Contre l'imperturbable défense marocaine, quelle attaque pour l'Espagne ?
Avec 9 buts inscrits en 3 matches, l'Espagne fait partie des meilleures attaques du Mondial. Petit hic : après le carton contre le Costa Rica (7-0), la moyenne redecend à 1 but de moyenne. Contre l'Allemagne (1-1) puis le Japon (1-2), la Roja a eu la possession, des occasions mais a perdu le fil alors qu'elle dominait outrageusement. L'intensité du match contre la Nationalmannschaft a atténué la déception mais les 5 minutes de vide qui ont failli coûter une qualification pour les 1/8 de finale pourtant quasi acquise après l'ouverture du score d'Álvaro Morata (7e) ont servi d'avertissement sans frais pour Luis Enrique et ses joueurs.
Rocs du Maroc
En terminant 2e de son groupe, l'Espagne se retrouve face au Maroc, un match qui, outre l'aspect footballistique, revêt un enjeu géopolitique, les relations diplomatiques entre les deux pays étant très complexes.
Cette rivalité donnera un supplément d'âme aux Lions de l'Atlas qui font montre d'une robustesse en défense qui devient une marque de fabrique pour Walid Regragui. Contre le Canada, l'intervention de Zayef Aguerd qui a fini dans les filets de Yassine Bounou juste avant la mi-temps n'a eu aucune conséquence sur le qualification et a été un petit événement puisqu'il s'est agi du seul but encaissé par le Maroc depuis l'arrivée du nouveau sélectionneur sur le banc, en remplacement de Vahid Halilodzic, soit 6 matches.
Pour une Espagne souvent cataloguée comme incapable de tuer ses matches, le défi est à la mesure de l'enjeu. Comment prendre en défaut une arrière-garde complémentaire et, semble-t-il, insubmersible ?
Les bons choix de départ de Luis Enrique
Jusqu'à présent, le sélectionneur ne s'est pas trompé dans ses choix de départ. Face à des défenses plutôt lourdes, Luis Enrique a privilégié les profils vifs et rapides pour débuter la rencontre. Ainsi, contre le Costa Rica puis contre l'Allemagne, la Roja s'est présentée avec un faux 9 qui alterne tout au long de la rencontre. Dani Olmo, Marco Asensio et Ferran Torres bougent en fonction des circuits de passes, ce qui a tendance à perturber les défenseurs, toujours contraints de s'adapter aux caractéristiques de chacun, à commencer par le pied fort, sachant qu'Asensio est gaucher, Torres et Olmo droitiers.
Contre les Ticos, le plan de base a fonctionné et les remplacements ont alourdi la note. Contre l'Allemagne, après avoir usé la défense adverse avec des profils mobiles, l'Espagne a marqué très tôt après l'entrée de Morata, un profil plus traditionnel d'avant-centre, le seul de la Selección. Contre le Japon, la présence physique du Colchonero s'est imposée d'elle-même et elle a été payante d'emblée. Sans une alerte musculaire en cours de match, peut-être la Roja se serait-elle épargnée une fin de match au rupteur.
Morata, le facteur X ?
Avec Romain Saïss et Aguerd, 1.88m tous les deux, dans l'axe de la défense à 4, Morata, 1.89m, serait-il la meilleure option pour débuter ou pour terminer la rencontre, avec la possibilité de disputer une prolongation ?
La question est essentielle pour Luis Enrique. Morata vit une période faste avec 3 buts en 3 matches. Il est en plein confiance mais est-il le plus à même de débuter la rencontre contre une charnière qui sera fraîche ? En usant la défense marocaine par les courses, les appels et les permutations, les faux 9 pourraient préparer l'entrée de Morata comme "impact player". Accessoirement, ils pourraient trouver l'ouverture, comme ils en ont été capables, en dépit d'une constance pour rater le but du break. Après avoir reçu des avertissement pendant la phase de groupes et aussi une bonne bronca de Luis Enrique, l'attaque espagnole doit faire taire les critiques alors que tous les projecteurs sont braqués sur elle.