Je suis sûr qu'il finira par être un excellent entraîneur".

Si Mirotic est parti, le Barça s'est renforcé avec Willy Hernangomez, MVP du Mondial 2022, et Jabari Parker. Une période d'adaptation est nécessaire pour deux joueurs habitués depuis de nombreuses années au jeu NBA. Néanmoins, les résultats du moment sont loin des standards espérés. Est-ce encore trop tôt pour juger Grimau qui réaliserait un exploit majuscule en remportant l'Euroligue comme entraîneur ? "C'est une compétition tellement compétitive, tu n'as jamais de garanties, affirme Ndong. Pendant plusieurs années, le Barça a probablement eu l'une des meilleures équipes d'Europe, avec des coaches très expérimentés. Mais il faut de la chance, que les choses arrivent au bon moment, parce que cela se passe sur un match". 

La patience doit devenir l'alliée de Grimau. Le Barça est en dessous des attentes, mais la saison n'en est qu'à sa moitié. Finir fort est donc le leitmotiv du moment, même si le retard accumulé est difficilement rattrapable, surtout quand le rival numéro 1 s'appelle le Real Madrid.

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