Chalureau condamné pour agression mais le caractère raciste finalement non retenu
Le colosse de 2,03 pour 118 kg était accusé d'avoir agressé, dans la nuit du 30 au 31 janvier 2020 dans le centre de Toulouse, deux anciens joueurs de rugby, avec la circonstance aggravante que ces violences avaient un caractère raciste.
Mardi, la cour d'appel de Toulouse a confirmé la condamnation prononcée en première instance contre Chalureau pour violences à six mois d'emprisonnement avec sursis mais l'a aussi infirmée en ne retenant finalement pas le caractère raciste.
"L'honneur de Bastien Chalureau est lavé", a estimé son avocat, Me David Mendel, en l'absence du joueur.
Il n'est "pas fier des violences qu'il a commises mais ce n'est pas un raciste", a déclaré Me Mendel, "extrêmement satisfait" de voir "que le dossier a été respecté et que Bastien Chalureau a été relaxé de cette infamante circonstance aggravante qui lui était reprochée".
Selon les deux plaignants, l'ancien centre ou ailier d'Agen et de Colomiers Yannick Larguet et le demi de mélée ou d'ouverture franco-marocain Nassim Arif, Bastien Chalureau s'en serait pris à eux en les traitant de "bougnoules", ce qu'a nié Chalureau.
Bénéfice du doute
"Quand je lis qu'il affirme que les victimes mentent et quand j'entends que cette histoire, ce n'est rien d'autre qu'une bagarre, qu'une altercation (...) entre les lignes, ça veut dire que c'était une bagarre de nuit, entre des rugbymen ivres. Ce n'est pas la vérité", avait déclaré en novembre Larguet au quotidien L'Equipe.
"Le coup m'a fait mal mais il me fait cent fois moins mal que l'insulte... Je venais de perdre ma mère, ma mère noire... Je me suis dit: 'Tu ne peux pas laisser passer ça', pensant également au futur de mes enfants", avait-il ajouté.
"Je n'ai jamais eu un propos déplacé envers quiconque", avait déclaré Chalureau à la barre lors de l'audience d'appel le 14 novembre, l'avocat général retenant l'agression raciste pour requérir une peine de huit mois d'emprisonnement avec sursis.
"La cour d'appel (...) n'a pas retenu, au bénéfice du doute, le caractère raciste de l'agression alors même que le tribunal correctionnel avait considéré qu'il y avait assez d'éléments au dossier", a relevé dans un message à l'AFP l'avocat des victimes, Me Laurent Sabounji.
"Cela ne signifie pas que M. Chalureau n'a pas prononcé ces mots, mais simplement que, dans notre système judiciaire, le doute profite à la personne mise en cause", a-t-il ajouté.
Larmes aux yeux
"Aujourd'hui, je suis satisfait pour ce sportif qui, au moment où je m'exprime (mardi après-midi, ndlr), est à l'entraînement, va continuer à s'entraîner et va continuer à progresser comme il l'a toujours fait depuis plusieurs années", a de son côté souligné Me Mendel.
Champion de France 2022 avec Montpellier, le deuxième ligne formé à Toulouse qui avait fait ses débuts professionnels avec Perpignan en 2014, compte sept sélections en équipe de France, dont une contre l'Uruguay durant la dernière Coupe du monde, compétition pour laquelle il avait été appelé afin de pallier la blessure de Paul Willemse.
Ses démêlés judiciaires avaient resurgi peu avant le début du tournoi. Et à quelques jours du match d'ouverture du Mondial 2023 face aux All Blacks, le joueur avait réfuté, les larmes aux yeux lors d'une conférence de presse, les accusations de racisme qui le visaient.
Le président de la République Emmanuel Macron s'était exprimé sur le dossier, estimant qu'en cas de confirmation en appel du jugement, il "serait préférable" qu'il ne porte plus le maillot de l'équipe de France.