Contre "Zurdo" Ramírez, "Feroz" Goulamirian doit convaincre le public américain, au risque du déclassement
Arsen Goulamirian, c'est une carcasse. 1m86 pour 90 kg et un surnom qui annonce la couleur : Feroz. Dans le dédale que constituent les fédérations et les catégories de poids, il est super champion WBA des lourds-légers depuis 2019. Un titre conquis à Paris le 20 octobre 2019 contre l'Australien Kane Watts avec un KO à la 4e reprise. À 32 ans, l'avenir appartenait au Franco-Arménien. Or les choses ne sont pas passées comme prévu.
Seulement 2 défenses de titre depuis 2019
4 ans et demi plus tard, où en est Goulamirian ? Toujours invaincu (27-0) et détenteur de cette ceinture, il ne l'a cependant défendue que deux fois : le 28 décembre 2019 contre le Moldave Constantin Bejenaru (abandon à l'appel de la 9e reprise) puis le 19 novembre... 2022 contre le Russe Alexei Egorov. Depuis cette victoire aux points au Cannet, Feroz n'est plus reparu dans un ring.
La carrière de Goulamirian a surtout ressemblé à un mélange d'occasions et d'actes manqués, avec la contraction de la COVID-19 en 2021, un imbroglio entre son ancien promoteur Sébastien Acariès et Canal + et une fin unilatérale du contrat de promotion qui le liait à Yohan Zaoui et la société Y12. Des noms d'adversaires sont sortis mais aucun affrontement n'a eu lieu. Absent des rings depuis novembre 2022, Feroz n'apparaît plus dans les rankings de Boxrec.
Initialement, le Français aurait dû affronter son challenger officiel, le Cubain Yuniel Dorticos (37 ans, 1,91 m, 26 v., dont 24 avant la lim., 2 d.), mais il a demandé une dérogation à la WBA qui a accepté de la lui accorder. En d'autres termes, Goulamirian est obligé d'affronter Dorticos s'il bat Gilberto "Zurdo" Ramírez.
Ce combat est présenté comme celui de la dernière chance pour Feroz. C'est peut-être exagéré. Néanmoins, pour ses débuts aux États-Unis, qui plus est sous la houlette du Golden Boy Óscar de la Hoya, il a l'obligation de convaincre contre un adversaire de premier ordre classé nº1 de la catégorie des lourds-légers par Boxrec alors qu'il n'y a disputé qu'un seul combat (il est 10e pour Ring Magazine, 4 places derrière le Français). Pour y parvenir, il a retrouvé Abel Sánchez, prestigieux entraîneur sorti de sa retraite qu'il retrouve à Big Bear, haut lieu de la préparation pugilistique en Californie. Une bénédiction pour Goulamirian qui s'est entraîné notamment avec Don Charles, qui s'occupe aussi de Tony Yoka, mais dont l'enseignement ne l'a pas pleinement convaincu. "Ce n'est pas que ce n'était pas bien avec Charles mais ça n'avait rien à voir avec l'entraînement d'Abel, expliquait-il dans L'Equipe en octobre dernier. Je l'ai eu au téléphone et lui aussi m'a dit que ça lui manquait de ne plus entraîner. Alors, Abel a décidé de revenir pour quatre combats. Après, nous prendrons tous notre retraite ! J'aimerais faire trois combats en lourds-légers et un dernier en poids lourds".
Un champion dans la peau du challenger ?
Battu par Dmitry Bivol pour le titre mondial WBA des mi-lourds en novembre 2022, "Zurdo" Ramírez (32 ans, 45-1) est co-entraîné par Malik Scott, un ancien poids lourd proche de Deontay Wilder (qui l'avait assommé en un seul coup en 2014) et qui a déjà sparré avec Goulamirian. Il connaît donc bien le style du Français et son lien avec Sanchez. "Il est peut-être unidimensionnel, mais ça lui va, a-t-il estimé dans Ring Magazine. Ils n’essaient pas de faire trop d’ajustements. Les styles font les combats et je pense que quelqu'un avec son style est parfait pour Ramirez".
L'homme aux 42 combats professionels a précisé son opinion en comparant Feroz au dernier adversaire de son poulain : "je crois que ce sera sa meilleure performance en carrière de Zurdo. On dit que le combat contre Joe Smith a été son meilleur. Je pense que Smith est meilleur à certains égards qu'Arsen. S’ils s'affrontaient, je choisirais Smith. Il a plus d'activité qu’Arsen, il a plus de vitesse, il est un peu plus rapide pour réduire la distance. Zurdo a plutôt bien géré la pression de Smith".
Un Mexicain face à un Français rompu à l'exercice du "Mexican style" dispensé par un maître en la matière : tout est réuni pour assister à un combat spectaculaire qui plaise aux fans. Or même champion du monde, Goulamirian ne semble pas partir favori et avance dans l'inconnu. S'il trouve son chemin, il changera de dimension dans une catégorie sous-médiatisée qui a besoin d'un leader, au même titre que la boxe masculine professionnelle en France.