Clásico : Lex-Araújo est-il la kryptonite de Super-Vini ?
Cette saison, Vinicius Jr a un peu perdu ce sourire qui le caractérisait. Ses dribbles chaloupés, ses buts et ses célébrations ont exaspéré certains spectateurs en manque de neurones qui lui ont adressé des insultes racistes. Parfois, le Brésilien chambre ses adversaires, ce qui est moyennement apprécié, y compris en interne au Real Madrid. Pas de quoi motiver une telle déferlante de haine pour autant. Mais lorsque le match est à la hauteur de l'enjeu, "Vini" se concentre et évite la provoc'.
Réduire l'influence par de l'impact physique
C'est le cas lorsqu'il affronte Ronald Araújo. Depuis que Xavi Hernández a décidé de recentrer Jules Koundé pour décaler le Charrua, Vinicius éprouve de grandes difficultés à déborder et à influer sur le jeu du Real Madrid comme c'est le cas habituellement. Cette saison, le club merengue l'a emporté en championnat à l'aller (3-1), précisément quand Araújo était blessé et qu'il a été suppléé par Sergi Roberto. Gabarit, vitesse, rigueur de placement : le vice-capitaine blaugrana a assurément du coeur mais cela ne peut pas suffire face à un tel crack.
En finale de SuperCopa remportée 3-1 par le Barça, le Madridista a été harcelé par Araújo qui a certes commis 4 fautes mais aussi été saillant au duel. Sur 19 duels disputés par Vinicius, le Brésilien n'en a remporté que 8 et réussi seulement 2 dribbles sur 5 tentés. De quoi rendre son bilan face aux cages faméliques : aucun tir et aucune passe clef. L'un comme l'autre ont beaucoup taclé (3 chacun), ce qui démontre aussi que Vinicius a été contraint à un travail défensif conséquent en raison de la qualité de relance de l'Uruguayen et de la domination barcelonaise au milieu. Plus accaparé par certaines taches, l'ailier gauche a perdu de l'énergie pour attaquer le dernier tiers de terrain.
En Copa del Rey, dans un match inattendu avec un FC Barcelone très bas sur la pelouse, Vinicius a remporté 9 duels sur 16, réussi 3 dribbles sur 5 pour seulement 2 tirs, soit hors cadre, soit contré. Un rendement minimum, bien loin des standards malgré 3 passes clefs.
En conférence de presse samedi, Xavi a évoqué les performances globales d'Araújo et valorisé ses efforts au quotidien : "Ronald est très fort, rapide, il anticipe bien. C'est une force physique. C'est un leader, il gagne les duels agressifs. C'est un défenseur de dimension mondiale, parmi les meilleurs du monde. L'avoir est un avantage. L'amélioration de Ronald, c'est avec beaucoup de vidéo. Nos entraînements se fondent sur la prise de décision. Au début, ça lui coûtait mais il a progressé en très peu de temps".
Mettre un central au marquage, la meilleure solution ?
Dès lors, ce qui semblait être un simple coup de Xavi pour limiter l'influence de l'accélérateur de particules tendrait à devenir un standard. Pour ce 4e Clásico de la saison, le premier du "Pelopo" au Camp Nou en tant qu'entraîneur, la surprise serait de voir une défense "classique", avec une charnière Ronald Araújo-Andreas Christensen et Jules Koundé à droite. Car en définitive, il semble que le Charrua soit la kryptonite de Super-Vini. Imposant physiquement, tranchant dans ses interventions, Araújo propose un haut niveau défensif, tout en conservant sa concentration et sans dépasser la limite. Un duel aussi viril que correct et qui mobilise toutes les facultés de Vinicius.
En l'espèce, le Brésilien a l'air d'apprécier modérement la rugosité des centraux. En 1/8 de finale retour de Ligue des Champions mercredi soir contre Liverpool (1-0), le retour de blessure d'Ibrahima Konaté a donné un aperçu de ce qu'aurait pu être cette affrontement s'il avait été disponible. À Bernabéu, la musique a été différente de celle d'Anfield où Joe Gomez a été submergé de bout en bout. L'international français n'a pas eu d'autre choix que de sortir de l'axe pour seconder Trent Alexander-Arnold, né sous le signe des portes de saloon et nutriscore D quand il s'agit de défendre. Cela a grandement réduit le champ d'action de Vinicius malgré 4 passes clefs : 7 duels gagnés sur 16, 18 pertes de balle, 5 dribbles réussis sur 10. Un bilan à relativiser par rapport à la marge de trois buts acquise à l'aller.
Néanmoins, il semble que, pour l'heure, Vinicius éprouve des difficultés à s'extirper des griffes de joueurs robustes et rapides. Exister face à de tels profils est le principal axe de progression du Brésilien, mais cela ne peut s'accompagner que d'un ajustement tactique de la part de Carlo Ancelotti pour apporter davantage de diversité dans les appels et les soutiens à gauche. Sans ce travail collectif, le virevoltant numéro 20 merengue éprouvera les mêmes complications et cela pourrait aussi donner des idées aux prochains adversaires du Real Madrid, à commencer par Chelsea en Ligue des Champions.