Celentano, un symbole de la musique italienne intimement lié à l'Inter
Excusez-moi ? Qu'y a-t-il ?
Où allez vous ? Pourquoi ?
Oh, jolie brune !
Si je ne me trompe pas, vous avex vu Inter-Milan avec moi
Mais comment peut-elle ne pas se souvenir ?
Nous étions cent mille
Au stade ce jour-là
Moi de I'Inter
Vous de Milan
Oh, jolie brune
Dans "Eravamo in 100.000", Adriano Celentano évoque deux de ses plus grandes passions : les femmes et le football. Et plus précisément l'Inter. D'une famille originaire des Pouilles, "il Molleggiato" (l'homme monté sur ressorts") est né à Milan en 1938 et la capitale lombarde a toujours joué un grand rôle dans ses chansons, notamment "il ragazzo della via Gluck" (le gamin de la rue Gluck) qui rend hommage au quartier de la gare Milan-Centrale, qui n'était pas exactement le quartier général de la Fashion Week au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale.
En duo avec Moratti pour le centenaire du club
La date de composition d'"Eravamo in 100.000" ramène à une décennie glorieuse pour les Nerazzurri. En 1967, l'Inter a vécu ses meilleures années : 3 Scudetti en 1963, 1965 et 1966 et surtout deux Coupes d'Europe des clubs champions avec, à sa tête le Franco-Argentin Helenio Herrera, l'entraîneur ultra-offensif de l'Atlético de Madrid devenu l'architecte du catenaccio qui fait encore la joie des meilleurs manieurs de stéréotypes du football italien.
La relation entre l'Inter et Adriano Celentano n'est pas du même acabit que Johnny Halliday qui confondait Zazie et Zizou et qui a commis le formidable jus de navet "Tous ensemble" avant le Mondial 2002 qui aurait dû alerter tout le monde sur la faillite des Bleus en Corée du sud.
Pour le centenaire du club en 2008, "l'Urlatore" est invité aux agapes et invite Massimo Moratti à pousser la chansonnette au milieu de la pelouse. "Chanter avec Celentano, c'est jouer avec Pelé", savoure le mythique président. "Nous avons assisté à un duo historique, quel cadeau magnifique", s'amuse ensuite le speaker, qui a eu la mansuétude de ne pas souligner le significatif manque d'oreille musicale de son patron.
L'histoire tourmenée de "Pazza Inter"
Le nom de Celentano est accolé a celui de l'Inter. Rosita, l'une des filles du "Mito", a produit "Pazza Inter", l'hymne du club depuis 2003. "Un jour, mon père m'a dit : "l'Inter, c'est comme une belle femme qui te fait souffrir et il te faut la conquérir à chaque fois". Alors j'ai compris ce que signifie être Nerazzurra" : dans une interview accordée à la Gazzetta dello Sport en novembre 2014, elle expliquait la génèse de cette chanson. "J'ai choisi une chanson joyeuse et enthousiaste, expliquait-elle sur Facebook en 2019 alors que le club changeait d'hymne. J'ai demandé aux auteurs de s'identifier à l'équipe et aux supporters et surtout nous sommes partis d'une demande précise du président Massimo Moratti : "Utilisez les mots Pazza Inter et Amala, car ils racontent ce que ressent un supporter de l'Inter"".
L'idylle a fait long feu : en 2012, pour une histoire de droits d'auteur, la chanson n'est plus diffusée à Giuseppe-Meazza pendant 2 ans. "Je suis vraiment désolée que les dirigeants de l'Inter répandent de fausses nouvelles concernant mes hypothétiques demandes économiques inappropriées, s'offusquait-elle à l'époque . Ce que je demande depuis 2003, c'est le paiement des dispositions de la loi et de l'exploitation publicitaire non autorisée. Tout comme l'Inter m'a demandé de payer les droits d'utilisation de son logo et l'hologramme. Je suis tout d'abord surprise et désolée de la décision soudaine de l'Inter de remplacer "Pazza Inter" par l'ancien hymne en raison de problèmes économiques normaux et actuels, sans même tenir compte des préférences des fans".
Une version du titre est enregistrée par des membres de l'effectif, à commencer par le capitaine Javier Zanetti. "Elle donne au footballeur l'impression d'être un fan, et le fan un footballeur, expliquait-elle en 2019. Pazza Inter, en plus d'être un hymne, est l'énergie sonore de l'Inter".
Quand Eros chambre Adriano
Petite question : que font deux monstres sacrés de la chanson italienne quand il partage un duo ? Ils se chambrent sur le football évidemment ! Adriano Celentano et Eros Ramazzotti, c'est le derby d'Italia entre l'Intériste et le Juventino. En 2005, pour le show Rockpolitik dans les arènes de Vérone, Eros charrie Adriano sur le titre de la Juve et assure que les Bianconeri vont encore "châtier" les Nerazzurri.
On ne sait pas si les deux hommes se sont revus ensuite, mais le Calciopoli a privé la Vecchia Signora du Scudetto juste avant sa rétrogradation administrative. Cela a coïncidé avec le retour sur le devant de la scène domestique puis européenne de l'Inter. Et ce samedi, la "Beneamata" remportera peut-être une Coupe d'Europe après laquelle court la Juventus depuis 1996.
Se andiamo avanti così
Chissà
Come si farà
Chissà, chissà
Come si farà
