Comment le Real Madrid doit utiliser tactiquement Eduardo Camavinga à l'Etihad Stadium
Pour MARCA, c'est un 7/10, soulignant le "match gigantesque" réalisé grâce l'"énergie" et l'"intensité" dans les phases de transition. L'Équipe a été plus loin, lui mettant un 8/10 et affirmant qu'il avait "rayonné" : "Eduardo Camavinga a rendu une excellente copie, magnifiée par son intensité et sa combativité. L'ancien Rennais a inlassablement gratté des ballons dans l'entrejeu (6 au total), tout en apportant sa puissance dans ses projections."
Primordial, une fois le ballon récupéré, Camavinga enclenchait avec facilité – comme à son habitude – les transitions soit par un dribble, une accélération ou une passe vers l'avant, permettant à son équipe de casser aisément la ligne de pression adverse. Une réalité qui a d'ailleurs permis aux Madrilènes d'égaliser, lui qui pensait jusqu'à la pause qu'il avait marqué son premier but en Ligue des champions. Néanmoins, lorsque l'on s'attarde sur certaines actions clés du match côté Manchester City, on se rend compte que le Français n'a pas été si sacré que cela, et ce, sur l'aspect défensif. Effectivement, à l'arrivée, le Français récupère six ballons. Mais il a aussi perdu la moitié de ses duels (6/12), contre 6 sur 8 remportés de l'autre côté par Rodri.
Si son rayonnement a été incontestable offensivement, une faille dans son jeu l'a rendu vulnérable : celle de ne pas encore avoir les codes du parfait numéro 6. Car mardi dernier, pour les biens de son équipe, Eduardo Camavinga devait être la sentinelle qu'est un Aurélien Tchouaméni chaque week-end, ou que l'a été durant plusieurs saisons un Casemiro. L'équilibre du Real Madrid passait par lui et face à Manchester City, ça compte. En dernier lieu, ça fait trois buts encaissés à domicile, dont un ou deux qui auraient pu être évités.
Trop attiré par le ballon ?
S'il y a bien une chose qu'un numéro 6 doit savoir faire, c'est d'éviter d'être attiré par le ballon. Logique, il est celui qui doit couvrir une zone clé et très particulière : l'axe des 20 aux 40 mètres de son camp. Si votre milieu défensif se comporte comme un aimant vers ballon, qu'il dézonne, par exemple, vers la droite, car celui-ci se trouve sur le côté droit, il rompt alors l'équilibre de son équipe, oubliant le marquage de sa zone.
Les matches de Ligue de champions, encore une plus un Real-City, se jouent sur des détails. Et cela s'est vu au Santiago Bernabéu. En quoi le milieu de terrain est fautif sur le premier but des Citizens ? Car son pressing au départ de l'action est trop précipité.
Au départ de l'action, l'ancien Rennais est beaucoup trop haut. Son positionnement est un cran au-dessus de Toni Kroos, qui est censé être sur la même ligne que lui, et de Dani Carvajal, le latéral droit. Manque d'expérience ou mauvais jugement d'anticipation ? Quoi qu'il en soit, Camavinga est attiré par le ballon avant de couvrir sa zone. En une passe, Jack Grealish se retrouve face au jeu aux 50 mètres, seul et avec la première ligne de pression rompue.
Le retour de Camavinga est alors beaucoup trop léger face à un joueur qui a une telle protection de balle. Résultat : cela oblige au défenseur central de s'interposer pour casser une action dangereuse, provoquant un bon coup franc pour l'adversaire et un carton jaune à Tchouaméni, crucial pour la double confrontation, car cela le prive du match retour à l'Etihad.
La suite, on la connaît. La frappe de Bernardo Silva fait la différence et trompe Lunin, tout aussi fautif. Derrière, d'autres faits de jeu ont montré la lacune de Camavinga. Un problème puisque plusieurs fois Manchester City, en deux-trois passes, a réussi à se libérer de son marquage et s'est procuré un tir ou s'est retrouvé en bonne position de tir.
Enfin, son positionnement sur le but de Phil Foden pose également une question. Certains pointent du doigt la laxisme de Toni Kroos sur l'action, qui aurait dû être au marquage du porteur John Stones. Dans les faits, c'est Camavinga qui fait face au défenseur de City, laissant le jeune milieu de terrain anglais libre de tout marquage plein axe. Côté Madrid, l'Allemand peut paraitre fautif, tout comme Rodrygo et Vinicius Jr. qui auraient dû venir aider leurs coéquipiers à presser Stones. Néanmoins, c'est bel et bien le natif de Miconje qui ne couvre pas sa zone, car au départ, il est attiré par le ballon qui est vers le côté gauche. Toni Kroos, lui, a coulissé et, grâce à son positionnement, gêne une potentielle trajectoire de passe en profondeur pour Bernardo Silva.
Fede Valverde comme antidote ?
Pendant que Carlo Ancelotti se gratte la tête en réfléchissant à quelle stratégie adopter le jour-J, Davide Ancelotti, Francesco Mauri et Simone Montanaro, eux, règlent au détail près les petites failles rencontrées lors du match aller. Et nul doute que celle-ci a été repérée. La question pour le staff du Real Madrid est la suivante : comment utiliser toutes les qualités d'Eduardo Camavinga sans que ce dernier se soucie d'un quelconque repli défensif ? La réponse s'appelle Fede Valverde.
Titulaire sur le flanc droit du 4-2-3-1 à l'aller, l'Uruguayen devrait être réaxé pour le match retour, garantissant ainsi au Real Madrid un meilleur équilibre défensif. C'est un rôle qu'il a déjà fait par le passé, que ce soit les saisons précédentes, mais aussi l'actuelle. Lors du derby madrilène en Liga au Santiago Bernabéu, Valverde, qui s'était retrouvé dans le double pivot avec Toni Kroos, avait apporté un réel apport sur l'aspect défensif et sur le marquage d'Antoine Griezmann. Ce soir-là, Camavinga avait été positionné un cran au-dessus, justement dans l'objectif de pouvoir être le plus libre possible au moment d'enclencher une action.
Forcément, son repositionnement entraînerait celui d'autres joueurs et un changement tactique peut être à prévoir. Rodrygo devrait retrouver le côté droit de l'attaque et Vinicius Jr. sera repositionné bien plus à gauche, son flanc préférentiel. Pour Jude Bellingham, qui a été très peu vu offensivement à l'aller à cause de sa position plus basse qu'à l'habituel, c'est un cran au-dessus qu'il sera attendu.
La composition de départ sera-t-elle un 4-2-3-1 comme à l'aller ou un 4-2-2-2 ? À voir ce mercredi soir sur la feuille de match. Mais, en cours de jeu, celle-ci sera sûrement un hybride des deux. Les permutations vont s'enchaîner, tous seront appelés à faire les efforts défensifs nécessaires et tous devront presser haut quand le jeu le réclamera. Et c'est dans ce contexte que le Real Madrid s'attend à ce qu'Eduardo Camavinga soit tout aussi important que lors du match aller d'un point de vue offensif.